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Cash game Poker : contrôlez votre Tilt

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Ca fait un moment que je ne suis plus parti en tilt mais je m'en rappelle encore très bien. J'étais assis à une table 5-5 du du Holland Casino, à Rotterdam, et je jouais hyper-LAG. Dans ces cas-là, je compense mon image déplorable en relançant à 8-10x BB pré-flop afin d'arriver quand même à faire se coucher certains de mes adversaires. La plupart du temps, ça débouche sur un tête-à-tête et je dois alors compter, soit sur ma maîtrise du jeu post-flop, soit sur un miracle. L'avantage, c'est qu'on est toujours suivi lorsqu'on touche de bonnes cartes. Mais l'inconvénient, c'est que si vos monstres se font craquer, c'est la descente aux enfers qui menace.

Une forme particulière de tilt

Bien sûr, ce scénario arrive de temps en temps. C'est un risque calculé et il faut apprendre à composer avec les swings. Mais ce n'est pas ce que j'ai fait celle fois-là. Après avoir perdu plusieurs fois de suite avec la meilleure main, je ne me suis même pas énervé, je me suis juste détaché des enjeux. Complètement. Ce qui est aussi une forme de tilt. Je suis un professionnel et il ne devrait pas y avoir de place pour le tilt dans mon métier. J'ai vécu cet épisode d'autant plus douloureusement que je m'étais justement efforcé cette année-là d'avoir une approche un peu plus professionnelle du jeu. Ma confiance en moi en a pris un sacré coup.

Le point culminant de ce grand n'importe quoi a sans douté été atteint lorsque j'ai décidé de caller un "all in" contre un charmant monsieur avec 54. Je ne méritais certes pas les 23A tombés au flop contre ses AK, qui m'ont rapporté une cave complète sur ce coup-là. Mais ça n'a malheureusement pas amélioré mes tendances suicidaires, au contraire.

Ne pas confondre Tilt et énervement

Qu'est-ce qui provoque ce foutu sentiment de tilt? En fait, c'est souvent l'auto-apitoiement. Bouhou, regardez moi, je perds cette main alors que j'étais favori. J'ai jamais de chance, c'est toujours moi qui me fait avoir. Les As me tuent, je suis celui qui s'en sort le plus mal à la table. Voilà quelques uns des commentaires que l'on peut entendre dans la bouche de joueurs n'ayant pas le bon état d'esprit. Je ne suis pas en train de dire que mon état d'esprit à moi est irréprochable mais j'arrive en général à plutôt bien encaisser les bad beats et à perdre en restant philosophe. Si les événements m'échappent, je vais ressentir de la colère et de la frustration mais j'essaierai de ne pas transformer ces sentiments en carburant pour le tilt.

Il n'y a rien de mal à s'énerver de temps en temps, et à balancer son clavier à travers la pièce, pour peu que ça ne vous empêche pas de continuer à pratiquer votre A-game. Si vous êtes énervé mais que vous jouez toujours votre meilleur jeu, c'est que vous n'êtes pas en tilt. Même si des objets passent par la fenêtre mais que vous prenez toujours les bonnes décisions au bon moment vous n'êtes pas en tilt.

La variance est votre amie

Ce que j'essaie d'expliquer aux autre joueurs, et surtout aux débutants, c'est que c'est le facteur chance inhérent à ce jeu qui vous permet de gagner de l'argent en premier lieu. Si le poker était un pur jeu d'adresse, il n'y aurait pas d'argent en jeu. Ou alors uniquement pour les top-pros qui auraient un petit avantage sur les presque-top-pros. Et les fishs auraient disparu depuis longtemps. Si vous jouez aux échecs contre Kasparov et que vous perdez 20 fois d'affilée, allez vous faire une vingt-et-unième partie? Je ne crois pas. Le fait que les fishs gagnent aussi de temps en temps avec leurs 88 contre vos AA les fera revenir demain à votre table. Combien y a-t-il de gens à penser qu'ils ont un truc pour gagner à la roulette? Cela est uniquement dû au fait qu'ils ont connu un good run (et généralement l'une des premières fois qu'ils y ont joué). C'est un schéma de pensée similaire qui anime les joueurs perdants. Comme ils savent qu'ils auront toujours une CHANCE de gagner, ils reviennent.

En gardant ça en tête, vous rendez-vous mieux compte à présent du côté enfantin qu'il y a à se plaindre d'un bad beat ou d'un setup? Je gagne des sommes indécentes en jouant à un jeu de cartes et ensuite je me plaindrais de l'unique raison qui fait que des joueurs moins doués que moi acceptent de m'affronter et me font gagner tout cet argent. Soyez heureux au contraire que des donkeys callent avec AK sur un flop QJ4. Le fait qu'ils touchent leur 10 n'est rien d'autre que de la variance. Je me contrefiche du résultat à court terme. C'est le long terme qui me paiera le loyer et de nouvelles fringues. Il n'y a aucune raison de s'apitoyer sur son sort et de se plaindre des aspects négatifs du poker. Le seul résultat que vous obtiendrez est de voir les gens refuser de discuter poker avec vous, fatigués qu'ils sont de vos jérémiades.

