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Tilt Report à Las Vegas, je veux dire Trip Report

Jim Dixon
Jim Dixon
David Poulenard
David Poulenard
5 min à lire
Tilt Report; I Mean, Trip Report

Jim Dixon revient sur un week-end à Las Vegas dramatique sur le plan du poker et en tire les conséquences...

Je suis un loser.

Ne vous êtes-vous jamais dit ça ou quelque chose approchant après une session particulièrement mauvaise ou un bad run prolongé ?

Confession : j'ai passé un long week-end à Vegas, une sorte de célébration post-mariage d'un ami récemment marié. Je vis en Californie, à un kilomètre et demi d'un casino avec 25 tables de poker et à une dizaine de nombreux autres, donc si se déplacer à Vegas est spécial ce n'est pas comme si c'était ma seule chance de l'année de jouer au poker.

Vegas c'est toujours très amusant et on s'y déplace avec plein d'espoirs en tête. Les pokerrooms dans les beaux casinos sont spectaculaires et tournent à plein régime. Les parties en petites limites auxquelles je joue sont généralement extrêmement rentables. Jouer au poker à Sin City est toujours une expérience hors-norme, même pour un joueur récréatif comme moi.

Le week-end a été génial. Mon ami et moi avons bu et mangé de manière remarquable. Nous avons retrouvé des copains vivant à Las Vegas. Nous étions logés dans un hôtel premier-prix dont les chambres étaient excellentes et le service impeccable. L'expérience a été amusante à tout point de vue, enfin à tout point de vue sauf un !

Poker.

En terme de résultats au poker, ces trois jours ont été un désastre. J'ai joué six sessions - quatre cash games et deux tournois - et perdu les cinq premières. Notamment une partie en Limit 4/8$ où les joueurs étaient larges, passifs et incroyablement mauvais. Mon ami, qui était à la même table, a fini par me dire à propos d'un joueur "je m'étonne qu'il continue à regarder ses cartes. Qu'est-ce qui pourrait l'empêcher de caller ?"

Bien sûr je sais qu'une telle mauvaise série est anecdotique et qu'un tel bad run est le quotidien de douzaines de joueurs. Je ne me suis pas dit "pourquoi moi ?" ou "mon Dieu, je run vraiment bad."

Mais après la troisième session perdante, j'ai pensé : Je suis un loser.

J'avais laissé mes résultats affecter ma confiance en moi. J'avais permis à une perte monétaire - due à l'inévitable variance - de briser mon ego et mon estime personnelle en tant qu'être humain, pas seulement en tant que joueur de poker. Mon cerveau estimait alors que le seul moyen d'effacer la douleur de la défaite était de devenir un gagnant. La seule raison qui me poussait à vouloir gagner était d'effacer l'humiliation de la défaite.

J'ai réalisé que j'étais en train de vivre le caractéristique "tilt" du perdant.

J'ai peut-être déjà connu ce tilt du loser dans le passé, mais je ne l'avais jamais conceptualisé jusqu'à ce week-end. Je ne parle pas du désir compréhensible de redevenir quitte qui pousse souvent à jouer trop vite et trop large. Je n'essayais même pas de me venger des joueurs m'ayant infligé de terribles bad beats. Je ne manifestais en aucun cas ma frustration à l'encontre de mes adversaires ou des croupiers.

C'était une forme de tilt plus subtil, mais pas moins dangereuse et peut-être plus insidieuse que les traditionnels styles de tilt. Je ne voulais simplement pas me sentir un loser une fois de plus. Et j'ai continué de jouer - mal bien évidemment - pour tenter de changer cela.

Les Dieux du poker souriaient aux autres joueurs et je voulais que ce soit mon tour. Ils restèrent indifférents, me laissant continuer et aggraver les dommages à mon psyché et ma bankroll.

Quelle est donc la leçon pour les autres joueurs ? J'en vois actuellement plusieurs :

Premièrement et essentiellement, admettre que perdre au poker ne fait pas de soi un "loser." Une perte ne vous définit pas comme une personne ou un joueur - jamais. Tout comme gagner un poker ne fait pas de vous un "winner" ; gagner au poker ne signifie pas nécessairement que vous êtes un bon joueur.

Secundo, identifiez tous les styles de tilt que vous êtes susceptibles de vivre. Les plus familiers sont quand vous êtes "card dead" ou après un affreux bad beat, ou alors quand de mauvais joueurs touchent toutes leurs cartes et remportent tous les pots. Et bien sûr le tilt du loser que je viens d'évoquer précédemment.

Tertio - la leçon essentielle et la plus difficile à mettre en pratique - quittez la table à la seconde ou vous vous apercevez être en train de tilter (et même avant) ! De nombreux joueurs mettent trop longtemps à s'apercevoir qu'ils sont en train de craquer. Si vous attendez que la Cortisol (une hormone altérant l'inhibition) circule dans votre sang ou si vous ne vous rendez pas compte que vous êtes en train de payer en milieu de parole avec Q4 parce que c'est assorti, alors c'est trop tard. Mais pas complétement trop tard : quittez la table dès que vous le percevez !

Je ne veux pas forcément dire pour la journée. "Quittez" peut signifier descendre à une limite inférieure ou bien aller manger quelque chose au restaurant. Ça peut être juste prendre quinze minutes de break dans un endroit bien aéré pour se remettre les idées en place. Ou tout simplement se lever et respirer profondément quelques instants. Je suis certain que si j'avais suivi ces conseils le week-end dernier j'aurais économisé quelques buy-ins.

Ceci dit, je ressens toujours un véritable frisson quand je m'assois à une table de poker à Vegas. Et la chance d'être à Vegas avec mon vieux copain n'a pas de prix. J'oublierai rapidement l'argent perdu, mais je n'oublierai jamais cette expérience.

Comme je l'ai dit précédemment, une des plus importantes leçons dans le poker viendra de vos expériences les plus douloureuses. Plus j'ai de l'expérience, plus je suis convaincu que "tilter" est la plus dommageable que vous pouvez connaître. Je sais que je n'ai pas totalement solutionné ce problème, mais je prépare un nouveau séjour à Vegas pour voir si je vais mieux...

J'ai perdu de l'argent, mais je ne suis pas fini. Et quoiqu'il advienne pas un loser !

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Jim Dixon
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David Poulenard
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