Kalidou Sow : "Le kiff est total"
Eté chargé pour Kalidou Sow. Avant d'arriver à Barcelone pour tenter le doublé European Poker Tour, le Français a bourlingué tout autour de la planète. De Las Vegas à Londres en passant par Gujan-Mestras, le Team Pro PokerStars nous raconte sa vie de joueur sponsorisé. Les yeux grands ouverts et avec la conviction que le meilleur est à venir !
Salut Kalidou, merci de nous accorder un peu de temps. Cinq places payées à Las Vegas avec le Main Event WSOP (915e pour 17,135$) et une demi-finale sur l'Event #44 WSOP... quel bilan fais-tu de ton premier Las Vegas en tant que joueur sponsorisé ?
Kalidou Sow : C'était mon quatrième ou 5e Vegas et mon premier ITM sur le Main Event. Je suis content mais un peu déçu. J'ai débuté le Jour 4 du Main Event avec 30 blindes (les joueurs étaient déjà dans l'argent, ndlr), j'avais un stack pour avancer un peu plus, je n'ai tenu que deux-trois heures après deux-trois coups qui ne se sont pas biens combinés...
Cette place payée sur le Main Event, c'était l'objectif minimum, je suis ambitieux et j'avais de plus gros objectifs... C'est donc un Vegas mitigé. Je suis pas spécialement content au niveau du poker. Je peux mieux faire et j'espère faire mieux l'an prochain.
A ton sens, qu'est ce qui t'as manqué pour faire mieux ?
J'ai pas eu de réussite, les cartes étaient pas de mon côté. J'étais très content de mon jeu et globalement les flips sont pas passés, les 70-30 se sont retournés contre moi... quand ça se passe comme ça tu peux pas forcer le destin.
C'est une destination que te fais encore rêver ?
Las Vegas c'est notre Disneyland à nous, je me souviens encore de ma première visite en 2013! C'était pas un aboutissement mais à l'époque tout le monde en parlait comme d'un endroit extraordinaire. C'était encore mieux que ce que décrivaient ceux qui y avaient déjà été... tous les jours des tournois, à n'importe quelle heure, à n'importe quel droit d'entrée. Las Vegas c'est la Mecque du jeu. J'étais partie avec des potes du cash-game des cercles parisiens, je m'en rappelle il y avait Ben Souriau qui vient de faire une très belle perf' (99e du Main Event pour près de 70.000$, ndlr), plein de joueurs tous dans le même avion, c'était la colo. Je n'avais pas fait grand chose mais au moins une place payée. Le drapeau et les souvenirs même si j'étais rentré avec les poches vides.
"Lex (Veldhuis), Fintan (Hand), (André) Akkari, ce sont des gens qui partagent. [...] c'est vraiment une petite famille
Tu savais que tu allais y retourner ? T'avais déjà identifié un peu mieux la spécificité de l'endroit ?
Totalement. C'était sur que j'allais revenir, une évidence (...) Petit à petit effectivement j'ai compris comment cela se passait, Las Vegas est complètement différent. Pour nous Européens et plus particulièrement les Français, le field est très différent, un peu moins relevé donc c'est le top de venir, c'est extraordinaire avec les récréatifs et le style américain. Il y a de très bons joueurs mais la moyenne des joueurs est moins forte que ceux qui viennent jusqu'à Las Vegas. Les joueurs américains moins expérimentés restent plus prévisibles que ceux que tu croisent à la maison. Tu arrives à les situer, ils ont un jeu plus standard et lisible... même si il faut avoir de la réussite aussi pour en profiter.
Tu es resté combien de jours là-bas pour l'été 2019 ?
25 jours. C'était un peu long, d'habitude je pars trois semaines. Quatre jours ça peut faire la différence là-bas, j'étais pressé de retrouver mes proches...
Ca change quoi de représenter PokerStars quand on va à Las Vegas ?
