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Les 'November Nine' des WSOP 2011 : Phil Collins

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Donnie Peters
11 min à lire
phil collins november nine

Chaque année, le Main Event des World Series of Poker accueille son lot d'amateurs, de flambeurs et de rêveurs, qui veulent tous en découdre avec les plus grandes stars de la discipline. Phil Collins, appartient à cette seconde catégorie. Agé de 26 ans, considéré comme l'un des meilleurs joueurs de tournoi du monde, il est en table finale des WSÖP et compte bien faire parler tout son talent pour s'adjuger le titre.

Originaire du sud de la Californie, Collins habite aujourd'hui à Las Vegas. Avant son accession aux 'November Nine, Collins ne comptait que 125.700$ de gains en tournoi live, son meilleur résultat étant une 6ème place au Borgata Spring Poker Open East Coast Championship ( 29.196$). Avant le Main Event 2011, il cumulait aussi huit places payées aux WSOP.

Si ses résultats ne sont pas plus impressionnants, c'est que Collins est avant tout un joueur online. Sur Internet, Collins a déjà remporté plus de 3M$ en tournoi, en jouant sous le pseudo “USCphildo”. Son plus gros score en ligne étant de 89.750$, on peut donc dire que son accession en table finale du Main Event des WSOP est son premier résultat à six chiffres. Et Collins pourrait même faire beaucoup mieux encore, tout dépendra de son classement final. Au départ de la table finale le 06 novembre prochain, il possédera le quatrième tapis de départ (23,875 million de jetons).

Collins possède un diplôme de gestion de l'Université de Californie du Sud. C'est d'ailleurs à la fac qu'il a découvert le poker, initié par quelques camarades de première année. Dans quelques semaines, il espère bien accomplir d'un seul coup les deux objectifs à long terme qu'il s'était fixé : cumuler 1M$ en gains de tournoi Live et remporter un bracelet des WSOP.

PokerNews a rencontré récemment Collins pour parler November Nine, du break de quatre mois précédant la TF et de sa manière de le gérer.

Retour aux WSOP

- Si tu devais choisir une main ayant eu le plus d'importance dans ton 'deep run' ?
- Il y en a une qui se démarque clairement des autres, elle a eu lieu lors du Jour 5. Je l'ai démarrée avec environ un million de jetons et mon tapis n'avait pas bougé après les deux premiers niveaux. Je relance en fin de parole avec As-Roi et un type me 3-bet. Il avait déjà eu deux fois les As et avait doublé les deux fois. Je savais aussi que c'était un bon joueur. Mais je ne l'ai pas cru, je me suis dit que c'était un bon spot pour lui, pour essayer de représenter une grosse main. Je l'ai donc 4-bet, il m'a 5-bet et je suis parti à tapis. Il avait les Rois. Mais j'ai réussi à toucher ma quinte sur la rivière et je suis passé à 1,8 million.

Je le couvrais donc ce coup ne m'aurait pas éliminé du tournoi mais je serais passé à un quart ou à un tiers du tapis moyen. Alors que là, j'en avais soudainement le double. Ce gros 'suckout' qui joue en votre faveur, je l'ai expérimenté dans presque tous les tournois que j'ai remportés.

Je n'ai pratiquement jamais été en danger de tout le tournoi mais je me souviens que sur ce coup, je me suis arrêté quelques secondes et me suis dit : 'Hey, c'est peut-être cette main qu'il me fallait pour aller tout au bout'.

- Après que la table finale ait été décidée, comment as-tu passé le reste de ta nuit ? Tu es allé faire la fête ?
- Non, pas vraiment. Ben Lamb nous a invité à aller boire un verre dans sa suite, à l'Aria mais, le temps que toute la paperasserie administrative soit expédiée, il était déjà parti et je n'avais pas son numéro de téléphone. Katie et moi, nous sommes simplement rentrés à la maison. On a juste pris deux bières au Rio.

En fait on a regardé le coverage, affalés sur le canapé. On l'avait enregistré. Et donc on a revécu ces moments pour rester un peu plus longtemps dans l'ambiance. On a regardé les grosses mains que j'avais jouées jusqu'à ce qu'elle s'endorme à côté de moi.

Pas facile, la vie de November Nine

- Combien de temps t'a-t-il fallu pour pleinement réaliser que tu faisais partie des 'November Nine' ? Est-ce que c'est bien rentré au moins ?
- Je réalisais à mesure que les événements s'enchaînaient. L'ambiance était bien un peu irréelle mais moi j'essayais de bien garder les pieds sur terre. En même temps, j'y croyais de plus en plus. Je pense que j'ai commencé à croire à mes chances durant le Jour 4 ou le Jour 5.

