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Sismix : Dans la tête de Jean-François Rial

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Jean-François Rial et Julien Tissot
6 min à lire
Sismix : Dans la tête de Jean-François Rial 0001

PDG de Voyageurs du Monde, Jean-François Rial est un passionné de poker. Il vient de réaliser un beau Deep-run sur le Sismix à Marrakech en terminant 28eme (2668 €). Il a accepté de nous raconter son tournoi de l’intérieur avec une grande lucidité.

"Ce tournoi était simplement mon 15ème tournoi live, probablement celui où j'ai le plus appris, et surtout compris que quel soit ton niveau technique, l’accumulation d'expérience en tournoi est fondamentale.

Le contexte

L’organisation de ce Sismix était parfaite. Les équipes de Winamax ont réalisé un bel évènement. Les floors et croupiers étaient attentionnés et très pros. Franchement rien à dire !
Sur le Main Event de ce Sismix, il y avait un gros field de 872 joueurs inscrits, un mélange de jeunes Sharks Online dont beaucoup sont très bons, des regulars aux niveaux hétéroclites, quelques pros du Team Winamax et des récréatifs marocains, français, des étrangers, plus que j'aurais cru et des égarés de mon style... Bref, des passionnés du jeu.

Jour 1, "Attraper les moins bons joueurs"

Le jour 1 a été assez facile pour moi malgré l'absence totale de mains (les meilleures furent : Ax 5x, une seule grosse paire JxJx) en 12 niveaux soit 300 mains ce n'est pas brillant. Mais, j’ai touché pas mal de mains à potentiel genre QxJx , 8x7x , 10x8x, suited ou offsuit qui m'ont permis de rentrer dans les coups en Blinds ou en relançant dans les dernières positions.
A force de voler et de toucher, d'attraper les moins bons joueurs de la table, j'ai réussi à monter un stack au dessus de la moyenne malgré deux gros bad beats qui m'ont amputé de 50% et 75% de mon tapis.

Deux leçons de cette journée, sans grosse main on peut s'en sortir et Ne pas se déconcentrer après les bad beats. Pour la première fois en live j'y suis arrivé en continuant à jouer mon meilleur poker.

Jour 2, "Un tournoi est une tragédie grecque"

Le jour 2 a été très différent. Plus aucun joueur faible à mes tables et des très bons joueurs très agressifs n'hésitant pas à faire leur cold 4 bet ou 5 bet light avec leurs poubelles sur des spots bien choisis. J'ai eu affaire en particulier à un fou, qui abusait des overbets, des grosses relances preflop, qui voulait passer pour un Fish débutant, qui parlait tout le temps, mais je me suis assez vite aperçu que le joueur était très bon et qu'il nous racontait des histoires: super lecture, grosse expérience...

J'ai fini par l'attraper sur un gros coup mais son niveau était si élevé qu'il a réussi à limiter la casse et à même trouver un fold sur une grosse main chez lui à la river. Bref une journée de haut niveau (pour moi...) de poker avec des tables très difficiles, deux nouveaux bad beats pris dont un par Loïc Alexandroff (un très bon joueur) qui m'a fait une couleur backdoor, mais j'ai mis moi même aussi deux bad beats à des joueurs (c'est la première fois que cela m'arrive en live dont un au même Loïc sur une confrontation top paire Kx10x / Ax10x inévitable au niveau de la taille de mon tapis...). Un partout, balle au centre.

Jean-François Rial en compagnie de Kool Shen / Copyright Caroline Darcourt pour Winamax
Jean-François Rial en compagnie de Kool Shen / Copyright Caroline Darcourt pour Winamax

Cette deuxième journée fut clairement divisée en deux parties pour moi. La première où tout est ok et où je run good malgré 3 paires de Kx craquées sur 4 touchées... Je joue de mon image de joueur sérieux pour call en position les 3 bet des joueurs Sharks en essayant de les manipuler au flop où je me sens plus à l'aise que de faire monter la taille des pots préflop sur des moves hasardeux à forte variance.

