Les aventures high stakes de Leon Tsoukernik, propriétaire du casino King's Rozvadov
En accueillant plus de 1000 tournois de poker en 2014, le casino King de Rozvadov est devenu un passage obligatoire pour les passionnées du monde entier. Dès 2013, le quotidien allemand der Stern écrivait : "Ceux qui ne peuvent pas se rendre à Las Vegas devrait définitivement se précipiter à Rozvadov car c'est l'eldorado du poker européen".
Derrière la réussite de ce lieu situé à la frontière de la République Tchèque et de l'Allemagne, il y a un homme : Leon Tsoukernik. Le patron du casino de Rozvadov a d'ailleurs vu la montée en puissance de son casino, la plus grande salle de poker du Vieux Continent, récompensée par une nomination au European Poker Awards
Lors de la cérémonie annuelle qui s'est déroulée le 25 mars à l'hôtel Hilton de St. Julians, à Malte, Leon Tsoukernik apparaissait dans la lumière aux yeux des passionnés de poker. Finalement vainqueur de l'award de Personnalité de l'Industrie du poker, un award gratifiant les personnes qui assurent le développement continu du poker tout en donnant la sensation aux joueurs de s'amuser à chaque seconde passée en table, Leon a notamment devancé le propriétaire de l'emblématique Dusk Till Dawn, Rob Yong, la directrice générale du World Poker Tour Europe, Hermance Blum et le président de l'European Poker Tour, Edgard Stuchly.
Leon Tsoukernik était donc en bonne compagnie et PokerNews est allé à sa rencontre dans son fief en République Tchèque pour s'entretenir avec lui à quelques jours de la 4ème étape des Unibet DSO 2015 ou pas moins de 500 joueurs sont attendus du jeudi 23 au dimanche 26 Avril 2015 au King Casino à Rozvadov. Rencontre avec une personnalité du poker européen.
Le secret du succès ? Créer un casino de croisière, sur la terre
Le nom de Tsoukernik ne vous est pas forcément inconnu depuis un session un peu folle contre Tony G. ou encore l'aventure dingue qu'il avait eu en 2012 durant le High Roller de l'EPT Monte Carlo. Son habitude de parcourir les tournois avec son hélicoptère fait qu'on remarque aussi Mr Tsoukernik. Sauf que Leon est loin d'avoir le caractère éblouissant qu'on pourrait lui associer.
"Je me décrirais comme un propriétaire de casino orienté vers le poker et un joueur occasionnel", raconte le Tchèque. "Je suis également un collectionneur d'art", ajoute-t-il.
Ancien antiquaire avec une passion pour les cartes et la compétition, Leon est un entrepreneur et businessman qui semble avoir trouvé le secret du succès dans un secteur en berne dans de nombreux pays européens. Alors que la France et l'Italie, anciens piliers du jeu, ne parviennent pas à remonter la pente après avoir notamment perdu leur étape European Poker Tour, le propriétaire du King prend de l'importance sur la scène poker européenne.
Quel est le secret de ce succès ? "Je dirais que le travail du King s'apparente à un bateau", explique Tsoukernik. "C'est comme si c'était une croisière du poker. Nous sommes ouverts 365 jours et fermons seulement si notre président décède. Dans ce cas, nous porterons respectueusement le deuil en arrêtant nos opérations pendant trois jours".
Située à proximité de la frontière allemande, la ville de Rozdavov se caractérise par son accessibilité et sa location. Les joueurs peuvent utiliser des navettes mises à disposition par le casino à la fois à Prague, Nuremberg ou encore Munich. L'établissement s'organise pour que chacun puisse venir jouer des tournois live ou des parties de cash game disponibles.Le King offre un service réel aux joueurs.
"Nous cherchons à rendre accessible le poker à tous, quel que soit le buy-in", continue Leon. ''Je suis à la fois surpris et fier de cette nomination aux Awards. L'équipe du casino a énormément travaillé en 2014. Nous avons agrandi l'établissement afin de rajouter 160 tables de poker. En fait, l'extension poker inaugurée l'année dernière était plus grande que le casino lui-même !"
La taille ne fait pas tout
Leon Tsoukernik sait que les joueurs ne cherchent pas systématiquement une immense salle pour jouer. C'est pourquoi il a construit son propre succès en se focalisant sur des services qui apportent de la valeur ajoutée aux clients et des tournois avec une licence attirante comme peuvent l'être un DSO ou une étape Eureka.
