Mike Matusow: "Le Black Friday m'a coûté 186 millions"
Pour animer son site Cardplayer Lifestyle, Robbie Strazynski a lancé un Podcast, The Orbit. Durant ce dernier, Mike Matusow a révélé avoir perdu bien plus que ce qu'il avait sur sa bankroll de Full Tilt.
Alors que c'était l'anniversaire du Black Friday, "The Mouth" a donné son point de vue sur un épisode qui a formé les contours du poker actuel et de l'industrie des jeux.
Les invités de l'épisode 10 de The Orbit
- Blair Hinkle - poker pro; vainqueur WSOP et WSOPC
- Eric Hollreiser - ancien membre du staff PokerStars
- Mike Matusow - poker pro; vainqueur WSOP et ancien joueur sponsorisé
- Steve Ruddock - Rédacteur en Chef de la Gaming Law Review, directeur du contenu de BettingUSA.com
Les 4 invités évoquent leurs souvenirs d'un épisode qui a déjà une décade. "Je ne peux pas croire que c'était il y a dix ans. [...] Je pense aux cicatrices que cela a provoqué tous les jours. Pour moi, c'était hier", a confié Matusow.
Pour Ruddock, le Black Friday a "complétement bouleversé" l'univers des médias du poker. "C'était une période intéressante à couvrir au niveau de l'industrie du poker [...] Il a vraiment fallu travailler et ne pas se reposer sur sa connaissance du poker. J'ai du m'investir pour en apprendre plus sur les l'appareil législatif, la régulation et ce genre de choses", a expliqué le journaliste.
A peine arrivé chez PokerStars, dont il deviendra un directeur exécutif, Eric Hollreiser a aussi vu son monde basculer. "Le Back Friday cela a été 24 heures très intenses. Les managers et les propriétaires de PokerStars vivaient une crise existencielle, le téléphone sonnait non-stop", se souvient-il.
"En tant que Directeur, les crises te donnent l'occasion de montrer ta valeur. Mais pour les 2 années qui ont suivies le Black Friday, tout ce que nous avons fait prenait son origine dans ce moment si particulier", ajoute Hollreiser.
La discussion bascule sur l'état du poker online aux USA et sur une éventuelle régulation à venir. Victime du Black Friday, Blair Hinkle avait gagné 1,1 million de dollars sur les FTOPS de Full Tilt deux mois avant ! Le joueur discute de cet argent gelé pendant plus d'une année, il convient facilement que "le Black Friday a affecté tout le monde".
"C'est une expérience qui ne peut que te faire grandir et apprendre. Je suis devenu plus fort mentalement après ça, mais retrouver possession de ce million cela a été un des meilleurs moments de ma vie", raconte le pro avant d'attirer l'attention des joueurs qui jouent sur Internet depuis le territoire américain. Il s'est montré "très sceptique" vis à vis des sites opérant dans des Etats non-régulés.
"Je garde très peu d'argent sur ces sites, quand je gagne je retire immédiatement. Ce que j'adorerais c'est de voir les sites sérieux et qui existent sur des marchés régulés revenir aux USA"", poursuit-il avant que Matusow n'entre dans le vif du sujet.
Mike Matusow offre durant tout l'épisode un aperçu de son expérience de Pro Full Tilt. Il raconte qu'il a failli signer pour PokerStars mais qu'en définitive son amitié pour Howard Lederer, Erik Seidel et John Juanda a tout changé. "La plus grosse erreur que j'ai jamais commise c'est de ne pas dire oui à PokerStars [Howard, Erik and John] ont tiré de moi un énorme profit. J'avais confiance en eux et j'ai cru dans leur discours, un discours dans lequel mon intérêt propre était au centre. En définitive, mes meilleurs intérêts n'étaient pas les leurs", avoue Matusow.
Matusow raconte ensuite que le Black Friday a largement changé ses plans. Il devait partir à Londres en avril 1991 pour filmer le show Late Night Poker... mais il a reculé devant la gravité des événements. Après que Lederer ait insisté, Matusow s'est envolé et a donc participé au tournage de deux épisodes.
Le lendemain la production arrêtait les frais. "J'ai demandé pourquoi et ils m'ont répondu qu'un chèque de Full Tilt sans provision avait été refusé. Un chèque de 1,1 million de dollars. On parle d'une entreprise qui gagnait 2,5 millions de dollars de rake par jour. Chaque jour", raconte The Mouth.
"Je ne savais rien. J'avais complètment aucune idée de l'absence totale d'argent dans les caisses à la fin. Ces enfoirés", tonne Matusow avant de raconter les conséquences pour lui.
Une bankroll de 400 000$ bloquée sur Full Tilt... en une nuit Matusow a vu la totalité de son capital s'envoler. "Maintenant j'ai du respect pour l'argent. Avant 1 000$ c'était comme 1$... et maintenant je me demande comment j'ai pu être comme ça; je me demande comment j'ai pu vivre comme cela. Désormais, 1 000$ c'est une somme et je crois que cela fait de moi une meilleure personne", explique le joueur US avant de faire une révélation.
Matusow explique en effet comment il aurait pu se retrouver embarquer dans l'aventure de "Get Lucky Poker", un site de poker s'appuyant aussi sur le Bitcoin.
Matusow explique qu'en 2012, à une époque où le Bitcoin valait 27$, il avait l'équivalent de 10 000 dollars de cette crypto-monnaie. Après avoir reçu des menaces sur sa potentielle implication dans "un autre schéma de Ponzi", Matusow a reculé et vendu ses avoirs contre 10 000$.
Mais Matusow est un joueur de la vieille école et il explique donc au feeling que "ses 10 000$ en Bitcoin vaudraient 186 millions de dollars. Après si j'avais 100 millions qui sait ce que je deviendrais, peut être je retomberais dans la drogue. Je serai peut être déjà mort", raconte-t-il en exagérant à peine. Au cours d'aujourd'hui, ses 370 Bitcoin ne représenterait en effet "que" 19 millions d'euros!
On Episode #10 of #TheOrbit we will mark 10 years since Black Friday together with @blur5f6, @erichollreiser,… https://t.co/Sdl3wtXjaD
— Robbie Strazynski (@cardplayerlife)