Les jeux d'argent et de hasard peuvent être dangereux : pertes d'argent, conflits familiaux, addiction…, retrouvez nos conseils sur joueurs-info-service.fr (09 74 75 13 13 - appel non surtaxé).

Gouvernemen ANJ Evalujeu

Las vegas et les WSOP dans le rétro avec Steven "Veunstyle" Liardeaux

9 min à lire
Las vegas et les WSOP dans le rétro avec Steven

Après un bon mois à Las Vegas où il a réalisé un reportage poker flamboyant, Steven Liardeaux alias Veunstyle fait le bilan. Interview post World Series Of Poker.

Faute de moyens, les médias francophones n'ont pu envoyer de reporter dans le Nevada. Si Winamax avait envoyé son armée, le journaliste Steven Liardeaux était seul et n'a du qu'à un financement participatif de pouvoir travailler. Sa cagnotte est toujours accessible pour quelques jours sur Leetchi...

Comment vas-tu Steven ? Tu es rentré d'un long périple dans le Nevada il y a quelques jours, as-tu déjà récupéré ?
Il fait bon en France. A côté de la chaleur de Las Vegas, c'est tranquille ici. Le voyage a été fatiguant, c'était plutôt dur le retour, il m'a fallu trois jours pour récupérer. Quand tu rentres, tu te couches à 16 heures et tu te lèves à 2 heures du mat'. En fait tu ne sais plus quel jour on est donc tu n'es pas trop dépaysé par rapport à Las Vegas où tu vis hors du temps. C'est d'ailleurs assez flippant quand un joueur te rappelle qu'on est déjà le 30 juin et que tu n'as pas vu le temps filer.

Je me sentais épuisé en arrivant en France car j'ai pris 5 ou 6 journées off en restant un bon mois. La journée type à Las Vegas c'est couché vers 6h du matin après avoir fait la fête ou gamble un peu aux tables, tu te lèves à 11 heures et à midi tu pars vers le Rio et les WSOP où tu restes en place jusqu'à 2 heures du matin en multipliant les kilomètres. Je suis donc revenu dans un état de fatigue avancé et je n'ai fait que dormir-manger-dormir-manger. Mais ça va déjà mieux, on récupère vite.

Pas de dépression post vegas au programme ?
C'est très bizarre le retour, tu es tout seul, il n'y a plus de colocataires, il n'y a plus de joueurs que tu croises tous les jours. Il n'y a plus rien et c'est un grand vide. Mais ce calme est reposant après la tornade Las Vegas. Et puis je revis aussi avec la gastronomie française. Maman fait de bons petits plats, des paupiettes, des tomates farcies c'est que du bonheur.

Je dois avouer que le lendemain de mon arrivée je me suis fait un bon restau et c'est comme si j'avais gagné un jeu de confort à Koh Lanta.

L'immersion complète en mode 24 heures sur 24 est terminée, tu es déjà passé à autre chose ?
Gentiment oui, j’ai relu un peu le coverage et je me rappelle les bons moments. J'ai des souvenirs pour longtemps et je ne suis pas encore projeté vers la rentrée des classes. Je n'ai pas prévu de vacances avec de grands déplacements, c'est l'heure de se reposer.

L'environnement peut être oppressant mais tu t'y habitues. Le bruit des jetons dans l'Amazon Room c'est comme celui des grillons dans le sud, à un moment tu ne fais même plus attention. Sur la fin des WSOP tu vois l'organisation faire le ménage et les salles secondaires être nettoyées donc tu sens bien que c'est la fin et cela te prépare à l'arrêt de ce moment si particulier que sont les championnats du Monde WSOP.

La cagnotte grâce à laquelle tu as financé ton voyage est encore ouverte. Quel est le bilan financier ?
Je n'ai pas spécialement gagné d'argent si l'on considère que je suis parti un mois loin de chez moi et que je n'ai pas compté mes heures. Heureusement que j'ai gagné un peu en jouant quelques sessions en cash game et à l'ultimate poker. Je ne me plains pas, j'ai pleins de souvenirs enrichissants et j'ai géré le côté financier au maximum pour ne pas finir perdant globalement.

