Les Clubs de Jeux Parisiens Menacés de Fermeture au 31 décembre
Vent de panique sur les clubs parisiens. Depuis quelques heures, les acteurs des jeux de table et du poker de la capitale sont dans l'incertitude, en particulier après une réunion qui s’est tenue ce lundi au Service central des courses et des jeux. L’unité de la Police judiciaire est venue confirmer une crainte administrative : celle d’une possible fermeture des clubs de jeux au 31 décembre.
Crainte “administrative”, car elle découle directement de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier. Aucune majorité ne s’était dégagée lors des élections législatives suivantes, pas plus que sur le projet de loi de finances (PLF), qui devait donner un budget à l’État pour 2025 et qui fait tomber le gouvernement Barnier.
Or, sans texte et sans gouvernement, personne ne peut prolonger l’expérimentation des clubs de jeux parisiens pour 2025. Et sans décision, aucune réouverture possible pour 2025, au moins pendant 4 à 6 mois selon les estimations, le temps qu'un nouveau ministre de l'Intérieur se penche sur le sujet. Pourtant, la volonté du précédent gouvernement semblait aller dans le sens d’une prolongation, puisqu’un amendement en ce sens faisait partie du PLF, et qu’un texte pour pérenniser les clubs de jeux avec de la roulette était déjà prêt selon plusieurs acteurs. Celui-ci aurait été mis de côté temporairement depuis l'été, le temps que la situation politique se résolve.
La prolongation semblait d’autant plus évidente que le gouvernement cherchait des recettes pour combler la dette. Avec 119 millions d’euros de Produit Brut des Jeux en 2023 selon l’Autorité Nationale des Jeux, les sept clubs de jeux rapportaient environ 40 millions d’euros à l’État. Une somme loin d’être négligeable qui pourrait partir vers les "tripots", qui pourrait fleurir après la fermeture des clubs. Dans le même temps, pour contrer l'offre illégale, la possibilité d'autoriser les casinos en ligne a même été sur la table dans le PLF avant d'être abandonnée. Une concertation sur le sujet est d'ailleurs cours.
1 500 emplois et de grands événements en péril
“C’est une catastrophe économique mais surtout sociale. C’est très compliqué psychologiquement pour les équipes. Nous sommes dans le flou total”, expliquait Christine Bonneau, directrice générale du club Barrière, toujours au Parisien. "La nouvelle est pour nous un choc. La situation est inédite et insensée. Des centaines d'emplois sont menacés. Nous demandons au futur gouvernement de trouver une solution au plus vite", rajoute le groupe Barrière dans un communiqué.
"Les établissements, nos avocats et notre syndicat professionnel sont en contact avec les ministères et ne cessent de multiplier les échanges. Nous devons voir, si on doit fermer, si nous avons possibilité d'avoir accès au chômage technique ou à l'activité partielle. Mais vraisemblablement c'est compliqué parce qu'il n'y a plus de loi ni d'argent dans les caisses", déplore de son côté Sébastien Leclercq, Country Manager en France de Circus Casino au micro de Dans le Carré.
En effet, la fermeture des clubs de jeux entraînerait un chômage technique pour les 1 200 à 1500 employés des clubs parisiens, sans compter tous les acteurs qui gravitent autour. C’est le cas, par exemple, de Texapoker, qui devait organiser son premier European Championship Of Poker début janvier ou de PokerStars, dont l’EPT Paris en février est remis en question. La room au pique n'a pas encore communiqué sur le sujet, mais confie suivre la situation de près.
Une porte de sortie s’est ouverte avec la présentation d’une loi spéciale ce mercredi en Conseil des ministres et qui sera débattue la semaine prochaine au Parlement. Elle devrait autoriser l’État à percevoir les impôts existants pour 2025 pour éviter tout blocage. Mais aussitôt ouverte, la porte s’est refermée puisque un amendement sur les clubs de jeux ne sera pas ajouté. Les acteurs du secteur sont pessimistes pour le moment et les possibilités pour étudier un nouveau texte sur les clubs de jeux avant la fin de l’année semblent donc de plus en plus réduites, si ce n’est inexistantes.