BetClic, dans le trio de tête français des sites de jeux d'argent en ligne
Selon une étude du cabinet Novedia, datée de septembre 2009, BetClic fait partie des quatre sites de jeux d'argent en ligne les plus visités du web français, derrière les deux indéboulonnables monopoles (FDJ et PMU) et PartyPoker. Si BetClic, tout comme PartyPoker, est installée au Royaume-Uni, la société a été fondée par un français (Nicolas Beraud) et 75% de ses parts ont été rachetées début 2008 par la société française Mangas Gaming, pour environ 40M€.
Limites de l'étude
Il est bien question ici des jeux d'argent en ligne pris dans leur ensemble, et pas du seul poker en ligne, qui est de loin le marché le plus fragmenté et le plus concurrentiel. De plus, beaucoup de sites de poker en ligne (dont BetClic) proposent des logiciels en téléchargement, dont l'utilisation est totalement découplée des pages vues et qui n'est donc pas prise en compte dans l'étude.
Cependant, l'écart entre BetClic et les sites généralistes qui le suivent dans le classement est tout de même révélateur : BetClic comptait ainsi 3 millions de pages vues en France en août 2009, contre à peine un million pour ses poursuivants immédiats, Bwin et Unibet.
La maison-mère : Mangas Gaming
Derrière cette société au nom japanisant se cache Stéphane Courbit, un producteur de télévision qui a fait fortune en revendant pour plusieurs centaines de millions d'euros ses parts dans Endemol France à Téléfonica en 2006. Dans la foulée du rachat de BetCic, Mangas Gaming a acquis en 2008 pour un montant non-divulgué NordicBet, un opérateur de jeux scandinave.
A la recherche d'argent frais pour financer de nouvelles opérations de croissance externe, Courbit a ensuite fait appel à la Société des Bains de Mer, dont les hôtels et casinos monégasques faisaient grise mine et qui cherchait à prendre pied sur Internet. La SBM est donc devenue en février 2009 actionnaire de Mangas Gaming à hauteur de 50%, c'est-à-dire à égalité avec la Financière Lov, la holding personnelle de Courbit.
On apprend aujourd'hui dans le rapport financier de la SBM arrêté au 30 septembre 2009 que cette prise de participation s'est faite au prix de 70M€, plus une prime qui sera versée en 2012. Son montant sera fonction des résultats de Mangas Gaming en 2011 et atteindra 70M€ au maximum. Si on ajoute à cela un prêt sans intérêt de 70M€ supplémentaires consenti par la SBM à Mangas Gaming, c'est un trésor de guerre d'environ 200M€ sur lequel la société-mère de BetClic peut tabler pour financer ses achats suivants.
Qui n'ont d'ailleurs pas tardé en 2009 : Expekt tout d'abord. Ce second opérateur scandinave se serait laissé croquer pour un prix estimé à 125M$. Bet-At-Home ensuite, très bien implanté en Allemagne et en Autriche, et beaucoup moins cher à l'achat, environ 40M$. Ces deux dernières acquisitions ouvrent désormais les portes de l'Europe de l'est à Mangas Gaming, où elles sont déjà implantées. L'opérateur compte également y développer sa marque BetClic dans les mois à venir.
BetClic et la France
Mangas Gaming fait aujourd'hui partie du TOP 5 des opérateurs européens de jeux d'argent en ligne, avec un Produit Brut des jeux de 400M€ et 4 millions de clients dans le monde. Si la société ne fait pas mystère de sa volonté de se renforcer en Europe de l'Est, la France reste un marché incontournable pour le groupe et BetClic, le vaisseau-amiral de Mangas Gaming. On a d'ailleurs vu que le site y était particulièrement bien implanté.
BetClic a récemment conclu des accords de sponsoring avec l'Olympique de Marseille (pour 4,5M€) et l'Olympique Lyonnais (pour 7M€). Toutefois, ces derniers ne seront pas pleinement opérationnels avant l'ouverture officielle du marché français des jeux d'argent en ligne. Pour le moment, les deux équipes ne peuvent afficher BetClic sur leur maillot que dans les matchs à l'étranger, et notamment dans le cadre de la Champion's League. Autre opération promotionnelle récente : le site annonçait le 1er décembre dernier le sponsoring de la québécoise Isabelle Mercier, très populaire en France, qui défendra désormais les couleurs de BetClic sur le circuit des tournois 'live', après avoir longtemps défendu celles de Pokerstars.
Licence or not licence...
Pour autant, BetClic n'a pas encore officiellement annoncé sa candidature à l'obtention d'une licence sur le marché français en 2010. Opération d'intox ou pas, Isabelle Parize (la directrice générale de Mangas Gaming) peste toujours contre plusieurs articles de la future loi, qui lui font dire que le marché n'est pas viable en l'état et que les sociétés de jeu d'argent en ligne ne pourront pas y gagner d'argent si le texte n'évolue pas. Parmi les reproches récurrents avancés :
- une taxation trop élevée (7,5% sur les paris, 2% cappé à 1€ sur le poker en ligne)
- un taux de retour au joueurs des paris limité à 85%, qui va rendre peu attirants les opérateurs sous licence française au regard de la concurrence internationale
- la remise des pendules à zéro, qui forcera tous leurs joueurs à se désinscrire entre le moment où les opérateurs auront fait une demande de licence et leur attribution effective. Une obligation accusée de ruiner plusieurs années de travail, passées à se constituer un fichier clients, et qui semble d'autant plus scandaleuse à Isabelle Parize que les deux opérateurs historiques, la FDJ et le PMU, en seront eux dispensés.
Ces récriminations empêcheront-elles la room de demander une licence française l'année prochaine ? Les récents efforts de médiatisation déjà consentis traduisent bien le poids du marché français dans les comptes de Mangas Gaming et semblent augurer du contraire.
Le poids de la France ? "Important, sans être majoritaire" se contente de lâcher Isabelle Parize, toujours aussi énigmatique.
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