Tu as donc profité de ton passage aux Etats-Unis pour gamble ?
C'est un moyen de décompresser. Ca donne envie quand il y a des gens qui jouent toute la journée autour de toi et je n'imaginais pas aller dans la ville des casinos sans jouer. Ca fait du bien de toucher des jetons car des fois il y a de la frustration, mais ca reste surtout un énorme plaisir... et puis à Las Vegas le client est mis en condition, on lui offre son verre, enfin ses verres.

Pour revenir au boulot, quel bilan fais-tu de ton coverage sur le forum CP ?
Je suis globalement content de ce que j'ai fait. J'ai beaucoup donné. J'ai même tout donné, jusqu'à parfois déambuler en mode zombie dans les allées du Rio. L'ampleur de la tâche est énorme. Mais j’aime tellement ça en même temps.

Je pense aussi que le moins bien du début a amené du mieux vers la fin dans le sens où les critiques m'ont titillées. L'interaction avec les internautes te donne envie de te surpasser même si des fois au réveil un commentaire peut parfois te donner envie de dégoupiller. A Las Vegas, et je le regrette, il y a aussi très peu de Français qui viennent pour travailler au niveau média, donc tu sais que tu vas être suivi et c'est une motivation supplémentaire pour se déchirer. Quand tu vois 200 membres connectés en pleine nuit où que le thread a fait plus de 500 000 vues c'est gratifiant. Même si cela ne nourrit personne, tu n'as pas envie de décevoir les lecteurs.

Avec un financement participatif, il y a parfois eu des malentendus...
Mes regrets viennent de mes erreurs de communication. Comme reporter poker, c'est un métier à part entière. Parfois j'aurai du ignorer certains retours et ne pas réagir mais un coverage d'un mois c'est très long et des fois tu es moins bien luné.

Tu ne feras jamais l'unanimité donc il ne faut pas répondre. Après cela m'a fait extrêmement plaisir quand les mauvaises langues de la première heure et ceux qui ne voyaient qu'un moyen pour moi de me payer des vacances grâce à ce projet, sont venus me dire qu'ils avaient aimé le travail que j'ai fait. Tu te dis que le contrat est rempli

Tu as beaucoup utilisé une application qui permet de se filmer sans trop de moyen. Quel est l'apport de Periscope ?
C'est l’interaction poussée à son paroxysme. C'est le moyen d'amener le poker au lecteur en temps réel, et il y a eu des moments vraiment magiques. C'est un bon moyen de faire vivre l'intérieur d'un événement comme lorsque cela t'évites d'avoir à payer des milliers de dollars pour vivre l'expérience Surrender. T'es là gratos et tu vois ce qui se passe sans intermédiaire.

Au fil du temps je me suis approprié l'application en parlant beaucoup, ca permet aux gens de vivre le moment et de mon côté ca me permet de continuer à poursuivre ma passion de la radio. C'est sûr que je vais utiliser l'application sur d'autres reportages en tout cas. Il y a du potentiel.

Quel est le moment marquant de tes WSOP ?
La conquête du bracelet brésilien par Thiago. Quel kiff cette ambiance ! Je ne sais pas pourquoi mais tout le monde est heureux quand les Brésiliens gagnent et ça donne une ambiance incomparable, ils sont complètement tarés et cela venait deux jours après la deuxième place d'Erwann Pecheux. C'est un très très bon souvenir, un rail brésilien, ça te donne des frissons.

Quand un Français allait loin dans un tournoi, j'étais de retour en 2011 avec les quatre bracelets tricolores. Tous les deux jours, tu ne fais que suivre des deep - runs avec des Français, c'est facile de se motiver quand ils vont loin, c'est toujours un plaisir de marquer un compatriote à la culotte quand il avance dans un tournoi. C'est un moteur de suivre des Français qui perfent et c'est les souvenirs marquants qui te restent. Après c'est difficile de sortir un Français plus qu'un autre, une rencontre plus qu'une autre.

