Hommage vidéo pour l'inoubliable DevilFish
Lundi, Dave 'Devilfish' Ulliott s'est éteint à l'âge de 61 ans à la suite d'un cancer du colon, provoquant une vague d'hommage sur les réseaux sociaux. Sa disparition laisse un vide au sein de la planète poker. Retour sur la longue carrière d'un homme que la communauté n'oubliera pas.
C'est à l'âge de 15 ans que Dave Ulliott joue pour la première fois au poker. S'il passera par des périodes troubles où les braquages rythmeront son quotidien (deux passages en prison), le natif de Hull (ville où est décédée le Britannique) prendra ensuite définitivement le chemin du gambling, d'abord en étant un parieur reconnu (certains bookmakers l'empêchaient de miser sur les courses, ndlr) puis avec des jetons et des cartes.
Le joueur anglais a débuté par des parties privées dangereuses où il était toujours accompagné par une sorte de garde du corps. Dans son autobiographie, DevilFish n'hésite d'ailleurs pas à raconter qu'il a du sortir son calibre pour se défendre dans une petite ruelle après une partie positive...
Rapidement, le natif de Hull s'illustre de la plus belle des manières en remportant son premier et unique bracelet World Series of Poker, en 1997, lors d'un Pot Limit Hold'em à 2000$ l'entrée (247 joueurs). 'DevilFish' empochait 180 000 dollars, son plus gros gain à l'époque, qui sonnait comme le début d'une carrière longue et palpitante.
De gangster à rounder, un début de carrière sur les chapeaux de roues
Car presque plus rien ne l'arrêtera. Pas même Phil Ivey, au cours du heads-up du WPT Jack Binion 2003 (10 000$ de buy-in). Ulliott triomphait aux dépens de l'Américain, privé au passage de son premier titre World Poker Tour. Une victoire qui lui a valu la rondelette somme de 589 000 dollars.
Affectionnant les tournois français, en particulier à l'Aviation Club de France où il s'est rendu à plusieurs reprises pour participer à des événements majeurs, DevilFish ne s'est pas privé de s'adjuger une victoire dans l'Hexagone. En 2009, pour un chèque de 133 000€, il sortait vainqueur des Euros Finals Of Poker (5000€ - 102 joueurs) sur les Champs Elysées en battant Roger Hairabedian à l'issue d'un duel terminal "mémorable"... au panthéon des souvenirs de Nicolas Fraioli, ex directeur des tournois du "104".
"Je n'ai jamais eu autant de plaisir à superviser. Ils n'ont pas arrêté de se vanner, même si cela restait sympathique", indique-t-il.
Au total, Dave Ulliott a enregistré pas moins de 249 places payées, selon sa ligne Hendon Mob il est donc l'Anglais avec le plus grand nombre de cashes de tout les temps.
Dave le "musicos"
Nombreuses ont été les occasions pour le joueur anglais de montrer ses talents de chanteur et de guitariste. A plusieurs reprises, le champion WSOP/WPT, qui avait fêté son anniversaire trois jours avant son décès, s'est fait une joie de se donner en spectacle pour le plus grand bonheur des joueurs présents. On se souviendra évidemment de sa délirante prestation au restaurant de l'ACF à l'occasion du WPT Grand Prix de Paris en 2013.
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Ou encore aux WSOP Europe disputés à Enghien les Bains. Alors que les grandes stars du circuit signaient une guitare pour un jeu de la room 888poker, DevilFish s'est lui emparé de l'instrument pour entonner un petit air de Johnny Cash. La salle applaudit, dont un certain Philippe Ktorza, situé juste derrière le Britannique.
ClubPoker a également eu le privilège d'accueillir cette légende du poker. Toujours lors des WSOPE, mais cette fois à Cannes, en 2011, Ulliott est venu participer à la dixième émission de la 5e saison de CP Radio. A réécouter ici.
Un trashtalkeur éternel
Une chose est sûre, Dave Ulliott n'avait pas sa langue dans sa poche. Grande gueule et toujours prêt à en balancer plein la tronche de ses adversaires. Le Français Alban Juen avait d'ailleurs fait connaissance avec la mauvaise humeur du Britannique à Wembley après avoir remporté le coup de trop en demi-finales de l'ISPT.
En 2010, David Poulenard a rédigé un article sur la vie du joueur, où il écrivait notamment ceci : "'DevilFish' n'a peur de rien, ni de révéler son passé erratique, ni de confrontations verbales avec d'autres grandes gueules du poker. Peu de joueurs oseraient traiter Tony G de "fucking idiot" devant les caméras de télévisions ou Phil Hellmuth de "lucky bastard" ".
En témoigne ses deux vidéos. Encore et toujours contre Tony G.
Retrouvez également ce vieux documentaire (qualité moyenne) où deux journalistes suivent les aventures de DevilFish. Le vieux loup y pratiquait déjà l'art du trashtalking, sans oublier de passer derrière le micro pour faire résonner sa voix de jeune chanteur britannique.
Rest In Peace DevilFish !