J'ai du faire quelques trucs pour les médias mais être un joueur sponsorisé n'a pas bouleversé le planning plus que ça. Le logo nous permet surtout d'avoir accès à un super groupe What's App où il y a beaucoup d'activité. Il y a des messages tous les jours et si j'ai besoin d'un conseil ou d'un avis je peux demander à un autre joueur. Je suis agréablement surpris car je m'attendais à beaucoup d'individualisme mais même s'il y a la barrière de la langue parfois, c'est franchement enrichissant. Lex (Veldhuis), Fintan (Hand), (André) Akkari, ce sont des gens qui partagent. Nous ne sommes pas dans notre bulle, c'est vraiment une petite famille.
Daniel Negreanu t'avais envoyé un petit message pour ton arrivée dans le Team PokerStars, vous-vous êtes croisés puisqu'il n'est plus sponsorisé... C'est un regret ?
C'est une figure du poker donc oui c'est un petit regret. Le jour de son départ je lui ai envoyé un petit message comme quoi je pourrais dire à mes enfants qu'on a été dans la même équipe. C'est dommage, ça aurait été extraordinaire de le côtoyer un peu plus et que Negreanu me donne quelques petits trucs. Quelle personnalité, ce qu'il dégage... il a aussi encore de la fraîcheur après tellement d'années, c'est un exemple. Il fait partie des gens qui sont des modèles.
En parlant de conseils et de Las Vegas, tu donnerais quoi comme tips aux joueurs qui ambitionnent d'y faire un séjour poker ?
Pour passer un bon Vegas, il faut faire attention à sa bankroll. C'est très facile de se brûler les ailes là bas. Ensuite, je pense qu'être en villa est un avantage car tu peux couper. Le bruit des machines à sous, l'animation, la tentation, la fatigue... là tu peux déconnecter réellement.
Mon hôtel favori c'est le Bellagio mais la prochaine fois je change car j'ai pas fait grand chose côté poker. J'ai adoré leur Japonais, le Yellowtail c'était tous les jours ou presque. La première année j'avais été au Encore qui est plus un hôtel de vacances, pour les pool-party... next time ca sera en villa pour le karma.
"Las Vegas c'est la Mecque du jeu (...) Notre DisneyLand à nous"
Pour finir, je dirais avoir un programme défini et s'y tenir donc se préparer un programme. Le groupe de gars avec qui vous partez est aussi vital. Ces ingrédients participent à faire de Vegas un bon Vegas. Partir avec des gens avec qui tu es en confiance et qui te connaissent, ça peut faire la différence.
Quel conseil tu te donnerais pour la prochaine visite à Sin City?
Le petit truc que je dois changer c'est d'arriver à faire autre chose que le poker. C'est horrible de ne pas profiter, j'ai un peu honte d'ailleurs... Cette année, je voulais couper avant le Main à Los Angeles et je n'ai pas décroché. J'ai du mal, je suis très poker-poker-poker. La passion est toujours puissante après plus d'une décade de poker.
Au final, après 5 voyages j'ai pas encore fait de grandes sorties comme le Grand Canyon et il y aussi des spectacles pour tous les goûts. C'est important donc je me conseillerais d'aller à un show comme The One sur Michaël Jackson ou de la magie avec Copperfield, c'est incroyable cette concentration donc il faut en profiter au lieu de saturer.
Les voyages, la liberté de construire un programme et d'avoir du temps, c'est ce qui te fais avancer ? Tu joues beaucoup en Live, comment fais-tu pour conserver de la fraîcheur.
Je ne sais pas combien de jours j'ai passé sur la route cette dernière année, je préfère pas savoir car cela risquerait de m'effrayer. Dès que le festival est terminé je me précipite pour rentrer chez moi et je me coupe du poker. Je reprends une vie très simple et standard, je vais chercher mes enfants à l'école et je vais faire les courses. Je reste avec ma femme et limite je rentre en autarcie. J'ai enchaîné Las Vegas et le festival EPT Expérience à Gujan après deux jours à Paris, j'avais besoin de partir en vacances. Il faut déconnecter avec les enfants et partir à la plage...
