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Claude Metais : "L'Aviation Club de France n'est pas un bon souvenir"

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Julien Tissot
7 min à lire
Claude Metais  :

Actuellement 20ème au classement GPI France, Claude Metais est l'un des rares amateurs à figurer en si bonne position. Entretien.

Avec 40 ITM et 26 Tables finales depuis 2009, Calude Metais, conseiller en gestion de patrimoine, est un joueur régulier des tournois Barrière. Il est à ce jour le seul joueur à détenir les 3 titres majeurs du circuit BPT (Main Event 1500, Masters 1000 et Freezeout Deepstack 550). Il explique à PokerNews les liens entre son ancien job et le poker.

On te connaît peu, peux-tu nous en dire plus sur toi. Comment as-tu découvert le poker ? Quel est ton parcours de joueur ?
Je dirige un cabinet de gestion de patrimoine sur Tours et je suis âgé d’une soixantaine d’années. J'ai découvert le poker fermé lorsque j'étais étudiant mais j’y ai peu joué.
Ensuite, comme beaucoup de monde, j'ai regardé les WPT commentés par Patrick Bruel sur Canal Plus. J'ai commencé à m'y intéresser, j'aimais l'aspect compétition. J'ai joué pour la première fois en 2009 au Casino de Deauville en Cash Game. Puis, je me suis m'y à jouer Online sur le site d'Everest sur des petites limites.
J’ai ensuite joué plus régulièrement en Live. Je me suis rendu à l'Aviation Club de France, une fois, mais à l’époque, je n’avais pas les codes que peuvent avoir les Livetards du cercle. Ce n’est pas un bon souvenir. Je n’ai jamais rejoué dans ce temple du poker parisien.

Tu es ensuite devenu un régulier du circuit Barrière avec une belle victoire à Enghien.
Oui, je suis un inconditionnel. Ma victoire sur le Main du BPT Enghien en 2011 a tout changé pour moi. A l’époque le Buy-in de ce Main Event était de 1500€ sans Re-entry avec 25 000 jetons. Le niveau était très relevé avec un field de 200 participants, de nombreux professionnels ou joueurs de cercles expérimentés et quelques joueurs récréatifs comme moi.

J’avais gagné mon inscription sur un satellite live la veille avec 120€ et c’était ma première participation à un tournoi aussi prestigieux. En TF nous étions 2 amateurs pour 6 professionnels avec notamment, Franck Pépé, Laurent Polito pour finir en HU avec un Lucien Cohen en pleine confiance fort de son récent titre de l’EPT Deauville. J’ai marché sur l’eau pendant tout ce tournoi, un régal !

[VIDEO]<iframe frameborder="0" width="860" height="615" src="//www.dailymotion.com/embed/video/xk45iy" allowfullscreen></iframe><br /><a href="http://www.dailymotion.com/video/xk45iy_resume-jour-2-bpt-enghien-2011_sport" target="_blank">R&eacute;sum&eacute; jour 2 BPT Enghien 2011</a> </i>[/VIDEO]

"J’ai marché sur l’eau pendant tout ce tournoi, un régal !"

Ce résultat a définitivement tout changé dans ma tête, mon approche et mes objectifs ont évolué. Aujourd’hui je croise sur les tournois internationaux la crème du poker et j’adore les côtoyer à ma table, j’apprends et c’est stimulant. En 2012, je jouais dans mes moments libres sur Barrierepoker.fr pour décrocher les packages proposés sur le live du circuit BPT et j’ai fait une très belle année pour finir dans le top 5 des joueurs de tournoi du site. Aujourd’hui, je ne joue plus online.

Ensuite, j’ai suivi au maximum les étapes du BPT, j’ai sympathisé avec les organisateurs, au point de planifier mon activité professionnelle ou mes vacances en fonction de leur programme de tournois ce qui m’a valu une 2ème place au classement de la 1ère édition de la League Barrière en 2014. Runner up du récent vainqueur de l’EPT Malte Jean Montury est également un fidèle du circuit.

Claude Metais à droite et au centre Jean Montury aux côtés de Lucille Denos
Claude Metais à droite et au centre Jean Montury aux côtés de Lucille Denos

Existe-t-il des similitudes entre ton ancien job de commercial dans la défiscalisation et le poker ?
Suite à un enchaînement de bons résultats, j’ai cherché à progresser par tous les moyens. J'ai lu de nombreux bouquins sur le poker, j’ai regardé les émissions télé, j’ai visionné plusieurs fois tous les DVD des EPT commentés par Alexis Laipsker. J’ai passé beaucoup de temps sur Poker Academie à analyser les coups…
J’ai aussi compris toutes les similitudes qui existaient dans la relation avec les joueurs à une table de poker et la démarche de séduction et de persuasion pour convaincre mes clients dans mon quotidien de Conseiller en défiscalisation.

Comme avec les clients, il faut rapidement faire la découverte du joueur, de son profil psychologique et émotionnel, de sa capacité à gérer ses conflits émotionnels pour prendre ses décisions, de prendre la mesure de son égo qui peut être un atout ou un handicap, de sa capacité à gérer la frustration ou l’euphorie, des limites de sa zone de confort, les jeux qu’il lâcherait sous la pression, ses limites financières…. En résumé : ce qu’il est, ce qu’il peut, ce qu’il veut.

