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Hand reading : Informations utiles pour évaluer la range adverse

Jeremie B.
Jeremie B.
5 min à lire
Lecture des hand ranges

Selon le théorème du poker énoncé par David Sklansky : "A chaque fois que vous jouez une main d'une manière différente de celle dont vous l'auriez jouée en voyant les cartes de vos adversaires, ils gagnent ; à chaque fois que vous jouez une main de la manière dont vous l'auriez jouée en en voyant les cartes adverses, ils perdent". Evidemment, on a rarement l'occasion de jouer en voyant les cartes adverses. C'est là qu'intervient le "hand reading" ou la lecture de l'éventail de mains adverses. Cet exercice consiste à évaluer les mains possibles et probables qu'un joueur peut avoir dans chaque situation afin de prendre autant que possible des décisions optimales.

Il est impossible (sauf rares exceptions) de mettre l'adversaire sur deux cartes précises. Il est toutefois toujours possible de le mettre sur un éventail de mains plus ou moins large. Un tracker (logiciels d'aide à la décision) est un outil très utile et il est indispensable d'utiliser des logiciels gratuits comme PokerStove ou Instarange pour savoir quelles types de mains correspondent à tel ou tel pourcentage.

Etablir un éventail de mains préflop

La première étape consiste à catégoriser les adversaires selon leurs tendances préflop. Pour cela, il est utile de disposer des statistiques fournies par un tracker, bien qu'être suffisamment attentif peut aussi suffire à dégager des tendances si l'on ne joue pas sur un grand nombre de tables.

VP$IP : (Volontarily put Dollars in pot) cette statistique indique le nombre de mains avec lesquelles un joueur décide volontairement (sans tenir compte des fois où il checke sa big blind) de voir le flop. Un joueur standard aura un VP$IP de 20% environ. En dessous de 15%, il est très serré, au dessus de 25%, il commence à être large. Plus un joueur voit de flop, plus sa range est globalement faible préflop.

PFR : (Preflop raise) indique le pourcentage de mains avec lesquelles un joueur relance préflop et permet de ce fait de faire une estimation du type de mains qu'il peut avoir quand il relance. Celui-ci peut varier et sa valeur absolue est importante (plus il est élevé, plus l'éventail de mains relancées est faible). Mais il est aussi très intéressant de voir le "gap" relatif au VP$IP. Le "gap" étant la différence entre le VP$IP et le PFR. Un bon joueur, donc agressif, aura un gap peu élevé (un joueur serré et agressif jouant 20/18 à un gap de 2). Un mauvais joueur préflop aura souvent un gap très élevé (un joueur large passif joueur 35/15 a un gap de 20). Si un joueur large 30/15 paye votre relance préflop, vous savez qu'il ne fait cela qu'avec 20% de ses mains.

ATS : (Attempted to steal blinds) cette statistique permet de savoir à quelle fréquence un joueur vole les blinds en relançant depuis le cut-off ou le bouton. Un "bon" voleur de blinds aura un ATS compris entre 20% et 30%. Lorsqu'un joueur relance en position de cut-off ou de bouton, cette statistique tient lieu de PFR.

Il est très intéressant de comparer l'ATS au PFR pour savoir si un joueur joue en fonction de la position ou non. Un bon joueur va logiquement relancer moins de mains en début de parole qu'en position tardive, de ce fait son ATS sera mécaniquement plus élevé que son PFR. On peut donc en déduire que si un joueur a un PFR égal ou supérieur à son ATS (dit autrement, si un joueur ne relance pas plus de mains en fin de parole qu'il n'en relance en début de parole), c'est qu'il joue sans tenir compte de sa position, mais uniquement selon les cartes qu'il a en main.

Affiner l'éventail adverse post-flop

Parmi les nombreuses statistiques fournies par un tracker sur le jeu post-flop (comme le pourcentage de continuation bets ou de donkbet par exemple), il y en a une tout à fait essentielle :

AF (Agression factor post-flop). Cette statistique mesure l'agressivité d'un joueur (la fréquence à laquelle il mise et relance) comparativement à sa fréquence de call. Ce n'est pas un pourcentage, mais un ratio calculé comme suit : (nombre de bets+nombre de raises)/(nombre de calls).

Cela est important car il y a de ce fait deux manières d'avoir un AF élevé (supérieur à 2) et donc deux types de joueurs agressifs. Un AF élevé signifie qu'un joueur mise et relance beaucoup, y compris avec de mauvaises mains OU fold beaucoup de mauvaises mains et ne mise souvent qu'avec les bonnes. Les joueurs passifs, avec une tendance à call des mises et relances, auront quant à eux un AF inférieur à 2.

A noter que beaucoup de joueurs n'utilisent que l'AF comme une moyenne sur le flop, la turn et la river, ce qui est dommage car c'est se priver de beaucoup d'informations sur les tendances post-flop d'un joueur. Les trackers permettent de connaitre l'AF sur chaque street. Certains joueurs ont tendance à être trop agressif sur le flop (faire des continuation bets automatiques) tandis que d'autres ont une tendance à être trop passifs river (ayant peur du dernier gros bet, ils ne bluffent et ne valorisent pas assez).

Il est alors intéressant de mettre l'AF en relation avec d'autres statistiques comme le pourcentage de fois où un joueur fold face à un continuation bet sur le flop, fold face à un c-bet sur la turn ou face à un 2-barrel (deux mises consécutives sur le flop et la turn) voire 3-barrel (trois mises consécutives sur le flop, la turn et la river). Cela permet de savoir si un joueur a tendance à rester souvent dans une main et, ainsi, évaluer la force globale de sa range au fur et à mesure que la main avance.

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