Tactique Poker - Tables finales des tournois MTT
En atteignant le "Valhalla" d'un tournoi de poker, à savoir la table finale, vous devrez une fois de plus adapter votre stratégie. A la table finale, le jeu se fait avant tout pré-flop, il vous faudra donc choisir vos spots avec moins d'informations. Si vous ne touchez pas de cartes, ce qui arrive souvent à des tables finales qui durent moins d'une heure, tout se jouera à l'agressivité, au courage et à de bonnes lectures.
Quelques hypothèses de base pour la suite de l'article: Tous les finalistes savent avec quelles mains pusher (si leur M les y force) et comment jouer leurs mains fortes. De plus, je partirai également du principe que nous ne sommes pas l'un des shorts stacks mais que nous avons un tapis moyen.
Table finale MTT : Choisir sa cible
Vous êtes donc en table finale et avez eu le temps de rassembler quelques informations en observant les autres tables lorsqu'il n'en restait plus que trois. Ca n'est pas suffisant pour bien choisir une cible. En général, la première chose que les joueurs font au départ d'une table finale, c'est de regarder la structure des prix et de comparer leurs stacks à ceux des autres joueurs.
C'est donc le short-stack de la table qui devient généralement la première cible.
Personne ne veut être le premier à quitter la table finale et il y a même certains joueurs qui se contenteront de folder toutes leurs mains jusqu'à ce que quelques short stacks aient été éliminés. Il est vrai que chaque joueur qui quitte la table vous fait automatiquement avancer d'une place dans le classement et, après tout, il n'y a rien de mal à à garder un oeil sur le prize pool. Mais ne le laissez pas déterminer votre jeu. Si les jetons doivent être poussés au milieu, poussez-les. Et puis les petits tapis ont cette fâcheuse habitude de chercher à doubler à tout prix. Alors qu'un tapis moyen peut se permettre de perdre des jetons.
Nous rechercherons en premier lieu le joueur faible.
Pour identifier le joueur faible à la table, il peut être utile d'utiliser les statistiques de sites comme OPR. Vous y trouverez beaucoup d'infos sur les joueurs. Par exemple, vous ne prendrez pas pour cible un joueur qui a un gros ROI car un tel joueur a déjà l'expérience des tables finales. Par contre, vous pourrez tenter un ou deux re-steals avec any two cards contre ce genre de joueurs puisqu'ils seront capables de coucher leur main après avoir relancé.
Parfois, OPR vous apprendra qu'un des joueurs assis à la table n'a jusqu'à présent gagné que très peu d'argent. Souvent, c'est sa première table finale et il e concentrera plus sur la structure des prix que sur l'identification des situations profitables. Si ce joueur a un gros stack, vous pourrez voler ses blindes plus souvent parce qu'ils ne jouera que ses mains premium.
La même chose s'applique à un joueur qui n'aurait joué jusqu'à présent que des MTT à 5$ et qui serait maintenant assis à la table finale d'un tournoi à 50.000$ garantis.
Et puis il y a aussi les joueurs qui totalisent 80.000$ de gains mais dont le ROI est très faible. Ces joueurs sont certes expérimentés mais ce sont surtout les flambeurs de la table. Ils calleront souvent vos vols à tapis puisqu'ils sont plus enclins à tout jouer sur un coin-flip. Gardez ces joueurs à l'oeil et ne volez qu'avec des mains fortes.
En résumé, les statistiques provenant de sites comme OPR peuvent vraiment vous être d'une aide précieuse. Mais il existe d'autres moyens d'identifier les joueurs faibles.
L'autre jour, j'ai vu un joueur avec un tapis de 750.000 relancer à 120.000 UTG (blindes 20.000/40.000, antes 2.000). Tout le monde s'est couché jusqu'au big blind, qui a fait tapis pour 190.000. Croyez le si vous voulez mais le relanceur initial s'est couché ! En dépit de cotes hyper-favorables et du fait qu'il ne jouait pas du tout sa survie dans le tournoi. Si vous voyez un truc comme ça, vous pourrez soutirer beaucoup de jetons au joueur en question, tout simplement parce qu'il ne comprend pas le jeu et qu'il cherche juste désespérément à gagner des places dans l'échelle des gains. Je me suis donc mis à exploiter cette faiblesse. A la main suivante, il était au BB et j'ai relancé à 120.000 au cutoff avec 9♣10♣. Il a relancé à 240.000 et je me suis mis instantanément à tapis (je le couvrais largement). Comme on pouvait s'y attendre, le type s'est couché et a à nouveau perdu une grosse partie de ses jetons.
