WSOP 2009 Live : Neuf 'November Nine' et un seul Champion du Monde

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07 Nov 2009 12 min à lire

Live Reporting de la Table Finale des World Series of Poker

Les November Nine seront donc de retour dès ce soir, samedi 7 novembre, au Rio Casino de Las Vegas, afin de décider lequel d'entre eux accédera à l'immortalité pokéristique. A l'approche de cette table finale du Main Event des World Series of Poker 2009, les bookmakers sont débordés et le petit milieu des journalistes spécialisés spécule sur l'effet que le prochain Champion du Monde pourrait avoir sur notre discipline bien-aimée. Aux Etats-Unis même, le poker online se situe à un moment crucial de son processus de reconnaissance législatif, alors qu'il gagne des soutiens à la Chambre des Représentants et que certaines des dispositions de la loi UIGEA sont prêtes à être imposées au système bancaire américain. Le Poker aurait bien besoin d'un nouvel 'Ambassadeur', à même de rallumer la passion du public pour ce jeu, et certains des finalistes de cette année ont le potentiel nécessaire pour allumer un nouveau 'poker boom' — sans doute pas du niveau de celui initié par Chris Moneymaker, lorsqu'il avait mis pour la première fois le poker sous le feu des projecteurs en 2003, mais assez significatif tout de même pour attirer des hordes de nouveaux joueurs aux tables. Voici un récapitulatif des forces en présence parmi les "November Nine" et de l'effet potentiel qu'une victoire de chacun d'entre eux aurait sur l'industrie du poker.

Le 'Monsieur tout le monde' : Darvin Moon

Cotes de Darvin Moon

Si Darvin Moon glisse le bracelet du Main Event à son poignet lundi prochain, cela ne risque pas de dissuader les sceptiques qui persistent à penser que le poker n'est qu'un jeu de chance. On hériterait d'un nouveau Champion-du-Monde-qualifié-via-un-tournoi-à-130$-avec-des-potes, un petit Moneymaker qui incitera quantité de curieux à mettre la main à la poche et à se payer quelques buy-ins de tournoi dans un cercle ou dans un casino. Moon est le moins expérimenté des finalistes, et l'un des moins calés techniquement. Son itinéraire jusqu'en table finale est pavé de paires d'As servies et de brelans floppés. Jamais plus sans doute il ne touchera autant de cartes en l'espace d'une semaine. Il est difficile de prévoir comment Moon se comportera en table finale; Plusieurs fois déjà, il a admis qu'il se contentait de jouer les cartes qui lui étaient distribuées. Et ça n'a pas été super difficile à faire, étant donné le nombre de mains premium qu'il a touchées. Moon ayant esquivé toute publicité intempestive et la plupart des demandes d'interviews durant les quatre mois écoulés, il pourrait bien souffrir de se retrouver d'un coup sous l'oeil des projecteurs. Et même un peu plus que ses petits camarades.

Une victoire de Moon serait loin d'être idéale pour l'industrie du poker car il est probable qu'il se contentera d'empocher l'argent et de disparaître dans ses forêts du Maryland, pour ne plus jamais remontrer le bout du nez. Moon a décliné toute offre de sponsoring, n'a jamais joué une seule main de poker en ligne de toute sa vie et ne semble pas être le genre de type prêt à radicalement changer de style de vie en cas de victoire. Moon ne veut pas devenir le prochain 'Ambassadeur du Poker'. On ne le verra pas ré-injecter une partie de ses 8,5M$ de gains dans l'économie du poker, via des participations à quelques tournois majeurs par exemple. On ne le verra monter au créneau et participer à des actions de 'lobbying' au Congrès afin de lutter contre la loi UIGEA, et il ne réclamera sans doute pas non plus de siège pour venir participer à un High Stakes Poker. Si Darvin Moon remporte le Main Event, il imitera le Champion du Monde 2007 Jerry Yang, replongera dans l'anonymat et se satisfera de n'être devenu pour la postérité qu'une réponse à une question de Trivial Pursuit.

Le banquier : Steven Begleiter

Cotes de Steven Begleiter

Dans un portrait de Time magazine consacré à Steven Begleiter (et, de manière assez curieuse, écrit par un des membres de sa ligue de poker de Chappaqua, dans l'Etat de New-York), Phil Hellmuth qualifie ce joueur amateur de 47 ans de "loose cannon" — c'est-à-dire d'électron libre, de joueur imprévisible — et le voit bien commettre une grosse erreur en table finale.

