3 mythes du poker de tournoi expliqués par Miikka Anttonen
Le Finlandais Miikka Anttonen a mené la vie de degen sur le circuit pendant des années avant de prendre sa retraite en 2018 après la publication de ses mémoires de joueurs. Il nous fait profiter de son expérience lui qui était plutôt un joueur de cash-game qui a tout de même cumulé près de 300.000$ de gains...
Le poker reste un jeu où 1% des joueurs fait de l'argent et les autres pensent être bons mais aussi malchanceux.
Dans ce groupe de poissards, de nombreux joueurs ont en plus tendance à penser qu'ils ont tout compris au poker.
C'est dur de passer du temps aux tables de poker sans entendre des mythes bizarres et des fausses vérités à propos du jeu. Des déclarations qui n'attendent que d'être contredites par la partie en cours.
Voici trois des mythes qui restent dans mon panthéon personnel.
Mythe n°1: Un jeu agressif nécessite un gros tapis
Certains joueurs pensent qu'il faut un tapis conséquent pour mettre la pression sur vos adversaires. De manière similaire, le gros tapis de la table est souvent perçu comme celui qui endosse doit nécessairement le laisser agir à sa guise. C'est un non-sens.
Vous recevez deux cartes; vous jouez la main au maximum de vos capacités, une main après l'autre.
Chaque main est un challenge unique. Le poker n'est pas le football, le plan parfait à exécuter une fois sur le terrain n'arrive jamais.
Vous recevez deux cartes; vous jouez la main au maximum de vos capacités, une main après l'autre.
Quand vous décidez de la meilleure action à faire lors d'une main, il y a une myriade de facteurs à considérer. La taille des tapis est un facteur décisif, probablement le plus important. Parfois, il y a des situations où vous devez jouer loose avec un petit tapis et très serré avec un gros stack.
Exemple 1: La bulle approche. Le gros tapis à votre droite semble relancer toutes les mains. Vous avez 15-20 blindes, quelle stratégie vous semble le plus adapté ?
- Fold toutes les mains et laisser le capitaine mener la danse.
- Attaquer ses ouvertures avec une relative fréquence de 3-bet à tapis.
Exemple 2: C'est le Jour 2 du Main Event WSOP, vous avez un gros tapis et vous êtes changé de table. A votre gauche, il y a Nick Petrangelo, Stephen Chidwick et Phil Ivey qui ont tous les trois moins de jetons que vous. Quelle va être votre approche ?
- Enfiler votre casquette de capitaine et attaquer leurs blindes avec n'importe quelles cartes ?
- Jouer un poker solide tout en évitant de vous mettre dans des spots compliqués face aux meilleurs joueurs du monde.
L'option 2 est largement supérieure selon moi, cela dans nos deux exemples.
Devez-vous partir à la chasse et jouer les justiciers quand vous avez un gros tapis ? Absolument. Mais votre plan de jeu doit toujours dépendre de l'opposition que vous affrontez et de la situation de la main en cours.
Mythe n°2: Avec mon petit tapis, j'étais obligé
Il y a quelques années, je disputais la finale d'un tournoi turbo en Australie. Le seul joueur un peu compétent qui restait en lice était une joueuse locale qui avait un jeu solide et agressif.
Nous étions encore 7 et trois joueurs n'avaient plus que 4 blindes (ou moins). La moyenne était à 12 blindes et je faisais partie des shorts. Le chipleader - qui avait tous les jetons et jouait donc toutes les mains ou presque - ouvre alors à 3 blindes UTG.
Notre Australienne répond alors par un shove pour 10 blindes UTG2 avec les 5x5x... et s'incline finalement contre AxKx pour sauter à la 7e place... pour mon plus grand plaisir.
A sa place, je passais sans hésitation même une paire de 9x9x. De son point de vue, c'était juste un cooler, un coup inévitable, et elle a lâché qu'elle "n'avait que 10 blindes et une paire". "Je devais y aller", a-t-elle ajouté.
