"C'est trop long" se plaint Toifilou Maoulida. "Je devais rentrer à minuit et il est cinq heures deu matin", autrement dit Paris s'éveille, mais c'est l'heure de dormir pour le joueur de foot professionnel.
Après avoir tenu la dragée haute à ses adversaires de longues heures durant, Maoulida a envoyé son tapis avec une paire de 2 transformée en brelan mais battue par la quinte adverse. Un VIP de moins et un bounty de plus ! "Quinzième, c'est pas si mal !" se console l'avant-centre du RC Lens. Le décrassage risque de tirer un peu sur les quadriceps...
La bulle a éclaté et 23 joueurs sont désormais sûrs de repartir payés. Parmi eux, Moundir, Michel Boujenah, Karine Noguera, Quentin Pasdeloup et Maoulida.
Le temps que je tape la phrase précédente, des applaudissements se sont déjà fait entendre à deux reprises. M'est avis qu'ils ne sont plus que 21...
La victime qui a précédé le 'bubble boy' n'est autre que Tunisiano. En bataille de blindes et armé d'As-Valet, il tombe sur une paire d'As en face. Et le board ne change rien.
Les joueurs sont en pause. Rimka a sauté. Moundir et Boujenah sont toujours en course. Il reste 27 joueurs réunis autour des trois dernières tables. On n'est plus qu'à trois places de l'argent. Eh, oui. C'est la bulle.
Le jeu s'est considérablement ralenti. Boujenah, Moundir, Karine Noguera (de 'Poker Caraibes') et Quentin Pasdeloup (de la 'Maison du bluff'), restent les seuls joueurs soumis à bounty à la table 1.
A la table suivante, le chanteur du groupe Sniper, Tunisiano, est encore visible. De même que le footballeur du RC Lens Maoulida.
La table 3, enfin, est uniquement peuplée d'inconnus.
Aux deux tables du fond, Boujenah et Moundir donnent de la voix. Le premier vitupère contre la presse "Vous attendez ma mort en fait, hein, c'est du propre !" Puis, en partant à tapis pour 30.000 après une relance initiale à 18.000 : "Venez bande de vautours, venez voir comment meurt un brave !".
Mais ce sera pour une autre fois. Avec , Boujenah trouve une couleur à la rivière contre qui avait touché une paire au flop.
Moundir, à la table d'à côté, vit les choses plus intérieurement. Du moins jusqu'à l'explosion finale. Lui aussi part à tapis après une relance et un call adverse. Il est payé deux fois et retourne , contre et en face.
C'est au moment où il touche sa Dame sur la dernière carte du tableau que Moundir exulte enfin : "Allez ! Allez ! Donnez-la moi celle-là !"; Puis, au directeur de tournoi qui lui demande de baisser le ton : "Quoi ? Quoi ? Mais c'est l'esprit du jeu !!!"
Villemin vient de se faire éliminer à une quinzaine de places de l'argent. Il fume encore en me racontant le coup :
"Il y a un tour, j'ai couché une paire de Neufs. Quelques mains plus tard, je faisais pareil avec une paire de Huits. Il y avait trois joueurs à tapis, dont deux des chipleaders. Lorsque j'ai vu mon brelan tomber au flop, je suis parti en méga-tilt.
Et puis, il y a deux minutes, j'ai eu As-Roi en fin de parole et un mec qui me couvrait s'est mis directement à tapis avant moi. Cette fois-ci, j'ai suivi, et tout s'est joué sur un bête pile-ou-face. L'autre avait une paire de Six.
En y repensant, c'est surtout le tableau qui me fait un peu de peine : Sept-Huit-Huit-Neuf-Dix."
On arrive sur ce coup au flop, avec deux joueurs déjà à tapis. L'un d'entre eux s'appelle Michel Boujenah. Il a avancé ses 38.000 jetons au milieu sur un flop , a été suivi par un micro-stack - qui a décidé d'investir sa demi-blinde restante dans le coup - et un autre anonyme est en train de réfléchir intensément à sa décision.
Dernier à parler, il aurait de quoi éliminer Boujenah du tournoi et prendre son bounty. La décision est apparemment difficile. Soudain, le voisin de gauche de Boujenah se retourne et lui demande :'mais c'est quoi cette histoire de bounty, en fait ?"
"C'est très simple : si tu me sors, tu te fais 100 euros. (un temps). Mais par contre, j'habite chez toi pendant 6 mois !"
Eclat de rire général. Devant tant de décontraction apparente, l'autre finit par coucher sa main.
La suite est plus anecdotique ; les deux compétiteurs restants à tapis retournent leurs jeux :
Michel Boujenah : Micro-stack :
Le brelan de Neufs du micro-stack tient et Boujenah ne perd qu'une somme dérisoire.