"Il va payer des grosses relances et des sur-relances avec des mains qu'aucun pro n'accepterait de jouer" affirme ainsi Hellmuth.

Niveau de jeu mis à part, Begleiter va avoir du mal à mobiliser une large base de supporters, étant donné son appartenance au monde si décrié de la Haute Finance. Begleiter a travaillé pendant 24 ans pour le géant de la banque d'investissement Bear Stearns. En 2008, au plus fort de la crise financière, il était à la tête de sa division 'Stratégie' et a assisté, impuissant, à l'effondrement de sa banque et à son rachat par JP Morgan. Il supervisait également la gestion d'actifs de la compagnie et siégeait à son comité de gestion. Aujourd'hui, il est l'un des partenaires de de la firme de capital-risque Flexpoint Ford.

Dans une interview accordée au New York Times cet été, Begleiter n'a pas montré énormément d'empressement à parler de sa carrière. D'ailleurs, qui songerait à l'en blâmer, étant donné l'image déplorable dont son secteur jouit auprès de l'opinion publique américaine.

"Beaucoup d'idioties populistes circulent en ce moment mais je suis très fier de mes collègues. Nous avons fait beaucoup de bien, nous avons injecté beaucoup d'argent dans la communauté et tout ceci est honteux. Proprement honteux" a notamment déclaré Begleiter.

Même Norman Chad, au commentaire d'ESPN durant le Main event, n'a pas pu s'empêcher d'envoyer une vanne : "Il protège mieux son big blind que Bear Stearns n'a protégé ses investisseurs !"

Depuis qu'il a rejoint les "November Nine," Begleiter a décroché une grosse récompense en tournoi "live", avec une 9ème place au Main Event du WPT Legends of Poker, qui s'est tenu Bicycle Casino. D'après ce que nous avons pu observer durant les diffusions du Main Event des World Series sur ESPN, l'opinion d'Hellmuth sur Begleiter pourrait se révèler assez juste au final. S'il est prêt à miser tout son tapis sur un 'coin-flip', Begleiter pourrait être rapidement éjecté de la table finale.

Les jeunes pousses : Eric Buchman et Joe Cada

Cotes de Joe Cada

- sur Betfred : 12/1

- Sur PartyBets : 13/1

Cote d'Eric Buchman

- sur Betfred : 4/1

- sur PartyBets : 5/1

Si j'ai décidé de rassembler ces deux joueurs sous le même intitulé, c'est qu'une victoire de l'un d'entre eux au Main Event aura sensiblement le même impact. Tous les deux sont de jeunes et talentueux joueurs américains. Cada s'est fait un nom en ligne tandis que Buchman s'est plus concentré sur le jeu "live". Agé de tout juste 21 ans au départ des World Series of Poker, Cada possédait déjà deux scores à six chiffres à son palmarès Internet, avec une victoire au Tournoi 'Sunday $750,000 Guaranteed' sur Full Tilt et et une autre dans un tournoi seconde-chance à 1.000$ de buy-in pendant les WCOOP 2009 sur Pokerstars. Buchman, 29 ans, avait déjà amassé plus de 1M$ de gains en tournoi live avant le coup d'envoi du Main Event cette année, dont neuf places payées aux WSOP et une seconde place à une étape du WSOP-Circuit, à Atlantic City en 2007. Les deux joueurs ont également signé avec de nouveaux sponsors durant le break imposé de quatre mois, Buchman passant de Full Tilt à PokerStars et Cada d'Ultimate Bet à PokerStars.

Si Buchman ou Cada remportent le Main Event, l'industrie du poker ne tremblera pas sur ses bases. Ils en profiteront simplement pour faire passer un nouveau palier à leur carrière de joueur professionnel. PokerStars signera probablement n'importe lequel des deux pour un contrat à long-terme qui les fera défendre les couleurs de la marque sur tous les grands circuits internationaux, type EPT, LAPT et APPT.

