Nicolas Villemin : 'Aux WSOP, je saurai me montrer patient" (Interview Coupe de France)
Mardi 1er juin. Nous avons rendez-vous avec Nicolas Villemin, qui vient de remporter la Coupe de France de Poker 2010 à Monaco deux jours auparavant. Il n'est descendu de son avion qu'il y a quelques heures à peine et accepte déjà avec gentillesse de répondre à nos questions sur sa victoire et son programme de tournois à venir.
Nicolas Villemin ou le triomphe d'un pur amateur
Tout juste âgé de 21 ans, Nicolas était le benjamin des finalistes et l'un des moins expérimentés aussi. Ce qu'il admet sans difficulté. Il n'a vraiment appris à jouer au poker qu'il y a un an et demi, sous les conseils éclairés de sa petite amie à laquelle il tient tout de suite à rendre hommage : "Elle m'a soutenu tout au long des épreuves de qualification et m'a suivi partout, de Versailles à Monaco en passant par Paris." Jusqu'à présent, Nicolas jouait surtout au poker entre amis, avec quelques sauts occasionnels dans les cercles de la Capitale ou sur Internet. Il s'est successivement inscrit sur Poker770, Winamax, Bwin et BetClic. "Maintenant, j'essaye surtout de me concentrer sur mon jeu live, en prévision de ce qui m'attend à Vegas." Loin de le desservir, ce statut de pur amateur semble lui avoir donné des ailes au fil de son parcours. Comme il le dit lui-même : "Je n'avais rien à perdre et tout à gagner. j'ai joué sans aucune pression."
La tête sur les épaules
Désormais plus riche de 20.000€ ainsi que d'un package pour le Main Event des WSOP 2010, Nicolas Villemin dispose d'une bankroll en bonne et due forme mais ne compte pas tout réinvestir dans le poker : "je suis en discussions avec des sponsors potentiels, pour m'aider à avancer. A court terme, je vais essayer me faire staker sur quelques tournois cet été. Pas forcément les Side Events des World Series, où la structure n'est pas toujours fameuse, je pense plutôt aux beaux tournois du Venetian et du Caesar's Palace."
La perspective de participer bientôt au Main Event des WSOP et de se retrouver à Las Vegas, en compagnie de tous les autres finalistes de la Coupe de France, ne l'impressionne pas le moins du monde. A nouveau revient dans sa bouche cette maxime qui résonne comme un mantra "Rien à perdre, tout à gagner".
Comment gagner la Coupe de France ?
Et bien, justement, comment fait-on pour gagner une épreuve à laquelle 50.000 joueurs ont participé ? Le plus simplement du monde, apparemment : "Je me suis qualifié sur BetClic pour le tournoi 'live' de Versailles. J'avais aussi réussi à me qualifier pour Tours mais je n'ai pas eu besoin d'y aller. Je me rappelle qu'à Versailles, je n'avais même pas terminé le tournoi ! Dès qu'on a plus été que 10, je me suis levé et j'ai pris mes affaires. On m'a rapporté par la suite que je m'étais classé 6ème. Aucune importance : les 10 premiers de l'épreuve gagnaient leur ticket pour la finale régionale de Paris, que j'ai aussi gagnée. A partir de là, la 'vraie' finale de Monte-Carlo me tendait les bras et vous connaissez la suite."
Souvenirs, souvenirs...
Quand on lui demande quels sont les souvenirs qu'il conservera de cette coupe de France, Nicolas villemin tient tout d'abord à louer une organisation sans faille. Avant de se remémorer avec plaisir le cadre de chaque étape. "A Versailles, ca s'est passé au Trianon Palace, premier choc esthétique. Mais c'était encore mieux à Paris, où nous avons été invités à jouer sur une péniche au pied de la Tour Eiffel ! Monaco, je n'en parle même pas, les dorures de l'Hôtel de Paris juste en face du Casino, Isabelle Mercier en maîtresse de cérémonie..."
Le style fantasque de Villemin
Suivent la description de quelques coups heureux qui lui ont permis de revenir dans la partie à Monte-Carlo, après un début difficile. "Mais bon, on ne peut pas faire 6ème à Versailles, 1er à Paris et 1er à Monaco sans maîtriser quelques subtilités du jeu, hein ! Pour gagner, il faut bien jouer ET avoir la chance de son côté aux bons moments. C'est exactement ce qui s'est passé..." Il faut dire que certains joueurs et/ou observateurs n'ont pas toujours été tendres avec son style de jeu sur le forum BetClic. Des reproches que Nicolas comprend tout à fait mais qu'il tient à relativiser : "Le truc, c'est que j'aime bien déstabiliser, tu vois. Je suis capable de relancer avec 9-2 ou faire de gros overbets. C'est totalement assumé, je veux rendre mon jeu illisible. Je vais aussi beaucoup parler à table, faire de l'intox, toutes ces choses qui ne sont possible qu'en live."
A Paris, il avait par exemple réussi un gros bluff contre le Chipleader du moment alors qu'il n'y avait plus que quatre prétendants au ticket pour la finale : "J'ai réussi à arracher un joli pot avec Roi-Dame en mains sur un 'baby-board' (des petites cartes au tableau), uniquement à l'intox. En feignant de préparer mes jetons alors que c'était à lui de parler, en lui demandant combien il lui restait... je l'ai senti qui lâchait l'affaire et je l'ai pris à la gorge ! Les blindes étaient grosses, ca m'a donné de l'air et complètement relancé dans le dernier virage. De toutes manières, il n'y avait qu'un seul ticket à gagner et c'était le moment de prendre des risques"
"Aux WSOP, je saurai me montrer patient"
Un joueur fantasque, donc, agressif et bluffeur. A même de se monter des gros tapis lorsque la chance est avec lui. Mais est-ce bien la bonne stratégie pour s'attaquer au Main Event des World Series Of Poker ? Un marathon de deux semaines où ceux qui vont loin sont aussi ceux qui apprivoisent le mieux la variance ? "Je vais faire comme a Monaco. je vais m'adapter aux joueurs à mes différentes tables. J'espère pouvoir jouer mon jeu et faire un bon résultat. Le simple fait d'y participer est énorme pour moi. Je sais que le chemin sera long et qu'il faudra se montrer patient." Nicolas Villemin a peut-être remporté la Coupe de France de poker mais il ne s'imagine pas encore dans la peau d'un 'November Nine'. L'appétit vient en mangeant, dit-on. A Pokernews, nous lui souhaitons en tout cas de revenir en France pleinement rassasié.
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