Stratégie Poker Hold'em : Repérer les leaks post-flop en cash game
Dans l'article précédent, nous avions traité des erreurs pré-flop qui coûtent de l'argent aux joueurs sans qu'ils s'en rendent compte. Ces erreurs de nos adversaires nous sont d'autant plus profitables lorsque ceux-ci sont des joueurs réguliers. Aujourd'hui, nous allons continuer notre recherches des leaks mais cette fois post-flop. Ils sont plus nombreux et souvent plus profitables.
Faire un Continuation bet trop souvent
Sur les tables de cash game 6max, vous allez très souvent voir le flop face à un ou parfois deux adversaires. Dans la mesure où le flop va plus souvent rater votre main que l'améliorer, jouer agressivement est essentiel pour être gagnant. La plupart des continuation bets (c-bets) faits sur le flop en sont la conséquence direct. Mais quand vos adversaires deviennent meilleurs, il en sont également conscients et ajustent leur jeu. Vous devez alors trouver une fréquence adéquate pour vos c-bets : parfois vous faites un c-bet sur le flop, parfois sur la turn et parfois pas du tout. L'erreur de beaucoup de joueurs est qu'ils pensent devoir être agressifs et de ce fait font trop de continuation bets. De nombreux flops vont améliorer beaucoup de mains possibles chez votre opposant. Sur ces flops je ne vais faire un continuation bet que si j'ai moi-même amélioré ma main, par exemple sur un flop comme 9♥10♥J♦. Une bonne moyenne est de c-bet environ deux fois sur trois.
Passer trop souvent face à un Continuation bet
Sachant qu'au Texas Hold'em, le flop va rarement apporter une main très forte mais qu'il convient de jouer agressivement, vous n'avez pas besoin de toucher une grosse main pour continuer de jouer après le flop. Dans la range de continuation d'un joueur agressif, beaucoup de mains ont totalement manqué le flop. Si vous passer systématiquement face à un c-bet, cela va vous coûtez cher sur le long terme. Aussi, vous devez rechercher les situations où vous pouvez rester dans la main avec une paire ou un bon tirage.
Être hors de position complique la tâche puisque vous ne pouvez pas "float" (suivre un continuation bet sur le flop avec une main faible pour voler le pot sur la turn si l'adversaire montre de la faiblesse). Je vous recommande donc d'avoir une range très serrée quand vous suivez hors de position pré-flop, sinon vous serez contraint de passer trop souvent face à un continuation bet au flop. Lorsque vous êtes en position, plus d'options s'offrent à vous et des mains aussi faibles qu'un tirage quinte par le ventre, un tirage couleur backdoor ou deux cartes supérieures au flop sont plus souvent profitables pour suivre ou relancer en bluff.
Vous pouvez utiliser une statistique très utile pour vous aider : le pourcentage de fois où l'on passe face à un continuation bet ("folded to c-bet"). La moyenne des joueurs réguliers est de 50-60%, mais cela dépend bien sûr de la fréquence à laquelle un joueur va c-bet sur tel flop précis et de votre envie d'agresser ce joueur en particulier. Plus la limite à laquelle vous jouez est basse, moins les joueurs sont agressifs, aussi quand un joueur de basse limite fait un continuation bet, vous pouvez en général le mettre sur une main plus forte que s'il s'agissait d'un joueur de high stakes. En général, j'essaye de folder face à un c-bet environ 65% sur une table de 6 joueurs. Sur les tables avec 9 ou 10 joueurs, il y a plus souvent de pots multiway et donc moins de continuation bet.
Manquer les occasions de valuebet light
Une fois que vous avez établi une image agressive à la table, quand les autres joueurs s'en rendent compte, il faut commencer à placer un « valuebet light » (miser avec une main faible pour payer par une main encore plus faible) de temps à autre. A chaque fois que vous avez une situation où un value bet light aurait été payé par une main faible, vous laissez passer une occasion d'augmenter vos profits. C'est un leak que l'on peut repérer en regardant les mains qui vont jusqu'au showdown. La seule solution est de miser plus souvent et de voir quel joueur vous paye et avec quel type de mains. Vous devez garder à l'esprit que votre value bet se fait contre l'ensemble de sa range et non la main particulière qu'il détient cette fois. Si vous misez et êtes payé par une main plus forte, vous pourrez parfois avoir l'air ridicule à la table, mais il suffit que vous soyez par une main plus faible 50% du temps pour que cela soit rentable.
Dès que je repère un joueur qui check trop souvent au lieu de miser, je prends une note, parce que je sais que sa range pour miser la river est polarisée : il a soit une main très forte, soit un bluff. Contre ce type de joueur un « bluff catcher (main assez forte pour ne battre qu'un bluff) équivaut à une bonne main. Vous devez donc prêter plus d'attention à cette situation en particulier qu'à la force de votre main.
Vous devez aussi faire attention aux joueurs assez forts pour reconnaître les situations où l'on peut check-raise la river en bluff. La plupart du temps, les check-raise river sont effectués avec une bonne main et la plupart des joueurs vont considérer la force de leur main pour savoir s'ils ont une chance de gagner et s'ils doivent suivre ou passer. De meilleurs joueurs vont reconnaître les situations où, au lieu de seulement passer ou suivre votre mise river, faire un check-raise pour représenter une grosse main va vous donner une décision difficile pour votre main moyenne.
Sous-représenter une main
C'est quelque chose de très fréquent chez les anciens joueurs de poker à limite fixe et chez les joueurs très tights. Souvent vous allez touchez une main très forte au flop mais vulnérable si une carte dangereuse tombe sur la turn. Je ne veux pas seulement parler des cartes qui feraient de votre main la seconde meilleure main mais aussi des cartes qui vont effrayer votre adversaire et vous empêcher d'avoir beaucoup d'action pour la suite. Toutefois, sous-représenter vos très bonnes mains peut-être profitable
Les joueurs très tights évitent de slowplay pour éviter les décisions difficiles lorsque certaines cartes sortent sur les streets suivantes. Vous pouvez jouer toutes vos bonnes mains agressivement et cela suffira à être gagnant sur les basses limites. Mais lorsque vous jouez contre de meilleurs joueurs, vous devez adopter des lignes différentes pour rentabiliser.
Sous-représenter une main ressemble à un slowplay, mais je préfère parler de sous-représentation : si vous floppez un brelan et que vous vous contenter de call sur le flop, vous jouer le top de votre range de mains faites, mais votre opposant continuera de penser à la partie la plus faible de votre range possible. Cela va le pousser à bluffer plus souvent et il aura souvent besoin d'une main moins forte pour miser en pensant être gagnant. Vous le poussez à sur-jouer sa main sans qu'il ne s'en rende compte.
Bien sûr, il y a un revers à la médaille : une mauvaise carte sur la turn. Il n'y a pas de règle absolue. Tout dépend de la force de votre main, des tirages possibles sur le flop et de quelle value vous pouvez tirer de cet adversaire spécifique. Gardez à l'esprit que ce sont souvent les flops avec beaucoup de tirages qui sont relancés par des tas de mains différentes. Les tirages ont une meilleure équité sur le flop, c'est donc sur le flop qu'ils sont joués agressivement. Ce qui vous permet d'équilibrer votre range en jouant agressivement vos bonnes mains sur le flop. Pensez aussi que si votre adversaire est sur un tirage, ce sera plus souvent sur le flop que vous aurez de l'action. Vous pouvez le laisser miser successivement la turn et la river, mais les joueurs qui sont aussi agressifs sont aussi souvent ceux qui ne lâchent pas un tirage facilement et vous donneront de l'action même si vous relancez.