Les européens : James Akenhead et Antoine Saout

Cotes d'Antoine Saout

- sur Betfred : 18/1

- Sur PartyBets : 17/1[/I]

Cotes de James Akenhead

Si un autre 'Poker boom' doit résulter du couronnement d'un nouveau Champion du Monde cette année, cela proviendra sûrement de la victoire-surprise d'un des deux joueurs européens encore en course, le français Antoine Saout ou le britannique James Akenhead. Les deux plus petits de la table finale, Saout et Akenhead, en sont également les outsiders les plus improbables. Mais si jamais l'un des deux devait se frayer un chemin jusqu'à la victoire, leurs compatriotes y verraient sans aucun doute une incitation forte à aller faire un tour du côté des tables de poker en ligne. Le poker connaît toujours une forte croissance en France et en Grande-Bretagne, et une victoire d'un joueur en provenance d'un de ces deux pays aura comme conséquence immédiate une explosion des inscriptions sur les rooms de poker en ligne.

En octobre, Saout et Akenhead ont égalé un record que beaucoup de journalistes pensaient à l'abri pour un long moment : Tous deux ont atteint la table finale du Main Event des WSOP-Europe à Londres, l'année-même où ils parvenaient au même exploit à Las Vegas, une performance que seul Ivan Demidov avait accomplie avant eux en 2008. Akenhead a terminé 9ème et Saout 7ème. Tous deux savourent aussi des contrats de sponsoring flambant neufs — Akenhead est devenu l'un des "red pros" de Full Tilt Poker, tandis que Saout a signé chez Everest, room sur laquelle il s'était qualifié pour le Main Event via un satellite à 50$.

Le semi-pro : Kevin Schaffel

Cotes de Kevin Schaeffel

Kevin Schaffel, 51 ans et père de deux enfants, c'est un peu votre voisin de palier en visite chez les November Nine, un rôle qui avait été tenu avec brio par Dennis Phillips en 2008. Mais Schaffel va revenir en jeu avec une expérience de tournoi bien supérieure à celle que pouvait revendiquer Phillips l'année dernière. Avant le début du Main Event cet été, Schaffel avait déjà comptabilisé 168.000$ de gains en tournoi. Et depuis qu'il fait officiellement partie des November Nine, un-demi million de dollars supplémentaire sont venus s'ajouter à ce joli pécule, grâce notamment à l'EPT de Londres en octobre (où il a atteint les trois dernières tables) et à sa seconde place du WPT Legends of Poker au mois d'août. Et ce que la plupart des gens ne savent pas à propos de Schaffel, c'est qu'il est rentré à trois reprises dans les places payées du Main Event des WSOP ces six dernières années, avec une 324ème place en 2008 et une 42ème place en 2004.

Une victoire de Schaffel pourrait avoir un impact similaire sur le monde du poker à celle de Greg Raymer il y a cinq ans. Tout comme Raymer en 2004, Schaffel est un semi-pro talentueux qui disposait jusqu'à récemment d'un métier régulier, en l'occurrence la direction d'une société de marketing direct. Les pieds sur terre, doté d'un contact facile avec les médias, Schaffel a déjà monnayé sa présence en table finale contre un généreux contrat de sponsoring avec PokerStars. Son jeu solide pourrait bien le catapulter dès aujourd'hui vers l'une des toutes premières places de ces championnats du monde.

L'ancien finaliste : Jeff Shulman

Cotes de Jeff Shulman

Sans ce malheureux Six au flop, Jeff Shulman serait peut-être déjà titulaire d'un titre de Champion du Monde. En 2000, Shulman s'était qualifié une première fois pour la finale du Main Event mais son tapis tout entier avait rapidement pris la direction de celui de Chris "Jesus" Ferguson, en l'espace de deux mains seulement. Il était tout d'abord parti à tapis avec une paire de Sept dominatrice face à une paire de Six, mais Ferguson avait floppé son brelan; ensuite, il avait envoyé le reste de son stack au milieu, épaulé par une paire de Rois, quand Ferguson avait retourné les As.

Durant le main Event, on se souvient que Shulman avait confié à Wicked Chops Poker que si jamais il remportait le Main Event, il renoncerait au bracelet et le "jetterait à la poubelle", en guise de protestation contre Harrah's, la politique médias des WSOP et la manière dont les joueurs y sont traités. Il s'est plus tard expliqué, précisant qu'il n'avait à aucun moment cherché à manquer de respect à la communauté pokéristique et que seul Harrah's était concerné.

