Dans La Tête de 2 Pros: Joao Vieira et Ivan Deyra racontent leur triomphe WSOP
Alors que la portion des WSOP Online disputée sur la room WSOP.com est déjà bien entamée, deux vainqueurs de l'année 2019 lorgnent avec attention sur l'arrivée de la portion GGPoker.
Basés en Europe, dans des endroits où il auront accès à cet opérateur, les coéquipiers du Team Pro Winamax Ivan Deyra et Joao Vieira sont dans les starting-blocks. Le Français et le Portugais ont rejoint leurs coéquipiers Davidi Kitai et Adrian Mateos Diaz au palmarès WSOP l'été dernier à Las Vegas, ils se confient à PokerNews...
Sortir de son île
Joao Vieira est né sur l'île de Madère. Passionné de basket, le Portugais est devenu international très jeune. De fil en aiguille il a découvert le poker et le jeu a pris de plus en plus de place. Après avoir travaillé son poker online et sur le continent européen, Vieira a signé sa première place payée aux WSOP durant l'été 2016. "J'y croyais très fort, si les choses se passaient bien j'envisageais même à la course au Player Of The Year WSOP", se rappelle le Team Pro.
"Mon souvenir préféré, c'est la première fois où je suis entré dans la Pavilion Room. Quelle sensation géniale, comme si j'y étais enfin arrivé! Les Américains ne comprendront peut être pas mais pour un gamin comme moi, un gamin sortant d'une île perdue au milieu de l'Atlantique, Vegas c'est le bout du monde. J'avais l'habitude de suivre PokerNews comme un forcené durant les WSOP, alors quand tu poses le pied au Rio pour la première fois c'est vraiment un sentiment spécial", raconte le rouleau compresseur de Winamax.
En mode grinder, Joao Vieira réalisera 9 places payées pour sa première visite. En quatre années à Las Vegas, il a signé 31 places payées pour une victoire... il nous dévoile ses secrets:
"La base c'est la préparation. Je prépare chaque chose, il faut penser à tout. J'envisage toutes les possibilités. La deuxième étape c'est l'expérience. Maintenant je joue toutes les variantes et tous les buy-ins. C'est difficile mais il faut s'y coller pour apprendre. Il n'y a rien de mieux que d'être à Las Vegas chaque été, été après été, et de vivre le grind, ces émotions, connaître la fatigue", commence Joao. "J'ai beaucoup appris en essayant et en me trompant", ajoute-t-il.
Trois années après sa première visite dans le Nevada, Joao Vieira a remporté l'Event #70 des WSOP 2019, un 6-Max à 5.000$ où il a du affronter un coéquipier en finale. Un objectif qui lui tenait à coeur pour valider le fait qu'il était un vrai joueur de poker.
"Je savais que j'avais les compétences pour en gagner un. Cela semblait inévitable. Mais quand tu es à Las Vegas tu réalises que cela ne va pas être si facile. Gagner un bracelet c'est bien plus dur que ce que l'on croît... il y a vraiment une tonne d'adversaires sur chaque tournoi, les structures sont parfois rapides, il y a la fatigue mentale, c'est vraiment loin d'être facile", avoue le champion.
"Et puis j'en suis arrivé à un point où j'ai décidé de ne plus m'inquiéter. J'ai décidé de me concentrer uniquement sur le fait de faire du très bon boulot. Si cela doit arriver, cela arrive... et puis c'est arrivé. Maintenant j'ai presque la certitude qu'il y en aura d'autres", révèle le Portugais.
Gagner un bracelet? "La meilleure sensation de ma vie" pour Ivan Deyra
Une semaine après que Joao ait lancé la machine, c'était au tour d'Ivan Deyra de profiter de la dynamique. Après avoir conquis plusieurs bagues WSOP Circuit à Paris ou Marrakech, le jeune tricolore atteignait le graal en remportant son premier bracelet WSOP.