Un autre concept que beaucoup de joueurs faibles ne comprennent pas, c'est la Coopération. Le BB et moi avions tous deux environ 250.000 en jetons aux blindes 5.000/10.000 avec des antes de 1.000. Le SB était le short stack de la table avec 19.000. Tout le monde s'est couché jusqu'à moi au bouton et, au lieu de relancer, je me suis contenté de payer la blinde avec 8♣J♥. Une main très marginale, je sais, mais j'essayais juste de faire comprendre au BB (sans rien écrire dans le chat, ce qui serait considéré comme de la collusion) que je voulais que nous nous y mettions à deux pour sortir le SB. Ce dernier part à tapis pour19.000 et m.... alors! le BB se couche ! J'ai fini par caller le SB et perdu la main, ce qui n'est pas bien grave, mais voilà un signe qui montre clairement qu'un joueur ne comprend pas le jeu et qu'il se contente en fait d'économiser ses jetons pour les mains premium. J'ai donc relancé ce joueur au SB (le petit tapis avait dégagé le coup d'après) quatre fois de suite et j'ai fini par le sortir à la cinquième tentative quand il est parti à tapis au moment précis où je retournais K♠K♦.
Mais même avec OPR, avec les notes que vous aurez prises plus tôt dans le tournoi et avec tous les autres signes qui trahissent les joueurs faibles, il y a un autre facteur à prendre en compte pour bien aborder une table finale, c'est votre analyse des situations.
Le Re-steals en finale de MTT
En effet, votre tâche consiste aussi à repérer toutes les situations où vous avez de bonnes chances de vous emparer du pot pré-flop. Malheureusement, il vous arrivera fréquemment de ne recevoir que très peu de bonnes mains à la table finale et c'est pourquoi vous devrez toujours essayer de tirer le meilleur de chaque situation qui se présentera.
Re-stealer des relances du bouton est une manière assez connue de le faire. Il faut le faire avec des mains à potentiel, comme des connecteurs assortis ou des petites paires, au cas où le bouton décoderait votre move et vous suivrait. Bien sûr, à chaque fois que vous engagez une bonne partie de vos jetons, le risque est toujours présent. Si le bouton ou le SB (suivant d'ou provient le steal initial) décide de flat-caller et que vous ratez complètement le flop, n'investissez plus un seul jeton supplémentaire dans cette main. Le but d'un re-steal est de remporter le pot pré-flop, alors ne tentez pas de bluffs qui impliquent votre survie dans le tournoi. Il n'y a rien de mal à se coucher après un re-steal raté. Votre move n'a pas fonctionné et vous avez perdu une partie de vos jetons, mais vous êtes toujours en vie.
D'habitude, je m'impose deux conditions avant de tenter un re-steal :
- Un re-steal ne doit pas me coûter plus d'un tiers de mon tapis.
- Au cas où je perdrais le pot, il doit toujours me rester un M de 5 au minimum.
Note: tout ceci n'est valable que si j'ai un bon tapis à la table. Si je suis petit tapis et que je n'ai plus le choix qu'entre doubler ou mourir, il m'arrivera de tenter un re-steal à tapis avec des connecteurs assortis ou de petites pocket-paires.
Tirez profit des petits tapis
Quand un joueur relance, soit il a une bonne main, soit il essaie juste de voler le pot. Et les petits tapis se surveillent les uns les autres puisque chaque place gagnée signifie des $ en plus. Tirez-en profit.
Exemple: les blindes sont à 25.000/50.000 avec des antes de 3.000, et tout le monde se couche jusqu'à MP (460.000 de stack) qui open-raise à 150.000. Tout le monde se couche jusqu'à moi au BB, avec 1,5 million et un monstre : 5♠6♣.
Je pousse le short-stack à tapis.
- "Pourquoi tu fais ça?", me demande un ami sur skype.
J'ai maintenant le temps de lui répondre : Si je suis suivi et que je perds, il me restera toujours plus d'un million de jetons. Mes cartes sont vivantes et ont même leur chance contre une overpaire.
Mais le plus important, c'est qu'il y a un petit tapis juste avant le relanceur initial à qui il ne reste plus que 210.000 jetons. C'est pourquoi je me suis dit qu'il y avait de fortes chances pour que le relanceur initial se couche. Les petits tapis se coucheront souvent dans ce genre de situations où un plus petit tapis se trouve juste à leur droite, qui sera au blindes avant eux et qui a donc de fortes chances de sauter le premier. En mettant la pression sur les autres petits tapis de la table, vous gagnerez souvent de jolis pots pré-flops. Sinon, débrouillez-vous pour toucher une quinte.
A l'inverse de mes articles précédents, j'ai délibérément choisi de me concentrer d'avantage sur les situations que sur les mains. Je crois que c'est ce qui fait la différence à une table finale. Vous n'aurez pas souvent la chance de vous asseoir à une table finale, et les cartes que vous y recevrez seront rarement des mains premium. En recherchant des informations sur vos adversaires et en analysant correctement les situations vous vous simplifierez grandement la vie.
[I]Si vous désirez continuer à étudier les stratégies propres au jeu en tournoi, n'hésitez pas à consulter nos autres articles dans notre rubrique [URL="/strategie/"]stratégie[/URL].
Et notamment les deux premiers articles de cette série :
- [URL="/news/2008/08/strategie-mtt-multis-tables-tournoi.htm"]Tactique pour les débuts de tournois MTT[/URL]
- [URL="/strategie/2008/12/poker-tactique-milieu-mtt.htm"]Tactique pour les milieux de tournois MTT[/URL]