Si jamais c'est Shulman qui remporte le Main Event, il faudra bien que le monde du poker se passe d'ambassadeur pendant encore un an. Dans une interview accordée à son propre magazine, CardPlayer, Shulman déclare à ce propos "Je me fiche un peu de mon résultat dans ce tournoi. Enfin, je veux dire, j'aimerais bien le gagner, évidemment. Mais pour l'argent uniquement. Le titre de Champion du Monde ne m'intéresse pas. C'est une publicité dont je me passe".

Finalement, le bracelet de Shulman ne sera pas jeté aux ordures. Aux dernières nouvelles, il songeait à le mettre aux enchères au profit d'une oeuvre caritative ou à organiser un tournoi pour les joueurs qui s'étaient vus privés de Day 1D il y a quatre mois, avec le bracelet en guise de récompense pour le vainqueur.

Le meilleur joueur du monde : Phil Ivey

Cotes de Phil Ivey

Si une simple carte a à jamais changé l'histoire du jeu, c'est celle qui est apparue à la rivière d'un tableau, lors de la bulle de la table finale du Main Event 2003. Avec A♦Q♣ en main, Chris Moneymaker vient de flopper un brelan de dames et mise 70.000. Phil Ivey lui oppose une paire de Neufs et touche un 9♣ au turn, pour un full joliment déguisé. Moneymaker mise d'entrée, frappant fort à 200.000. Ivey part à tapis et Moneymaker s'aligne. Ivey, bien que favori à quatre-contre-un pour remporter ce coup, le perd finalement lorsque Moneymaker touche un As inespéré à la rivière qui lui donne un full supérieur. Ivey est éliminé à la 10ème place.

Que se serait-il passé si cet As avait été un Huit, ou un Dix, ou un simple Deux ? Que se serait-il passé si, au lieu de sauter, Ivey s'était emparé à ce moment-là de la plus grosse partie du tapis de Moneymaker? Y aurait-il seulement eu un 'Poker Boom' si le meilleur joueur du monde s'était imposé dans le Main Event 2003, plutôt qu'un amateur de 28 ans qualifié via un satellite Pokerstars à 39$?

Cette semaine, les Dieux du Poker accorderont une seconde chance à Phil Ivey. Après avoir déjà figuré à trois reprises dans les 27 meilleurs finisseurs du Main Event, le voilà enfin en table finale. Depuis 2003, il a gagné des millions de dollars aux tables de cash-game 'High-Stakes', en paris en tous genre et via sa participation dans Full Tilt Poker. Il a acquis un statut de star à part entière, avec son propre jet privé. personne ne doute qu'il est le joueur le plus doué des November Nine, sinon du monde entier. Une victoire de Phil Ivey au Main Event ferait plus pour le poker que la victoire de n'importe quel autre professionnel. Une victoire d'Ivey aurait un retentissement bien supérieur à celle de ses adversaires. Il aurait droit à la Une de tous les journaux, à une invitation à tous les talk-shows de la côte est, à des couvertures de magazine par dizaines, en bref à une exposition médiatique sans précédent. Et le principal syndicat des joueurs de poker, la Poker Players Alliance, serait sans doute plus heureux encore qu'Ivey lui-même si jamais ce dernier venait à remporter le titre suprême; Le meilleur joueur du monde qui remporte le plus gros tournoi du monde, quel meilleur argument pour convaincre les parlementaires que le poker est bel et bien un jeu d'adresse?

Répartition des prix entre les 9 finalistes :

1. - 8.546.435$

2. - 5.182.601$

3. - 3.479.485$

4. - 2.502.787$

5. - 1.953.395$

6. - 1.587.133$

7. - 1.404.002$

8. - 1.300.228$

9. - 1.263.602$

Les November Nine en direct live dès ce soir sur Pokernews

La table finale du Main Event des World Series Of Poker 2009 démarre aujourd'hui à 21h (heure de Paris). Les journalistes de PokerNews seront présents sur place, au Rio Casino de Las Vegas, durant toute la durée de l'épreuve pour vous retranscrire l'action en direct, minute par minute, dans notre rubrique 'Live Reportage'.

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• Tags World Series of Poker (WSOP) WSOP 2009