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Casino à Paris : les coulisses d'un projet

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Julien Tissot
5 min à lire
Casino à Paris : les coulisses d'un projet 0001

Ces dernières semaines, le projet d'ouverture d'un casino à Paris est au cœur de l'actualité et agite la classe politique. Le Monde, Médiapart, Le Parisien... Les grands médias généralistes s’intéressent de près à la question. De nombreuses informations ont été dévoilées sur les coulisses du projet en cours. L'occasion de faire un point

En février dernier, un rapport a été commandé par le gouvernement au préfet honoraire Jean-Pierre Duport également président de la Commission supérieure des jeux. Il est chargé de réfléchir à la fermeture éventuelle des Cercles, à une nouvelle offre légale de jeux d’argent dans la capitale et donc l’hypothèse de casinos. Initialement, ce rapport aurait dû être rendu au début du mois de mai, il ne sera vraisemblablement remis que début juin.

"Depuis des mois, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, souhaite l’ouverture d’un ou plusieurs casinos dans la capitale, la meilleure solution à ses yeux pour éviter la prolifération de tripots plus ou moins clandestins", nous indique le journal Le Monde, le 22 mai dernier. Le scénario initial consistait à autoriser purement et simplement la création de casinos à Paris, où ils sont interdits depuis plus d’un siècle. "Je me situe dans cette logique", confirmait au Monde, M. Duport.

L'article de Médiapart dans lequel les coulisses sont dévoilées
L'article de Médiapart dans lequel les coulisses sont dévoilées

La fin des Cercles ?

Selon Médiapart, les derniers cercles seraient déjà promis à une mort certaine. "Soit on trouve un véhicule législatif pour les interdire complètement, soit on ne délivre plus d’agréments. Dans tous les cas, ils ne resteront pas". Quand bien même l’option “modernisation des cercles” serait finalement retenue, ce serait avec un nouveau statut, un nouveau régime fiscal et surtout, de nouveaux gérants selon l’entourage du ministère de l’intérieur.

Si le projet de remplacer les cercles parisiens par des casinos a été inspiré par le gouvernement et doit d’abord passer par le Parlement avant d’être discuté en Conseil de Paris, il reste décisif pour la ville et sa majorité socialiste, notamment en raison de la manne financière qu'il représente.

Jean-Pierre Duport, préfet honoraire et président de la commission des jeux / DR
Jean-Pierre Duport, préfet honoraire et président de la commission des jeux / DR

Une manne financière de 40 millions

Selon le conseiller de Paris Jean-François Legaret, qui a rencontré Jean-Pierre Duport au nom du groupe UMP, "on parle de 40 millions d’euros pour les casinos". Une source proche du dossier tempère cependant ce chiffre et évoque à Mediapart une fourchette comprise entre 15 et 30 millions. "Ces perspectives de recettes me semblent sous-évaluées, s’entête l’élu UMP. Nous avions déjà étudié la question à la fin du mandat de Tiberi [Legaret était alors adjoint aux finances et aux marchés publics, poste qu’il a occupé de 1995 à 2001 – ndlr]. Les casinos peuvent rapporter 80 millions d’euros à la ville. Au bas mot", Indique Médiapart dans ce même article.

Toujours selon les informations du site Médiapart, la maire de Paris a rencontré le préfet Duport pour discuter de l’ouverture de casinos dans sa ville. Elle se serait même directement entretenue avec le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve. "Le ministre a vu Anne Hidalgo avant le lancement de la mission Duport, confirme-t-on à Beauvau. Elle n’avait pas émis d’opposition".

Anne Hidalgo / DR
Anne Hidalgo / DR

Un discours qui tranche avec les propos qu’elle tient en public. Interrogée sur ce sujet le 26 mai, la maire de Paris a précisé sa position : "Moi, il se trouve que ce n'est pas ma tasse de thé (...) Il y un argument qui est qu'il faut légaliser les cercles de jeu qui sont illégaux pour remettre tout ça dans le cadre du droit. Cet argument-là je l'entends, pour le reste je n'ai jamais été demandeur du moindre casino à Paris. Je laisse l'Etat faire son travail sans en être demandeur".

Des oppositions multiples

Du côté de l’UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet a annoncé qu’elle était contre ce projet. NKM ne voit là qu’une logique strictement financière : "La gauche mange son chapeau là-dessus parce qu’ils se disent que c’est un moyen de récupérer non pas 15 millions d’euros comme le dit le préfet Duport mais probablement de l’ordre de 80 millions. On nous dit que ça serait plus moral que les cercles de jeux mais si on veut réglementer les cercles de jeu on peut le faire aussi".

Au-delà de cette posture, NKM veut aussi défendre la spécificité du casino d’Enghien, propriété du groupe Barrière. "Il y a aujourd’hui un équilibre qui a été trouvé avec un gros casino à Enghien". Le magazine Challenges indique que NKM pourrait être en mission de Lobbying pour défendre les intérêts du groupe Barrière.

Le PCF et EELV sont également opposés au projet. Mais devant les nombreuses oppositions à ce projet, une autre option, plus légère, a été développée dans le rapport. C’est le journal Le Monde qui dévoile l’information. "Elle consisterait à moderniser les antiques cercles de jeux, seuls lieux de la capitale aujourd’hui autorisés à accueillir les amateurs de poker ou de baccara. Au lieu d’être organisés sous forme d’associations à but non lucratif, un système peu adapté à ces cercles où circulent d’importantes sommes d’argent, ils pourraient relever d’un nouveau statut, celui de sociétés de jeu. Leur fiscalité serait revue. Ce pourrait être aussi l’occasion d’attribuer la gestion des cercles à de nouveaux exploitants. « Si la Mairie de Paris ne veut pas de casinos, c’est cette option qui sera retenue », indique l’entourage de M. Cazeneuve", peut-on lire dans le journal

Bernard Cazeneuve, ministre de l'interieur, un acteur clef dans ce dossier / DR
Bernard Cazeneuve, ministre de l'interieur, un acteur clef dans ce dossier / DR

Reste aussi la question du calendrier. Le gouvernement voudrait aller vite. L’idée d’intégrer un amendement au projet de loi de finances pour 2016 avait dans un premier temps été avancée, mais la remise du rapport tardant, les délais risquent d'être trop serrés d'ici l’automne.

Véritable serpent de mer, l’implantation d’un casino à Paris est loin d’avoir trouvé un dénouement. Cette mission d’information et ces consultations ne sont qu’un épisode de plus dans un long feuilleton. Autre question importante : quelle sera la place du poker dans ces futurs casinos ? Affaire à suivre !

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Julien Tissot

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