"Cela représente tellement pour moi; c'est l'objectif d'une carrière", assure Value_Merguez. "Mon amour pour ce jeu est né avec les WSOP, c'est vraiment irréel pour moi de l'avoir fait. J'ai beaucoup de gratitude. Depuis mes débuts, le soutien de ma famille dans les mauvais et les bons moments a été crucial. Ce titre c'est un moyen de les remercier, il est pour eux. Mes parents, ma soeur et mon frère, ils étaient dans mes pensées dans les secondes qui ont suivies la victoire, je savais que je les rendais fiers. Ce sentiment a rendu ma victoire très spéciale, il y avait beaucoup d'émotion", se souvient le jeune homme.
Ivan Deyra avait lui aussi découvert les WSOP durant l'été 2016. Il a pris différentes approches et tenté différentes préparations. En 2016, il n'était venu que deux semaines mais avait mis une semaine à digérer le voyage. L'année suivante il avait mis l'accent sur le sport, la nutrition et abandonné les écarts au profit d'un sommeil régulé et régulier... pour sortir frustré de son poker trip.
"L'année dernière j'avais donc décidé de louer un appartement tout seul pour une durée de deux mois. Je cherchais du calme, du repos et surtout une déconnexion totale de la Vegas life et du monde des casinos. Je crois que rester avec 12 personnes dans une ville c'est super fun mais ce sont les Championnats du Monde, la priorité c'est la performance", explique Ivan avant de préciser ses axes de préparation.
Ivan Deyra naviguait entre deux états d'esprit. Il faut sentir que le bracelet est une possibilité mais aussi rester relâché tout en se disant que le travail est fait et que cela peut éventuellement arriver. "Pour chaque tournoi, je m'implique au maximum, je continue à progresser au niveau poker et j'apprends de chaque expérience", commence Deyra.
"Ma vision c'est de donner le meilleur de moi-même et de me concentrer uniquement sur les choses que je contrôle. Je ne peux pas contrôler le moment où cela arrive, cela aurait pu être deux années avant ou peut être jamais. A ce moment là je savais que tous les voyants étaient au vert mais la variance est énorme", analyse le vainqueur WSOP.
Avec une année de recul, ce qui reste de la finale c'est le souvenir du rail ainsi que des émotions juste après la victoire. "Je me souviens d'avoir doublé à 5 left et c'était ensuite comme si j'étais en feu. C'était vraiment un rêve pour moi et pour mon rail... j'étais aussi tellement concentré et dans mon truc à ce moment là. C'était vraiment une sensation unique, un peu irréelle", jubile Ivan.
"La dernière main c'était un des meilleurs moments de ma vie. Quelle explosion à l'intérieur, je me souviens penser que je l'avais enfin fait, boom, incroyable!'"
Gagner dans le futur
Vieira explique qu'il a la certitude que les bracelets "vont continuer à arriver" pour le Team Winamax. Le résultat d'une éthique de travail et d'une grosse préparation pour les 16 membres de l'équipe.
"C'est le résultat du niveau de notre Team. C'est le résultat de notre travail, la préparation débute tôt dans l'année avec le Team manager Stéphane Matheu... nous n'avons pas d'excuses, nous avons tout ce dont un joueur peut rêver pour se préparer. Il n'y a plus qu'à s'asseoir, prendre une place et être performant... les résultats tomberont. J'ai la certitude que les bracelets vont s'ajouter les uns aux autres", dévoile Vieira.
Pour Ivan, le fait de voir les autres réussir est une énorme aide à la motivation. "Nous sommes une équipe très unie. Joao est un exemple de travail et de résilience. Son run aux WSOP était vraiment horrible avant son titre, il est parvenu à revenir encore et encore, à s'asseoir à chaque tournoi avec confiance. Joao est la preuve que c'est possible", commence Ivan Deyra.
"Je me disais et moi? Ils m'ont montré le chemin. J'aime vraiment la fin des festivals de poker car c'est là qu'il y a véritablement le début d'un challenge mental. C'était le moment, le temps était venu de me montrer à moi-même ce que j'étais capable d'accomplir. L'étape d'après c'était de prendre place en Table Finale", termine Ivan.
Propos recueillis par Will Shillibier