Appréciez au contraire le fait que des gens investissent leur argent en position d'outsider. Vous avez fait votre boulot et investi votre argent avec la meilleure main. Et concentrez vous plutôt sur les situations qui réclament toute votre attention, par exemple celles où c'est vous qui êtes partis à tapis avec le moins bon jeu. Vous n'entendrez pas beaucoup de gens parler de ce genre de mains. "J'ai suivi à tapis alors que je tirais mort. Vous pensez quoi de la manière dont j'ai joué le coup?" Je ne sais pas pour vous, les amis, mais moi je n'entends pas très souvent ce genre de discours, à part venant de solides professionnels.

Vous ne jouez pas à de petites limites pour gagner de l'argent

Si vous n'êtes pas assez fort mentalement pour comprendre et appliquer ce dont nous venons de parler, ce n'est pas dramatique mais maintenez vos activités poker au rang de hobbie. Sans quoi, vous vous transformerez en ce vieux monsieur amer qui s'assoit à une table en se plaignant au croupier que ses As viennent de se faire craquer. Tout ce monde s'en fout, alors arrête de geindre!

Moi aussi j'ai connu une période comme ça lorsque j'ai commencé à jouer. Tout me semblait injuste et je me répandais en commentaires du genre "Mais comment as-tu pu caller, c'était pourtant évident que j'avais un monstre!". En y repensant, si c'était aussi évident que ça que j'avais un monstre et que mon adversaire aurait dû le comprendre, c'est que j'avais très mal joué le coup. Mais c'est quelque chose dont personne ne parle.

Il y a longtemps, j'avais pris l'habitude de poster mes historiques de bad beats à certains de mes amis qui se moquaient de moi et me bloquaient sur MSN en retour. L'un d'eux, je men souviens, avait été particulièrement direct. Je lui avais envoyé l'historique d'un de mes bad beat sur une table à 0.10$/0.25$ et il m'avait répondu: "Tu joue en NL25 bon dieu! Tu es nul au poker et tu n'as aucun droit de te plaindre de mains insignifiantes. Si tu joues au poker pour l'instant, ce n'est pas pour gagner de l'argent maintenant, c'est pour t'améliorer et te préparer à jouer plus tard sur des tables où tu pourras vraiment gagner de l'argent. Et même à ce moment là, personne ne voudra t'entendre pleurer, fish. Reviens me voir quand tu auras un truc utile à me dire". Pan! Dans les dents ! Il m'est difficile de vous expliquer tout ce que ce garçon m'a appris au fil du temps. Et d'abord que mes petits bobos n'intéressent personne. Tout le monde s'est déjà fait craquer ses As par KK. Alors, entendre quelqu'un d'autre te raconter encore et toujours la même histoire a quelque chose de vain et de déprimant.

Une leçon bien apprise

Comprenez moi bien, cet article n'a pas pour but de se moquer des joueurs de poker qui aiment raconter leurs bad beats. Il vous explique juste pourquoi ces joueurs se font souvent renvoyer dans leurs cordes. Vous n'avez rien à y gagner, ça aurait plutôt tendance au contraire à diminuer vos qualités de joueur de poker. Si vous voulez vraiment améliorer votre jeu, prenez du recul. Voyez les choses sous un angle différent : c'est absolument génial que des gens investissent tout leur argent en n'ayant que deux Outs pour remporter le coup. A terme, c'est ce qui vous fera gagner de l'argent. Si vous n'êtes pas conscient de ça, vous risquez de partir en tilt et d'accroître encore le montant de vos pertes. On dit que les bons joueurs de poker sont ceux qui gagnent beaucoup quand ils gagnent et perdent peu lorsqu'ils perdent. Ca passe aussi par cette vision à long terme qui tend à relativiser les bad beats et vous permet de garder votre A-game, même lorsque la variance est contre vous.

C'est ce que j'ai oublié, l'espace d'une instant, au Holland Casino. Mais j'ai beaucoup appris cette nuit-là. Tout ceci se passait il y a un an et je peux vous garantir qu'il s'en passera au moins deux de plus avant que ça n'arrive de nouveau. Il n'y a pas de place dans notre métier pour ce genre d'amateurisme. Point final.

Pour continuer à approfondir cette matière, nous vous conseillons deux autres articles PokerNews : Musclez votre capacité à supporter les pertes et variances et Les cycles de chance et de malchance.

Et, bien sûr, nous tenons toujours à votre disposition la base complète de nos cours de poker dans la section stratégie.

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