Comment ça s'est passé à Gujan ?
C'était top, une première visite qui me donne envie de revenir. J'adore le cadre, c'était dépaysant car j'habite à Londres et ça n'a rien à voir avec Las Vegas. Là on était proche de la nature, il y avait aussi beaucoup d'activités, j'ai adoré aussi me réveiller le matin avec le bruit des cigales. Je me vois bien revenir avec ma famille, le casino est sympathique et à côté tu peux tout faire. Je venais tous les matins en vélo, je vais repasser avec ma petite famille dans la région d'Arcachon, les gens sont accueillants.
Ce festival faisait la transition avant l'EPT Barcelone et permettait de gagner deux tickets pour le Main Event, un beau cadeau...
C'est top. Tous les joueurs auraient du tenter leur chance, c'était un tournoi très ouvert, tout le monde avait la possibilité de vivre le rêve pour 200€. C'est important pour les joueurs car en trois jours tu pouvais prétendre à participer à l'étape la plus hype du circuit PokerStars. Les joueurs étaient motivés par ce cadeau ajouté au prizepool.
Il y avait aussi moyen de se qualifier pour 5€ online et de jouer en Live avec un streaming tout en vivant un moment de partage. Ces 8 qualifiés n'étaient pas livrés à eux-même comme parfois tu peux l'être quand tu débarques sur le circuit, ces moments de partage se perdent aussi parfois dans le poker donc c'était enrichissant pour nous et pour eux.
"Le bilan est pour le moment mitigé au niveau résultats. (...) Avec un peu de volume cela va suivre.
Que PokerStars soit allé à Gujan c'est aussi une preuve que la France nous intéresse. Ca me fait plaisir de pouvoir jouer au pays et de représenter mon sponsor chez moi. Ca m'a aussi donné de l'énergie après un long voyage aux USA, c'est passé vite et j'avais aimé le fait qu'un joueur local s'impose. L'ambiance aux tables était super, j'ai passé un super moment. Ca m'a permis d'oublier Las Vegas et de passer à autre chose. De quoi finalement revenir plus fort à Barcelone après les vacances.
Off ! En pleine remise en forme pour Barcelone ! https://t.co/LOQeN6FHdL
— Kalidou Sow (@KalidouSowFr)
Barcelone c'est un passage obligé pour les joueurs de poker de l'Europe entière, tu es pressé d'y être ?
Barcelone ça fait 4-5 ans que j'y vais. Avec Prague c'est les deux destinations que je cochais, je me disais toujours qu'il fallait en être. Là je viens pour faire le doublé dès la fin août , on va jouer des super-tournois.
Sept places payées depuis la mi-avril, comment tu juges ton premier semestre de sponsoring ?
Au niveau des résultats, le bilan est mitigé. Pour le moment. Après, on connaît la place de la variance, tout ne repose pas uniquement sur mes décisions, je pense qu'avec un peu de volume cela va suivre.
Sinon au niveau de ma progression je pense que c'est trop récent pour sentir un impact fort mais au niveau du kiff c'est total. C'est vraiment du plaisir et les échanges que j'ai avec les gens sont extraordinaires. C'est absolument pas de la langue de bois, je suis bluffé par les amateurs qui sont contents pour moi. Merci et bravo à eux, c'est extraordinaire. J'accorde beaucoup d'importance à l'être humain et c'est vraiment que du bon ce soutient, ça me fait du bien.
Merci Kalidou et bonne chance pour tes tournois en Catalogne.
C’est parti les amis ! Tout premier tournoi du séjour ## https://t.co/0Gz9y90DUe
— Kalidou Sow (@KalidouSowFr)
Busto 128eme de ce magnifique National #EPTBarcelona 88<TT il a fait carré de suite # Next !
— Kalidou Sow (@KalidouSowFr)
propos recueillis par Matthieu Sustrac