Évidemment la finale d'Erwann a été un moment spécial mais très souvent tu vis ton boulot avec des gens que tu apprécies. Croiser Labrik (Louis Linard, ndlr) ou Guillaume Diaz tous les jours c'est un plaisir. Continuer à voir Yorane Kerignard, Yann Brosolo, après ces années, croiser la vieille garde du .fr avec des joueurs comme Victor Choupeaux ca me fait toujours plaisir. Tu imagines que des mecs comme Labrik ne connaissaient pas les Jésus du poker de 2010 ! C'est fou ce décalage de génération, mais ça fait de belles rencontres.

Les Français et les Américains ont une relation amour-haine très forte historiquement. J'ai pu lire qu'il y a eu quelques accrochages parfois...
Avec Matthew Waxman c'était un peu chaud quand ils nous a pris pour Tekintamgac. Il s'est retrouvé en table avec Paul-François Tedeschi et Nesrine Kourdourli qui sont des crèmes. Ce duo était aux sièges 1 et 3 et donc tu devais aller derrière Waxman, au siège 8, pour les prendre en photo car il était dans le virage en face. Il pensait qu'on donnait des infos, qu’on regardait ses cartes et s'est plaint aux floors. Avec la petite annonce au micro qui va bien, histoire que tout le monde nous craigne dans la salle, évidemment. A partir de là on a eu droit à un mec qui nous collait aux basques, tout le temps. C'est dommage car on a prouvé avec le temps qui passe que nous n'étions pas là pour avantager un joueur mais pour raconter le tournoi et lui donner de la visibilité.

Donc oui, quand Waxman a sauté, j'étais content mais c'est ridicule d'être mis dans le même panier que ceux qui trichent. Ca fait mal car nous sommes là pour permettre au poker de grandir et aux gens de l'apprécier, pas pour tricher.

As-tu le sentiment d'une fracture entre le poker anglophone et francophone ?
Il y a quand même une énorme opposition et un léger sentiment anti-français qui existe. Je ne pense pas que cela soit de la parano que de le dire. Le simple fait d'entendre notre langue semble parfois les énerver. Erwann n'avait pas le droit de parler à son Team Manager, pendant sa Table Finale, c'est le seul mec à qui on a dit cela sur sa table finale. J'ai trois quatre exemples à droite à gauche et je tiens à remercier Greg Chochon pour avoir fait passer le message à ses collègues américains que nous, les Français, ne sommes pas pire que les autres. Les joueurs français sont corrects en tables en grande majorité, il faut arrêter de se déprécier et continuer à bien se comporter. Les joueurs n'ont rien à changer pour la plupart.

La suite c'est quoi pour Veunstyle ?
Je me vois retourner à Las Vegas l’an prochain, ouais ça pourrait être une belle suite. Après je veux et je dois gagner ma vie donc, il faudra trouver d'autres solutions que le soutien de la communauté pour repartir dans le cadre du travail. J'ai reçu beaucoup de soutien de la part des anonymes du poker et quelques joueurs pros m'ont aidé aussi mais il faut que l'industrie joue le jeu.

Suivre les WSOP et vivre les événements poker c'est important pour notre écosystème. Les coverages c'est un service pour la communauté qui met le poker en valeur, c'est aussi de la valeur ajoutée pour l'événement. Il y a eu 550 000 vues du thread sur le forum, un demi million de clics ! Pas mal de gens ont posté pour la première fois. Les reportages ça permet de les faire venir au jeu, ces gens c'est l'avenir du poker.

Pour en revenir à mon avenir, je dois t'avouer que c'est flou. J'ai quelques coverages avec Club Poker à Dublin et à Marrakech par exemple, et j'ai très envie de couvrir les WSOP Europe à Berlin. J'espère le faire aussi avec le CP, ca va être un très bel événement. Rien n’est acté pour le moment. Heureusement, il y a toujours le « Multiplex Poker » Winamax le dimanche pour lequel je devrais repartir pour quelques belles soirées radios. C’est peu, il va falloir trouver des piges, pourquoi pas ailleurs que dans le poker, mais j'aimerais bien avoir quelque chose de plus solide.

Merci Steven, à très vite !

Steven by Steven (copyright, Steven Liardeaux)
Steven by Steven (copyright, Steven Liardeaux)
Share this article

PLUS D'ARTICLES

En savoir plus