Kristen Bicknell: "Je me sens toujours sous-estimée"
Meilleure joueuse du monde depuis de longs mois, Kristen Bicknell a débuté online.
Déjà Superova Elite sur PokerStars, la Canadienne a franchi un cap en remportant le Ladies WSOP en 2013 durant un tournoi où la Française Julie Monsacré s'était aussi illustrée (3e) puis elle a confirmé en remportant une deuxième breloque sur un tournoi ouvert à tous. La double Joueuse de l'Année raconte son Las Vegas où elle se rend avec régularité depuis la fin des années 2000...
Avant de remporter 173 922$ sur ce tournoi, la joueuse désormais sponsorisée par partypoker n'était sur les radars de personne. "Cette victoire en 2013 c'était vraiment fun. C'était excitant et irréel", débute Bicknell.
"Je m'en souviens comme d'un moment où je jouais comme une 'nobody' du poker, je reconnaissais beaucoup de joueurs qui n'avaient aucune idée de qui je pouvais être. C'était une expérience intéressante car j'avais la sensation que la plupart des gens me voyaient comme une joueuse plutôt débutante. En réalité, je jouais déjà depuis des années", explique-t-elle avant de se replonger dans ses souvenirs.
"Je me rappelle de la nuit précédent cette table finale, j'étais tellement excitée que je n'ai pas pu dormir. Je suis restée débout tellement j'anticipais le jour d'après et cette partie", explique celle qui écume désormais le circuit tout autour de la planète.
"C'est une partie de ma carrière dans le poker où je vivais d'une passion, ce n'était pas comme un travail ordinaire, notamment au niveau émotionnel. Il y avait une tonne d'amis qui étaient là, ceux avec qui j'avais appris le jeu donc c'était un moment mémorable. Je me souviens très bien et avec bonheur des célébrations de la victoire. Je n'ai jamais autant fêté une victoire sur un tournoi que cette fois là", raconte la joueuse qui a cumulé 5 millions de dollars de gains en live.
Trois ans après la première conquête, Bicknell n'était plus la même joueuse. Adepte du cash-game online, elle s'était alors lancée dans le monde des tournois sans se retourner. Elle abordait l'édition 2016 des WSOP avec l'idée de faire un gros volume. "J'allais tout donner pour essayer de faire partie des joueurs chanceux qui rencontrent le succès", se souvient-elle avant de parler de son succès sur un field de 2158 joueurs.
En remportant le Bounty Event à 1500$, Bicknell entrait dans un club fermé. "J'ai eu beaucoup de chance de gagner ce tournoi. Cette expérience m'a inspiré pour poursuivre sur les tournois. J'aimais l'environnement, la compétition et l'intensité que l'on retrouve dans le poker de tournois", ajoute celle qui est en couple avec le n°1 du classement GPI, l'Américain Alex Foxen.
Bicknell établit une nette différence entre ses deux victoires. Si elle se souvient avec joie de son succès sur le Ladies, elle parle de l'importance cruciale d'un flip gagné, un lancer de pièce qui lui a permis de glaner ensuite peu à peu le contrôle du tournoi. Pour son triomphe de 2016, l'affaire est bien différente, l'accomplissement plus sensible.
"C'était vraiment fun au niveau poker ce tournoi car j'avais un énorme tapis durant toute la finale. J'ai donc pu développer mon jeu et être très agressive. Je ne vais pas mentir et vous dire que ce n'était pas spécial de battre une table finale composée de mecs (le Français Sébastien Comel avait terminé 6e, ndlr), j'ai toujours la sensation que l'on me sous-estime", avoue la joueuse.
"C'est un peu (une sorte de validation de mon travail). Remporter un 2e bracelet c'est vraiment une super sensation. Je joue au poker depuis 10-11 ans maintenant et c'est bien de gagner encore. C'est compliqué d'avoir du respect en tant que femme dans le poker et peut être que montrer que j'ai encore réussi à le faire... Oui, je suis une luckbox" avait déclaré Bicknell quelques minutes après un succès conquis à quelques heures de la fête nationale canadienne.
Si le gain de 290,768$ a largement boosté sa bankroll, ce deuxième succès lui a fait franchir un autre cap: "Le fait de jouer avec une telle pression m'a offert une opportunité de réellement tester ma force mentale. Passer toutes les étapes de ce tournoi et finir par le remporter m'a apporté beaucoup de connaissance, un bel entraînement qui m'a permis d'aborder le futur avec une confiance encore plus importante".
"Le véritable rêve de tous les joueurs de tournois c'est de gagner le Main Event. C'est certainement un rêve plus qu'un objectif. De manière plus réaliste, j'aimerais avoir la chance de pouvoir être là encore longtemps et d'avoir des résultats consistants sur les WSOP... et bien sûr ajouter quelques bracelets à ma collection", termine celle qui sera au rendez-vous du festival online qui débute.