Suivant cette logique, le King a constitué et distribué plus de 15 millions d'euros de prizepool ces derniers mois, garantissant un tournoi au prize pool de 50 000€ tous les samedis. L'adoption de cette stratégie agressive avec une multitude de tournois à faibles et moyens buy-in mais avec une garantie importante présentait un risque d'overlay. Le sujet est plutôt un produit d'appel qu'un problème pour Leon Tsoukernik.
"Je ne me soucie pas de l'overlay", admet le propriétaire. "Les garanties donnent aux gens une bonne raison de voyager et de venir jouer au casino. En ce sens, ils représentent une grande valeur commerciale".
Cette stratégie a déjà commencé à porter ses fruits. Nombreuses sont les personnes à avoir répondu présentes pour caler le King dans leur emploi du temps, leader du poker live dans ce coin de l'Europe.
Le premier événement à 200 000€ de garantie s'est déroulé en 2010, lorsque le manager du casino et Markus Fladung se sont engagés vers un poker populaire. Depuis, Rozdavov est devenue une étape régulière du World Poker Tour et ,en juin 2014, a accueilli l'Eureka Poker Tour avec 493 entrées au Main Event pour des tournois aux buy-ins un peu plus important que ceux qui se déroulent de manière plus régulière dans l'établissement
En 2014, le King's Casino a également accueilli l'Open-Face Chinese Poker World Championship, organisée par TonyBet Poker mais aussi la huitième édition de la PokerNews Cup en février 2015, événement caritatif au prix d'entrée de 250€. La garantie de 200 000€ a largement été dépassée grâce un impressionnant field de 1562 passionnés !
"Il n'est pas facile de rendre une salle de poker financièrement rentable", explique Tsoukernik. "Nous facturons des frais pour ce que nous faisons. Et nous sommes très à cheval là-dessus. Il est essentiel d'être toujours clair avec le client".
Le succès du lieu peut largement être attribué à l'attention que porte Tsoukernik et ses équipes aux détails. Outre un hôtel confortable et toujours disponible pour plus d'une nuit, le casino abrite depuis 2014 un nouveau restaurant dirigé par Monsieur Brando, un directeur de restaurant italien. Un atout dont Tsoukernik est très fier.
Manger un steak venu des USA au fin fond de la République Tchèque
"Nous pouvons stocker durant 12 semaines des steaks T-Bone venus de l'Omaha, aux États-Unis. Nous les achetons à la source et si je peux vous promettre quelque chose, c'est que ces steaks cuisinés au King sont vraiment délicieux", jure Leon qui sait bien qu'un joueur de poker bien nourri est plus apte à jouer des heures et faire grossir le rake en cash-game.
Leon Tsoukernik aime chouchouter ses joueurs, cela lui permet de viser plus haut. Son affaire, qui emploie aujourd'hui plus de 400 personnes avec également une école de croupiers de 530 personnes, est destinée à grandir.
"Nous allons continuer à nous étendre. [...] Le bouche à oreille a contribué au développement du casino dès le premier jour. Et je vous parle de l'époque où l’hôtel ne proposait que neuf chambres", déclare fermement le businessman. "
Pour maintenir son élan, Tsoukernik entend poursuivre le développement de son précieux bijou en ajoutant un hôtel de 600 lits, tandis que "la salle de jeu s'agrandira encore".
Selon Tsoukernik, Rozdavov a le potentiel pour devenir un grand nom international et attirer les joueurs du monde entier. "Notre plan est de continuer à développer et fournir une offre de jeu encore plus riche", précise l'entrepreneur. "Bientôt, nous allons organiser un circuit italien. Je travaille également sur une future association entre le groupe macanais Sun City et nous, dont le but sera de ramener les joueurs chinois en République Tchèque".
Des parties à 20 centimes au Super High Roller de l'EPT Monte Carlo à 100 000€... en freeroll
Tsoukernik n'aime pas se dévoiler et donner des détails de sa vie privée. Fervent défenseur du poker dans son pays d'origine, il est considéré comme l'un des principaux acteurs de la libéralisation du poker. "Nous devons convaincre le gouvernement de libéraliser l'industrie du poker", dit-il. Son aventure avec le jeu a commencé au début des années 1990, lorsque Tsoukernik était reconnu comme l'un des meilleurs antiquaires de New-York.
