Stratégie Cash Game : l'agression post-flop en poker high stakes
Cet article aborde la façon dont il convient de faire face à une plus grande agressivité post-flop sur les tables de cash game lorsque l'on monte de limite. Le niveau moyen des joueurs augmente et l'agressivité à laquelle nous sommes confrontés également. Il fait suite à cet article sur l'agressivité pré-flop en high stakes.
Jouer post-flop les pots sur-relancés pré-flop
Lorsque vous commencez à faire plus de 3-bet (sur-relances) pré-flop sans nécessairement avoir une main très forte, il vous faut faire des ajustements post-flop. Votre éventail de mains devient très large et vous ne pouvez pas vous contenter de faire un continuation bet sur tous les flops. Essayez de voir comment les différents joueurs à votre table réagissent à vos 3-bet, avec quelles mains ils vous payent et, en partant de là, quelles textures de flop vous sont favorables ou non. Vous devrez en général miser une fraction du pot moins importante que d'habitude puisque vous aurez déjà investi 12% de votre stack préflop (en assumant que vous jouez avec un tapis de 100 big blinds). Cela vous permet tout de même de jouer tout votre tapis dans le pot quand vous le désirez en 3 streets et cela permet aussi d'économiser quand votre adversaire devient trop agressif.
Les pots relancés pré-flop en tête-à-tête post-flop
Hormis l'agression pré-flop, vous devrez aussi faire face à plus d'agression post-flop, en particulier les pots 2-bet (avec une seule relance préflop) en tête-à-tête. Tout le monde est conscient que l'agresseur pré-flop fait un continuation bet sur le flop régulièrement et beaucoup de joueurs ne vont pas se contenter de jouer le flop uniquement quand ils ont floppé une main assez forte. Cela nous conduit à jouer des mains en moyenne moins fortes pour répondre à l'agression adverse. En conséquence certaines mains marginales ont de la showdown value (une bonne chance de gagner à l'abattage) alors qu'elles n'en auraient aucune sur des tables de faibles limites.
Contre les joueurs trop agressifs
L'on rencontre aussi des joueurs trop agressifs, qui voient chaque signe de faiblesse comme un signal pour essayer de prendre le pot. Contre ce type de joueur, il est souvent plus profitable de prendre une ligne passive. Il peut être assez énervant de jouer contre ces joueurs, surtout hors de position car votre adversaire est en position favorable pour vous pousser à prendre des décisions difficiles. Mais, tant que ce n'est pas un très bon joueur, il va souvent finir par commettre beaucoup d'erreurs en essayant de bluffer avec trop de mains.
Contre les bons joueurs réguliers
Lorsque vous jouez contre une joueur régulier moyennement agressif, il est essentiel de ne pas faire de continuation bet trop souvent. Il s'attend à ce que vous fassiez un continuation après avoir totalement manqué le flop. Si vous faites des continuation bets moins souvent que ce qu'il espère, il va réagir plus agressivement. Il y a aussi de nombreux flops où votre main peut avoir plus de showdown value lorsque vous checkez que lorsque vous misez.
Un exemple de ce cas de figure est Q♠Q♣ sur un flop K♣7♦5♥. Vous aurez rarement trois streets de value avec une simple paire de Dames ici. Mais si vous checkez le flop, vous arriverez souvent à prendre une mise à une paire intermédiaire qui interprète votre check sur le flop comme un signe de faiblesse. Vous devez cependant ne faire cela qu'avec des mains avec lesquelles vous avez une chance de gagner au showdown, mais aussi des mains avec lesquelles vous avez totalement manqué le flop.
Cela peut parfois mal tourner dans la mesure où votre adversaire, voyant que vous checkez un flop parfait pour un continuation bet, s'ajustera en refusant de miser la turn sans une main faite. De plus, vous n'êtes pas obligé d'abandonner le coup si vous checkez après votre adversaire avec une main qui a complétement raté le flop.
