WSOP 2011 en coulisses : ESPN va-t-il trop loin ?
Les 42ème World Series of Poker sont déjà un franc succès mais, rappelez-vous, la qualité d'un show se mesure toujours à son numéro de clôture. Celui qu'on reprend en fredonnant, à la sortie du théatre. Les critiques n'ont pas encore pris leur plume mais on se doute déjà qu'ils auront du mal à ne pas applaudir des deux mains au final qui se prépare. Tout est prêt pour l'apothéose : les grands noms toujours présents dans le field à l'approche des 'November Nine', deux français qui pourraient bien succéder à Antoine Saout, une retransmission en quasi-direct sur ESPN, le numéro époustouflant de Ben Lamb, qui aura écrasé ces Series de sa classe.... Il n'y a qu'à se baisser pour faire son choix et pondre de belles histoires.
La preuve par l'exemple.
Indispensable 'Texas Dolly'
Doyle Brunson avait provoqué pas mal d'émoi quand, après avoir sauté du Player's Championship à 50k$, il avait tweeté sa décision de ne pas participer au Main Event. Brunson, qui n'a disputé que six Events préliminaires, délclarait que, depuis le Black Friday, le poker avait perdu tout intérêt à ses yeux. Beaucoup de ses amis et de ses fans avaient alors fait de leur mieux pour convaincre le 'Godfather du' Poker' de revenir sur sa décision. En réponse, Erick Lindgren avait même écrit : "Si tu ne joues pas, alors le Département de la Justice aura vraiment gagné ." Finalement, Brunson s'est laissé convaincre et a accepté non seulement de s'aligner dans les starting-blocks mais aussi de pronconcer le fameux "shuffle up and deal" en ouverture du Jour 1a. S'il n'a pas réussi à dépasser la première journée des débats, du moins aura-t-il participé. Le monde du poker n'est pas encore prêt à un Main Event sans Doyle ni Phil Ivey. Les nouvelles stars ont besoin des vieilles légendes pour leur montrer le chemin...
Le show Benba
Nous vivons tous à l'heure de 'Benba'. Ben "Benba" Lamb avait déjà terminé 14ème du Main Event en 2009. Une performance qui lui avait rapporté 633.022$ mais que personne n'avait vraiment remarqué jusqu'à cet été, quand il a soudain décidé d'écraser les World Series de sa classe. Lamb a démarré son 'run' d'anthologie en terminant second du tournoi de PLO à 3.000$, après quoi il a tout simplement remporté le Championnat du Monde de PLO à 10.000$. Pas encore rassasié, il a ensuite enchaîné en atteignant la table finale du Championnat du monde de 'Six-Max' puis celle du Player's Championship à 50.000$. Ce faisant, Benba a déjà remporté 1.331.832$ cet été. Il est pour le moment second du classement 'Player of the Year' des WSOP, avec 659,05 points, juste derrière Phil Hellmuth (710,25). Et Benba continue sa chevauchée infernale dans le Main Event, dont il avait fini Chipleader des Jours 1b puis 2b. A la fin du Jour 6, il possède actuellement le second plus gros tapis des 57 survivants (sur 6.865 participants !) et frôle les 10 millions de jetons. Il lui suffirait désormais de doubler une dernière fois pour posséder le tapis moyen des futurs 'November Nine'...
Post coîtum animal triste
C'est connu, les joueurs ont coutume de dire que le jour le plus triste de l'année est celui où ils ont sauté du Main Event. Pour certains, la pilule est encore plus difficile à avaler cette année puisqu'elle signifie la fin de leur carrière pokéristique ou de leur séjour sur le territoire américain. Pas mal de 'grinders' voyaient en effet ces WSOP comme la dernière bouée de sauvetage qui leur permettrait de se sauver du désastre post–Black Friday. Pendant la première semaine du Main Event, un flot ininterrompu de joueurs désabusés est passé directement du Rio au Caesars, au Venetian ou au Bellagio pour disputer les prinncipaux tournois des autres 'Summer Series' de la capitale du jeu. Le Caesars' $1k rebuy a par exemple recontré un tel succès que, quand les inscriptions ont fermé, des joueurs indignés ont exigé qu'elles soient réouvertes et ont ensuite attendu des heures que des sièges se libèrent. Certains ne sont décidément pas prêts à lâcher prise.
C'est pour le trousseau du petit....
Les WSOP n'ont pas particulièrement souri à Erick Lindgren. Ca ne les a pas pourtant pas empêché, sa femme Erica Schoenberg et lui, d'arborer un sourire comblé tout l'été. Il faut dire que Madame, qui a été éliminée lors de la première journée du Main Event, attend un heureux événement.... On aurait pu comprendre que Lindgren ait la tête ailleurs et qu'il suive le même chemin que sa chère et tendre. D'ailleurs, il n'en est pas passé loin, avec tout juste 3.700 jetons à la fin du Jour 1. Mais, refusant ce desin funeste, le futur papa a intié durant le Jour 2 une remontée fantastique qui ne s'est toujours pas arrêtée : A la fin du jour 3, il avait déjà multiplié son pécule par cent. Et cette nuit, il sera bel et bien présent au départ du Jour 7. Qui sait si ses 2.195.000 jetons ne l'emmeneront pas encore plus loin...
ESPN : Stop ou encore ?
Lorsqu'on voit les chiffres de participation au Main Event et son tout nouveau coverage live par ESPN, on pourrait presque se convaincre, tel Candide, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes et que le 'Black Friday' n'est qu'un vilain rêve dont nous allons bientôt nous réveiller. A moins, bien sûr, que la nouvelle couverture en direct ne soit le signe que les choses vont encore plus mal que nous ne l'imaginions... Les WSOP sont tellement désireux d'être retransmis sur ESPN, et ESPN tellement en quête d'audience, que le tournoi le plus important du monde laisse une chaîne de télé diffuser les cartes cachées des joueurs avec un différé de seulement 30 minutes. Les WSOP ont toujours adapté leur programme aux desideratas d'ESPN. Mais cette année les choses vont beaucoup plus loin : des pauses de 15 minutes, une interruption de deux heures à 17h30 et, bien sûr, une dynamique complètement bouleversée aux deux tables télévisées. Avant, les joueurs en table-télé pouvaient compter sur la manne financière que leur assuraient leurs logos provisoires. Mais maintenant que les sites de poker US sont hors-du-coup, le jeu en vaut-il toujours la chandelle ? Guillaume Darcourt, piégé par le contrat qu'il a signé, s'est ainsi fait tirer l'oreille pendant de longues minutes avant de montrer aux caméras d'ESPN les cartes qu'il avait défaussées. Bien que faisant partie du chanceux contingent des stars internationales qui possèdent toujours un sponsor, Darcourt semble avoir sur la question un avis tranché.
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