Toute la table n'a rien trouvé à redire, pendant que je rigolais à l'intérieur. Elle était en deuxième ou troisième place au chipcount virtuel avant cette main, elle avait quasiment la garantie de gagner quelques paliers de paiement supplémentaires. Son seul boulot était de jouer serré et laisser les autres sauter. A contrario, elle a décidé d'adhéré à la règle qui n'existe pas qui explique qu'il faut faire tapis avec n'importe quelle paire quand on est short.
Si j'avais eu son tapis, j'aurais préféré faire tapis directement avec 7x2x en petite blinde sur la grosse blinde du gros nit juste à sa gauche - ce dernier suffoquait littéralement sous la pression de l'ICM - plutôt que de faire tapis avec une petite paire après une ouverture du chipleader.
Il y a des situations ou faire tapis avec 7x2x et 10 blindes et d'autres où il faut jeter une main aussi forte qu'une paire de 7x7x... avec le même nombre de blindes. Ce sont des exemples un peu extrême mais ces spots arrivent tout de même fréquement.
Pour généraliser, je dirais qu'avec moins de 15 blindes et l'absence d'un monstre en mains, il faut rechercher deux paramètres avant de tout mettre au milieu:
- La Fold equity (votre adversaire va-t-il jeter souvent?)
- L'argent mort déjà dans le pot.
J'ai un exemple pour ce qui est de la dead-money:
Nous sommes aux niveaux intrmédiaires d'un tournoi. Hero à 10 blindes.
Hero reçoit 5♠5♦ en big blind.
Un joueur en MP rouvre à 2 blindes. Le Hijack call. Le Cutoff et le bouton se joignent à la fête avant que la petite blinde ne passe son tour. Hero…?
Si vous faites tapis ici, vous allez virtuellement être payé 100% du temps. Cela probablement un flip. Pourtant, l'argent mort peut justifier un shove car vous avez une chance tripler avec (probablement) 50% de chances de gagner le coup.
Avec une ouverture à 3 blindes du joueur en MP et aucun payeur, faire tapis avec 5x5x est moins glamour, il y a moins d'argent à gagner pour un risque au moins équivalent.
Mythe n°3: Vous ne pouvez pas défendre la blinde avec moins de 10bb
Je trouve qu'un nombre alarmant de joueurs semble penser qu'il ne faut jamais payer une ouverture avec moins de blindes qu'un certain montant spécifique. Les gens le pensent car cela était marqué dans un livre de poker référence... publié en 1998.
Mon conseil est simple, ne suivez pas les conseils poker datant de 1998.
De nos jours, la majorité des joueurs ouvrent moins cher qu'il y a une décade. Quand vous êtes en grosse blinde face à un min-raise, vous n'avez besoin que de 20% d'équité pour continuer... et la plupart des mains auront au moins 30% face à l'éventail de mains d'ouverture de vos adversaires.
Vous allez me dire que vous allez folder sur une tonne de flops ? C'est vrai vous n'allez pas réaliser votre équité à chaque fois mais vous allez frapper suffisamment pour défendre vos mains jouables.
Réaliser son équité est plus facile hors de position avec un petit tapis car il y aura peu de jeu post-flop. Si le cutoff ouvre et que vous défendez 10♥8♥ avec 6 blindes... vous n'allez jamais faire une erreur postflop - si vous touchez vous allez partir à tapis. Si le flop ne vous donne aucun tirage, bienvenue dans le check-fold et coup suivant !
Avec 30 blindes, il va être plus compliqué de réaliser votre équité, cela est du à la menace de la pression subie sur les différentes streets face à un adversaire qui a la position. Plus vous tombez en zone dangereuse, plus il va être facile d'identifier la bonne manière de jouer post-flop et de réaliser votre équité. Cela nous permet de défendre une range un peu plus large qu'attendue par les adversaires.
Merci de votre attention!
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Contenu sponsorisé par Upswing Poker et rédigé par Miikka Anttonen.