Moves en bluff preflop d'ailleurs dont je conteste un peu l'efficacité pour deux raisons. D'abord ils génèrent une variance inouïe et les joueurs adorent payer. Ainsi, ils ne te donnent pas forcément un avantage au flop pour deux raisons : les joueurs te croient de moins en moins et de toute façon s’ils ont touché, ils vont avoir du mal à lâcher car un joueur aime payer. Bref je préfère le jeu post flop mais je manque beaucoup d'expérience...

Ensuite, savoir maîtriser le jeu short stack et la science du jeu est plus simple car tout est dans les ratios "range de ta main/position/taille de ton tapis/image des joueurs/coût des Blinds et ante". Dans cette seconde partie je m'en suis bien sorti passant la bulle sans souci et finissant même la journée 2 proche de la moyenne et dans la médiane des 33 joueurs restants (19eme).

La leçon de cette journée pour moi a été de constater à nouveau à quel point un tournoi est une véritable tragédie grecque. La taille de mon tapis est passée du plus petit au plus gros dans la même journée, cela t'imposes une gestion émotionnelle très fine et une adaptation de ton jeu permanente. La variance de la taille de ton tapis génère justement dans ton esprit des fluctuations mentales qui te handicapent pour les adaptations nécessaires. Le contrôle de ses émotions et de son esprit est à ce stade du jeu crucial. Je suis resté stoïque ce qui n'est pas toujours mon fort. J'ai fait des progrès de ce côté là !

Le Sismix au Casino Es Saadi / Copyright Winamax
Le Sismix au Casino Es Saadi / Copyright Winamax

Jour 3, "J'étais le Fish de la table"

Le danger est de se dire que d'être dans les 33 derniers sur 872 joueurs c'est déjà top. Les gains en argent ne sont pas ma principale motivation qui se situe dans la compétition et la beauté du jeu. Avant la partie je pense d'abord observer même si mon tapis ne me permettra pas de le faire longtemps. Apprendre des joueurs que je ne connais pas et aviser après... Il s'est passé tout l'inverse. Comme souvent !

Première main en Small Blind et j'ai 7x7x (mon tapis 410k Blindes 8/16k, Jérôme Sgorrano est en bb avec 860k). Tout le monde fold jusqu'à moi. Ca va être difficile d'attendre... Et là je ne joue pas très bien ce coup au vu du niveau des joueurs en face avec une ligne montrant bien trop de faiblesse :
Open préflop 2,3x de ma part puis puis je mise et colle la relance de Jérôme sur le flop 9x8x5x. Le tournant est un 8x et je checke folde...

Bref une ligne de jeu débile avec 3 signes de faiblesse. Jouer contre un tapis du double du mien hors de position... Il me fallait être soit plus agressif en particulier dans les tailles de mes mises, soit plus contrôler la taille du pot et opter pour des checks calls bien plus inquiétants pour mon adversaire. Le gagnant du tournoi à au passage eu la gentillesse de me donner sa main 9x8x... Bon fold Turn mais cela ne change rien au fait que ma ligne de jeu ne soit pas bonne sur ce coup là. J'étais le Fish de la table ! Cela m'a coûté la moitié de mon tapis et mon tournoi la dernière main étant anecdotique.

Dernière leçon pour un joueur sans beaucoup d'expérience... il est très difficile de jouer son meilleur poker toute une journée. Très difficile. A mon sens, il y a au moins quatre mains dans ce tournoi que je n'ai pas jouées de la bonne manière... mais on connaît tous cela !

Merci à Winamax et en particulier à Benjo, Kool Shen, à Caroline et Guillaume Darcourt pour tous les bons moments. Je tiens aussi à remercier aussi tous mes adversaires qui furent très sympathiques. J’ai aussi fait deux belles rencontres : Stéphane Matheu et Brian Benhamou".

PokerNews remercie Jean-François Rial pour sa disponibilité.

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Jean-François Rial et Julien Tissot

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