Plusieurs de mes amis avaient déjà connu des 'deep runs' qui les avaient portés à proximité de la table finale et je savais que si je jouais bien, tout pouvait arriver. Après tout, ça reste du poker et on sait comment ça marche, plus gros tournoi du monde ou pas.

- Comment ont réagi tes amis et ta famille ?
- Ils ont tous été très cool. Mes amis sont sur-excités par ce qui m'arrive. Quelques uns d'entre eux m'ont d'ailleurs suivi jour après jour au Rio. Je l'ai déjà dit, c'est une super expérience de faire partie des 'November Nine mais c'est aussi plutôt cool, du point de vue de mes potes, de voir un de leur amis aller aussi loin et passer à la télé.

En fait, on avait déjà eu ce genre de conversations sur ce que ça nous ferait si on voyait l'un d'entre nous faire un 'deep tun' dans le Main Event, avec les retransmissions en direct et tout ça. Si c'était un de mes potes, Brian Lamanna, à qui ça arrivait, tous les autres devraient se déguiser en bananes et on deviendrait les 'Lamanna's bananas'. Un truc comme ça. Si c'étais moi qui perfait, les autres devraient chanter des tubes de Phil Collins. On a bien déliré.

- Est-ce qu'il y a des vieux amis disparus depuis longtemps qui ont subitement refait surface maintenant que tu as atteint les 'November Nine' ?
- Un ou deux, pas trop. J'ai reçu pas mal de textos, de 'Hey, félicitations'. Pas mal de mes anciens amis de la fac qui ne jouent pas vraiment au poker mais qui ont ont gardé un oeil sur ma carrière se sont manifestés pour me dire qu'ils avaient adoré me suivre à la télévision.

La préparation de Phil Collins

- Qu'est-ce que tu as fait depuis le début de la pause automnale des WSOP ?
- Les trois ou quatre premières semaines, je n'ai quasiment rien fait. J'ai juste joué à quelques jeux vidéo, j'ai fait du golf et je me suis reposé.

Ces deux derniers mois, j'étais en Europe et j'ai participé à un maximum de tournois pour essayer de me préparer au mieux. Je n'ai pas eu de résultats - et c'est un peu décevant - mais ça m'a fait de l'entrainement. Et puis, j'ai pu me frotter à quelques tables super difficiles.

J'ai donc disputé l'EPT Barcelone, le WPT Paris, le Partouche Poker Tour et quelques side event aussi à chaque étape. Katie et moi, on fêtait nos un an de mariage durant le Main Event des World Series of Poker Europe, alors je l'ai faite venir ici, en Europe. En fait, elle est venue me rejoindre juste après le Partouche à Berlin, en Allemagne.

On est resté en Allemagne cinq ou six jours, on est allé à la fête de la bière à Munich et puis on est allé visiter l'Autriche. Elle est restée avec moi sur les dernières étapes : EPT Londres, WSOPE et EPT San Remo. Comme j'ai pris la sale habitude de sauter tôt, on a pu aller se promener dans Cannes et dîner en amoureux.

- A part disputer autant de tournois que possible jusqu'à la reprise des WSOP, est-ce que tu fais autre chose pour te préparer ? Tu regardes des cassettes, tu as pris un coach ?
- Oui, j'ai regardé tout le coverage que j'ai pu trouver sur ESPN et je discute de ma stratégie de jeu avec quelques amis, Jason Mercier par exemple.

Je sais en gros comment mes adversaires jouent et je connais leur background. Comme on a déjà joué à dix pendant cinq ou six heures, j'ai une bonne idée de la manière dont la table fonctionne.

L'argent

- Qu'est-ce qui est le plus important pour toi ? L'argent ou le bracelet ?
- L'argent : 8,7M$, c'est vraiment beaucoup d'argent. J'adorerais remporter un bracelet, surtout celui-là évidemment, mais ça reste un bracelet et un titre de champion du monde . Qui te dure un an. Et puis on accroche ta photo au Rio aussi. Tout ça ne vaut quand même pas 8,7M$.

- En tant que 'November Nine', tu as déjà reçu l'argent de la 9ème place, soit 782.115$. Est-ce que tu as déjà fait quelques gros achats jusqu'à présent ?
- Non, pas vraiment. Je ne voulais pas acheter un truc, ensuite gagner plus d'argent et regretter de ne pas avoir acheté un truc plus gros !

En fait, les premiers trucs que je me sois acheté, c'est un jeu complet de clubs de golf, un snowboard et une jolie caméra D-SLR pour Katie. Et puis j'ai aussi un peu claqué en voyages et en vacances.