"Les parties organisées chez des amis m'ont permises de mettre un premier pied dans le poker. A cette époque, nous avions l'habitude de jouer sur deux ou trois tables. On prenait du bon temps ensemble, on commandait quelques fois des pizzas. Les limites étaient 0,25-0,50$, ou même moins", se souvient-il.
Les choses ont bien changé. Ses anciens adversaires ne sont plus des copains rencontrés autour d'une table improvisée mais des professionnels qui font parfois partie des meilleurs joueur du monde.
"Je joue au poker pour me divertir. Et comme je ne m'amuse pas avec des joueurs faibles, je ne cherche pas à jouer avec eux". Cette manière de voir les choses a évidemment modifier ses limites de jeu. Leon a disparu des tables low-limit depuis longtemps car "souvent, les meilleurs joueurs veulent jouer beaucoup d'argent".
Tsoukernik n'a cependant nullement besoin de grosses sommes pour prendre du plaisir à une table. Seulement des frissons et de la compétition. C'est pourquoi, lorsqu'il le peut, il aime disputer des heads-up où seul un unique joueur sort gagnant. "Je joue beaucoup en 5/10€", précise-t-il. "Je préfère le heads-up car j'aime le défi de battre son adversaire".
Alors que nous commencions à discuter de son passé poker, Leon est immédiatement revenu sur l'EPT Monte Carlo 2012, durant lequel il a participé au Super High Roller à 100 000€ en mode freeroll. Après avoir été éliminé une première fois, il s'est réinscrit grâce à des gains remportés au Craps.
Il explique : "Avant le break, mon tapis était réduit à néant donc je suis allé à la table de craps. J'y ai gagné 70 000€ en deux minutes. Puis je me suis déplacé à la roulette où cette fois-ci, j'ai empoché 50 000€". Après autant d'émotions, il se sentait comme obligé de re-entry le Super High Roller.
"J'ai gardé mon sourire à l'américaine puis je suis retourné m'inscrire", s'exclame-t-il, tout excité. "C'était merveilleux. Pas si merveilleux que ça finalement, ma paire de trois ne tenant pas contre la AxQx de mon adversaire".
Une main à un million de dollars à Macao
Pourtant, Monte Carlo n'est pas sa plus remarquable histoire. Leon a partagé avec PokerNews un épisode ayant eu lieu dans le capitale mondiale des parties High Roller, Macau.
"En novembre 2014, je suis entré au Venetian à Macau. Et devinez quoi ? Tous mes amis allemands étaient assis autour des tables : Philipp Gruissem, Tobias Reinkemeier et Max Altergott. Je n'arrivais pas a y croire".
Poussé par l'adrénaline et l'idée de jouer contre les meilleurs, Tsoukernik nous a raconté comment il gagné la somme d'un million de dollars en une seule main, sur une table de cash game en No Limit aux blindes 5000/10000HK.
"Durant le deuxième jour de jeu, nous avons joué une magnifique main", se rappelle-t-il. "J'avais une paire de 10 alors qu'un adversaire chinois détenait AxAx. Il n'y a eu pas beaucoup d'actions préflop, avant que ça ne s'emballe sur le flop 10x4x7x. Le turn et la river n'ont pas changé la donne et les mises continuaient de pleuvoir. Le pot s’élevait à 8,9 millions de dollars de Hong Kong. Et ce parce que mon adversaire ne s'arrêtait pas de miser. Résultat ? J'ai gagné un million de dollars en une seule main".
Entrepreneur, propriétaire de casino, collectionneur... mais aussi joueur de poker enthousiaste et adepte du staking, Leon Tsoukernik est un homme qui investit dans ceux auxquels il croit ou qui le méritent.
Par exemple, le Tchèque a sponsorisé George Danzer et Max Altergott pour le High Roller de l'EPT Monte Carlo pour la simple et unique raison que des joueurs de ce niveau puissent avoir la chance de participer à des tournois qu'ils méritent. "Chaque joueur doit avoir la possibilité d'être un vainqueur WSOP. Certaines célébrités ont fait énormément pour le jeu et je pense qu'ils méritent la reconnaissance de personnes comme moi", termine-t-il en patron idéal.
