Le bilan de Philippe Ktorza : "Sauter d'un tournoi des WSOP, c'est toujours difficile à vivre"
Il y a un mois, Philippe Ktorza était très impatient de jouer ces WSOP. Le joueur phare du poker français, qui a tant de bons souvenirs sur place, a connu un Bad run sur cette édition 2015, il a accepté de faire avec nous le bilan de ses tournois à Vegas.
Comment s'est déroulé ton Main Event ?
Je suis allé jusqu'au Jour 3 (701e pour 15 000 $). Ce tournoi a été une souffrance pour moi. Je n'ai pas réussi à trouver les bons spots. A chaque fois que j'avais des monstres comme KxKx ou AxAx, je n'ai trouvé personne en face. J'ai été Short stack une grande partie du Main. En plus, c'est un tournoi duquel tu n'as vraiment pas envie de sortir. Je me suis retrouvé au Jour 1 avec 7 000 jetons (sur les 30 000 de départ). Ce Main Event reste un tournoi exceptionnel. La structure permet de pouvoir redresser la barre. Tu as du temps, c'est pour moi le plus beau tournoi du monde. Je suis tout de même satisfait d'avoir fait une place payée, c'est toujours ça de pris.
Qu'as-tu pensé du payout ?
Je pense que c'est bien de payer 1000 joueurs sur le Main. J'ai eu l'occasion d'en discuter avec Grégory Chochon, l'un des directeurs des WSOP. En revanche, je trouve que sur les Event à 1500 $, les premières places payées ne récompensent pas assez les heures d'efforts et de stress pour en arriver là. C'est difficile de sortir positif d'un Vegas même en faisant quelques ITM. Sur les Buy-in plus élevés, l'investissement est souvent plus rentable. Je crois que la stratégie de joueurs comme Davidi Kitai ou Benjamin Pollak de jouer de gros Events est plus efficace.
Raconte-nous ce fameux moment où tu t'es retrouvé à la même table qu'Eric Mizrachi et Phil Ivey sur le Main Event.
Je joue au poker pour vivre des moments comme celui là. Tu te retrouves avec des pointures du poker mondial. Ivey n'est pas malheureusement pas resté longtemps à ma table. Je l'ai mis à tapis avec un brelan de 7x mais il ne m'a pas payé. Ce qui était drôle, c'est qu'il y avait beaucoup de spectateurs dont un couple de retraités qui scandait "Ivey, Ivey" à chaque fois qu'il remportait un coup. Sinon, j'ai pu discuter avec Eric Mizrachi, un mec très sympa.
Quel bilan fais-tu de l'ensemble de tes WSOP ?
J'ai du jouer 10 tournois et je me suis pris une quantité de Bad beats impressionnante. Le poker est un jeu où la chance intervient. Pour moi, ça a été une année assez noire, à l'image des Français qui ont souvent loupé le coche en table finale. j'étais dans le rail pour les TF d'Erwann Pecheux et de Yehoram Houri. Ce fut de grands moments.
Est-ce que tes mauvaises performances ont joué sur ton moral ?
Je crois que pour faire un bon Vegas, il ne faut finalement rester pas trop longtemps. 1 mois, sans faire de perf, ça joue sur le moral. Il ne faut pas enchaîner les tournois et s'accorder des pauses. Jouer les WSOP, c'est aussi beaucoup de stress. On a envie de bien faire, d'aller loin. Quand tu sautes d'un tournoi des WSOP, c'est toujours difficile à vivre.
Sur le Main Event, tu as filmé Negreanu en train de faire des pompes après un pari. Que penses-tu du joueur ?
Scotty NGuyen a effectivement mis au défi Negreanu de faire au moins 40 pompes. Il a relevé le pari. Negreanu est vraiment un joueur adorable et très accessible. Il est hyper sollicité et dit oui à tout. Il incarne une génération de joueurs que j'aime profondément.
Quel est ton programme pour les semaines à venir ?
Pendant un mois, j'ai été sevré de cartes. Je vais faire une pause. Je vais peut-être jouer le FPS Lille, mais pas du tout sûr d'aller à Barcelone pour l'EPT. Pour l'instant, je ne suis pas trop tenté par les WSOPE de Berlin.