Prédictions de table finale

- En dehors de toi, qui a la meilleure chance de l'emporter en novembre ?
- Il y a plusieurs joueurs qui ont toutes leurs chances. J'adore la manière de jouer d'Eoghan O'Dea et je suis content de l'avoir à ma droite. Et puis il y a Ben Lamb. Il a un tapis un peu moins important mais s'il arrive à récupérer des jetons, ce sera un prétendant sérieux à la victoire. J'espère ne pas avoir à l'affronter lorsqu'on ne sera plus que trois ou quatre.

- Contre qui veux-tu te retrouver si tu arrives au tête-à-tête final ? Et qui redoutes tu le plus ?
- Ben Lamb est le joueur que je crains le plus. Avec toute cette confiance qu'il a emmagasinée. C'est sans doute le meilleur joueur de la table, il est en tête du classement 'Player of the Year', il a connu un été absolument fantastique.

Et tu voudrais que je te dise qui je crains le moins ? Rires] J'ai juste envie de me retrouver en duel avec un Chiplead écrasant, genre huit-contre-un, et alors tout sera beaucoup plus facile, peu importe qui j'aurai en face de moi.

Les autres November Nine

- Aux WSOP Europe, on a remarqué que tu avais un peu joué avec Matt Giannetti. Est-ce que tu as rencontré d'autres november nine cet automne ?
- Oui. Ben Lamb s'est retrouvé à notre table à un moment. Mais il était petit tapis et n'est pas resté très longtemps.

J'ai aussi joué avec Anton Makiievskyi à Paris. on a joué en cash game et il était un siège à ma gauche. C'était une partie à 10€/20€. J'avais déjà joué les deux nuits précédentes et je m'en sortais plutôt bien. Il s'est assis juste à ma gauche, exactement comme il va le faire au mois de novembre, et je me suis dit : 'OK, contente-toi de jouer ton jeu et tâche de lui inspirer un peu de respect'. A la fin, j'avais gagné 2.000€ et il en avait perdu 1.000.

- Est-ce que tu penses que jouer contre tes futurs adversaires peut t'apprendre des choses ou est-ce que tu vas essayer au contraire d'éviter au maximum ?
- Je me suis dit que ça pouvait se révéler soit bénéfique soit maléfique, suivant ce que je leur montre et la manière dont je joue. Lorsque j'ai affronté Giannetti, je lui ai laissé voir une partie de mon style de,jeu. J'ai beaucoup 3-bet et j'ai même montré que je pouvais 3-bet avec des mains comme Roi-Valet. Je veux dire, c'est quelque chose qu'il a enregistré maintenant. Et donc, je peux l'utiliser à mon avantage et peut-être être payé si je tombe sur une grosse main. A l'inverse, j'aurai peut-être plus de difficultés à sur-relancer avec rien.

- Est-ce que tu es devenu pote avec quelques uns des November Niners ?
- Je me suis fait pas mal d'amis parmi les gens que j'ai rencontrés aux tables et c'est vrai aussi des 'November Nine'. Je pense que pour le reste de ma vie - ou tout du moins tant que je jouerai au poker - dès qu'on se verra, on ira se prendre des verres, c'est sûr. Mais ça ne m'empêchera pas d'essayer de leur faire la misère en table finale !

Avec Ben Lamb, on a déjà prévu d'aller se faire quelques parties de golf. Je suis devenu pote avec plusieurs d'entre eux. On a pas mal joué ensemble avec Pius Heinz, sur le chemin qui nous a mené à la table finale, et on a beaucoup discuté. Et Makiievskyi et Giannetti, j'ai aussi joué plusieurs fois avec eux. Ce sont des types bien et de bons joueurs. Ca va être cool de les affronter à la table.

Vive la pause !

- Que pensez-vous de la pause qui suit la constitution de la table finale ? Est-ce une bonne chose ou aurait-il fallu la démarrer dès le lendemain ?
- J'aime beaucoup qu'il y ait un temps d'attente. Je trouve que c'est une très, très bonne chose, pour moi et ma carrière en particulier. Si j'étais sorti 8ème ou 9ème en juillet dernier, je n'aurais pas eu une telle exposition médiatique. ca fait trois mois et demi que je réponds à des interviews ! Devenir un joueur de poker connu entraine pas mal d'avantages financiers. On peut signer de biens meilleurs deals de sponsoring.

Et j'adore pouvoir me réveiller tous les matins en me disant que je suis toujours dans le tournoi. Les tournois, c'est super rapide. Celui-là dure huit ou neuf jours, c'est très long pour un tournoi, mais ça ne nous prend jamais qu'une semaine et demi de notre vie. A peine arrivé que c'est déjà reparti. Moi, ça fait quatre mois que je savoure. Tous les matins, je me réveille en me disant que je suis toujours dans le tournoi et j'adore cette pause. Je sais que l'attente des derniers jours risque d'être un peu pénible mais, pour l'instant, j'adore cette pause !

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Les 'November Nine' des WSOP 2011 : Phil Collins 101

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