Ensuite, je pourrais lui raconter une histoire crédible en argumentant en fonction de ce qui le pousse ou le freine. Dans mon métier, comme au poker, il faut aussi être vigilant, conscient de l’image que l’on renvoie avant d’avancer un pion. L’application des techniques de vente et de négociation est très appropriée, à mon sens, au poker de tournoi. Conseiller en gestionnaire de patrimoine, je passe mon temps à décrypter et à convaincre mes interlocuteurs. On peut transposer ce savoir faire et ce savoir être au poker. Cela aide pour la confiance en soi et cela rend plus fort mentalement.

Claude Metais en septembre 2014 / Copyright Tommy Mandel
Claude Metais en septembre 2014 / Copyright Tommy Mandel
"Les amateurs subissent souvent la loi des pros"

De plus en plus de tournois de font sous la forme de Re-entry, qu'en penses-tu ?
Cela commence à gêner de plus en plus de joueurs. Je pense qu’il y a une rupture dans l’égalité entre les joueurs (pro et amateurs). Cela remet en cause le principe et la philosophie du poker de tournoi et des chances dans une compétition dont les titres se trouvent de ce fait dévalorisés.

Les joueurs possédant une Bankroll avec un gros embonpoint vont s’engager parfois dans des actions marginales sachant qu’ils pourront re-entry. Cela gâche la fête quand parfois on est éliminé sur les premiers niveaux par 5x2x vs AxAx sur un beau tournoi à Buy-in XXL financé par un sat et sans la bankroll pour re-entry. Les amateurs subissent souvent la loi des pro.

Quels sont tes points forts et tes points faibles ?
Parmi mes points forts, je dirais ma lecture des adversaires. Même quand je ne joue pas un coup, je passe mon temps à observer les joueurs, à écouter leurs commentaires. Je synthétise de manière souvent juste les informations que j’engrange ce qui m’aide beaucoup pour prendre des décisions. J’ai aussi une grande capacité à varier mon jeu. J’arrive souvent à dérouter mes adversaires et je fais aussi confiance à mon instinct.
Mes points faibles : une tendance lourde à tilter après de nombreuses heures d’ennui sans voir de jeu. Il m’arrive alors d’envoyer mon tapis avec des petites paires alors que je pourrai mieux gérer ces moments d’impatience. Mon égo me joue aussi parfois des tours

"Le rêve absolu"

Tu as suivi l’EPT Malte et la victoire de Jean Montury ? Qu’en as-tu pensé ?
Évidemment, j’ai suivi ce Heads up très intense. J’étais sur le BPT Ribeauvillé et Lucille Denos, l’organisatrice a eu la bonne idée de projeter ça sur écran géant. Je connais Jean, nous jouons souvent aux mêmes tables sur les BPT, j’étais heureux pour lui, il a vraiment mérité cette victoire. J’ai été impressionné par sa capacité à ne pas péter les plombs sous la pression. Il n’a jamais craqué. Il a fait un sans faute. Bravo ! Le rêve absolu.

Quel est ton meilleur souvenir de poker ?
Lors de l’EPT Prague, j’ai passé 4 jours vraiment géniaux sur le Main. Je me suis retrouvé en Table télévisée pendant 10 heures avec des joueurs comme George Danzer ou Vanessa Selbst. Il y avait vraiment du beau monde. J’ai fini ITM après être passé très près d’une élimination. De cheapleader de la table au début du Day 3, je suis descendu au moment de la bulle à 3 BB pour revenir en Day 4 avec 35 BB.
Ma victoire sur le BPT en 2011 reste également un superbe souvenir. Le Field était vraiment très relevé.

Quel est ton plus mauvais souvenir ?
Mon pire moment reste, de manière très nette, un violent Bad Beat qui me fait buster lors de l'EPT Barcelone en 2014. J'avais réussi à me qualifier sur le Main grâce à un satellite. J'avais monté des jetons et à la fin du Day 2 sur la dernière main de la journée, le Team Pro Winamax Ludovic Riehl me relance au bouton 1/3 de mon stack avg+ à 20 places de la bulle alors que j'étais en petite blind. Je découvre les AxAx, je pars à tapis, payé par Ludovic avec les KxK. Sur le Board, la première carte à sortir est un As, 4 cœurs sortent me crucifiant littéralement.

Quel est ton agenda à venir ?
Je vais jouer plusieurs étapes du Barrière Poker Tour : Deauville, Nice et Toulouse. Cet été, j’ai prévu d’aller un mois à Las Vegas. C’est la première fois que j’y jouerai en tournoi sur les WSOP. Je vais notamment jouer «le Colossus » sur lequel plus de 10 000 joueurs sont attendus. Je veux aussi rattraper ce début d’année pas terrible et je crois que c’est le bon endroit pour cela. J’ai hâte de me frotter aux meilleurs joueurs de la planète.

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Julien Tissot

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