Contre les joueurs qui réalisent qu'un flop où vous ne faites pas de continuation bet ne veut pas nécessairement dire un flop que vous avez manqué, vous pouvez toujours essayer de prendre le pot avec un continuation bet sur la turn (delayed c-bet) s'ils checkent à nouveau. Pour eux, nous avons une main faite mais faible, dans la mesure où nous jouerions QQ de la même façon.
Les flops à tirages
Tout cela se complique si le flop apporte des possibilités de tirages, si la turn peut apporter plus de cartes défavorables. Dans ce type de situations, il est essentiel de savoir comment notre adversaire joue ses tirages sur ce flop particulier. S'il aime prendre l'initiative avec ses tirages avec une relance en semi-bluff sur le flop ou s'il préfère checker. Aussi, un joueur qui check-raise avec un tirage sur le flop va généralement miser à nouveau sur le turn. Si vous pensez qu'il va prendre une ligne plus passive, il est souvent mieux de miser immédiatement vous-même ainsi il y a moins de scare cards (cartes qui sont menaçantes pour votre main) qui peuvent pousser à jeter une main qui une certaine showdown value.
Faire face à l'agression en étant hors de position
Lorsque vous êtes hors de position, tous cela se complique encore. Il est facile de jeter une main qui n'a aucune valeur, puisque beaucoup de joueurs relancent en (semi-)bluff lorsqu'ils sont en position. Mais il est plus difficile de jouer une main avec de la showdown value passivement et devant faire face à l'agression de votre adversaire. Cela dépend de la fréquence à laquelle votre adversaire peut miser trois streets en pur bluff et à quelle fréquence il va transformer une main faite en bluff. Vous pouvez également choisir de check-call. Vous avez en revanche moins de possibilités de transformer votre main faite en bluff quand une scare card tombe, comme vous auriez pu le faire si vous êtiez l'agresseur.
Utiliser le check-raise sur les turn et river
Une autre façon d'utiliser l'agression est de souvent check-raise, avec un mélange de mains très fortes et de purs bluffs. Je pense que beaucoup de joueurs, y compris moi-même, ne check-raisent pas assez souvent sur la turn ou la river bien que beaucoup d'adversaires tenteraient de reprendre l'initiative si on décide de check.
L'une des situations les plus communes pour check-raise la turn est lorsque vous pensez que votre adversaire paye le flop pour floater la turn. Il croit que vous faites un continuation bet en ayant raté le flop et tente de voler le pot sur le turn alors que vous montrez de la faiblesse.
Un check-raise sur la turn représente une grande force car vous faites souvent cela avec des mains avec lesquelles vous voulez jouer tout votre tapis. Aussi, il y a de bonnes chances que votre adversaire décide de fold, mais cela peut aussi être un investissement cher et inutile. C'est pourquoi je recommande de ne faire cela qu'avec des mains très fortes ou des semi-bluffs avec lesquels vous avez encore des outs quand vous êtes suivi.
check-raise sur la river
Le check-raise sur la river est plus compliqué. Vous devez savoir quand votre adversaire va faire un "thin value bet" (mise pour valoriser une main faible en espérant être suivi par une main encore plus faible), mais vous devez également faire très attention à ce que vous représentez. Si la façon dont vous jouez votre main paraît illogique, vous serez souvent payé.
Vous pouvez retourner cela à votre avantage en adoptant des lignes "absurdes" avec vos très fortes mains. Mais pensez toujours que même si vous avez la meilleure main, ce n'est pas forcément une raison pour relancer. Beaucoup de mains perdent leur valeur si vous les jouez trop agressivement car toutes les mains plus faibles susceptibles de vous payer préfèreront passer et vous ne vous retrouverez que contre des mains plus fortes.
J'espère vous avoir apporter de nouvelles idées pour améliorer votre stratégie. Le poker est jeu que l'on apprend en y jouant. Si vous jouez contre de bons joueurs agressifs régulièrement, il vous sera plus facile d'identifier les situations décrites dans cet article. Essayer certaines des techniques que j'ai décrites ici et n'ayez pas peur de tenter quelques moves contre les joueurs réguliers.
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