WSOP : Dans le rail depuis 10 ans, Paul Gilbert n'a rien manqué
Le Main Event des World Series of Poker 2015 est presque derrière nous, ils ne sont plus que 9 à pouvoir rêver. Il y a quelques semaines encore, les allées du Rio All-Suite Hotel & Casino étaient bondées et les fans se pressaient dans le rail pour tenter de suivre l'action.
De cette masse en quête d'extraordinaire, Paul Gilbert s'extirpe pour plusieurs raisons. Cet homme de deux mètres plane déjà au dessus des autres spectateurs mais il connaît surtout l'événement et l'Amazon Room comme sa poche. Pas besoin de se contorsionner pour voir le plus beau tournoi de poker de la planète, Paul est dans le rail comme chez lui. Depuis 2006, Monsieur Gilbert est aux WSOP. La victoire de Jamie Gold et le chèque de 12 millions qui l'accompagnait ont allumé un feu qui ne s'éteint pas, celui de la passion.
Le Californien Paul Gilbert est un professeur de biologie et d'astronomie à la Corona High School et il occupe ses vacances en venant à Las Vegas pour assister aux Championnats du Monde. Paul émigre donc dans le Nevada pour rejoindre sa deuxième maison et, s'il ne joue pas ou peu, il peut légitimement revendiquer le titre de fan le plus assidu des WSOP. Présent chaque jour de la compétition au Rio pendant des années, cet addict du rail "a réduit" avec une présence quotidienne désormais limitée à 4-5 heures par jour !
Le calendrier de diffusion des WSOP 2015 par ESPN
Reconnaissable avec son traditionnel short blanc, Paul Gilbert est parfois visible sur les retransmissions d'ESPN. "C'est une blague récurrente. On me dit que je suis visible sur chaque plan de la chaîne ESPN", rigole celui qui jouait au basket pour Cal-State Fullerton. "Je crois qu'ils ont décidé de me faire passer à la trappe, ils ont du en avoir marre de moi", ajoute Paul avec un clin d'oeil.
Depuis 10 ans, Paul a vu la plupart des gros tournois qui se sont disputés aux WSOP... sans avoir jamais participé à un seul tournoi. Son regard sur le jeu est donc bien différent de ceux qui se sont jetés dans la fosse aux lions. "Mon expérience des World Series est différente, je suis au milieu de tout depuis 10 ans", confirme-t-il avant de fouiller la mallette aux souvenirs.
La victoire de Brian Rast contre Phil Hellmuth lors du Poker Players' Championship 2011, le premier Big One for One Drop ou encore les hommages à Jerry Buss et Chad Brown ont marqué Paul Gilbert qui a aussi vu l'évolution parmi les joueurs.
Gilbert voit les nouveaux monter au sommet et s'effondrer. Grandeur et décadence, Paul ne manque rien du flot constant et des remous du monde du poker."Les joueurs ont du succès, font une Table Finale et sont là pour des années... puis ils disparaissent. Cela montre que le poker est plus difficile que ce que nous pensons. C'est très compliqué de rester au sommet".
Joueur de cash game, le plus souvent en Limit, depuis la fin de son adolescence Gilbert évolue le plus souvent en $20/$40, le plus souvent auPechanga Resort & Casino. Il a assisté au sacre d'un régulier de son cercle de coeur.
"Jerry Yang est la preuve vivante que n'importe qui peut gagner le Main Event", lâche-t-il. Même si tout se passe bien dans sa vie de joueur, et qu'il a été tenté de poursuivre une vie de pro lors du boom du poker, Paul Gilbert a préféré acheter une maison à Las Vegas avec ses gains. "J'ai repris mes esprits à temps, je sais que j'ai besoin d'un salaire régulier, je ne peux pas vivre cette vie faite de hauts et de bas. Ce n'est pas mon style", explique-t-il.
Cette décision fait sa fierté. "Les tournois c'est une vie de stress. Je vis cela par procuration quand je suis dans le rail. Je travaille dur comme professeur et pendant l'été, c'est les vacances, je veux juste m'amuser", ajoute Paul Gilbert qui "aime les WSOP".
S'il ne sera pas de la fête en novembre, son emploi du temps ne lui permet pas de revenir à Sin City, Paul explique que le décalage de la Table Finale est une modification majeure apparue ces dernières années aux WSOP. L'autre changement étant la modification dramatique du sponsoring après le Black Friday.
Conservateur chrétien, Paul Gilbert est un fan de Doyle Brunson, Daniel Negreanu, Jeff Lisandro, Jason Mercier et Hoyt Corkins. Des joueurs qui sont de "bons exemples de la foi chrétienne". Mais son amusement vient des tournois préliminaires où il lui faut chercher ses joueurs parmi des centaines d'inconnus.
Et il lui arrive parfois de retrouver un de ses anciens élèves à la fête. Sam Chauhan, qui a étudié sous la coupe de Paul Gilbert, a ainsi été un coach poker à succès pendant quelques temps puisqu'il a accompagné Antonio Esfandiari ou Josh Arieh. "Il se souvenait de moi, c'est extraordinaire", se souvient Paul. "Il était une sorte de préparateur mental, un gourou de la pensée positive. Cela devait être une mode car il a disparu", ajoute le professeur qui sépare ses deux vies... et a lui aussi besoin de repos à la fin des WSOP.
"Je suis cuit une fois les championnats du Monde terminés... comme tout le monde", indique-t-il à PokerNews avant de confier qu'il file se ressourcer à Hawaii avant la rentrée des classes. "Et puis quand l'école recommence, je suis impatient de revenir. On a tous envie de revenir", termine-t-il.