Le Coup de grâce du poker: Donner une free card
« J'avais une paire d'As et le flop donne A-J-2, viennent ensuite un 8 puis un 3. Je n'arrive pas à croire qu'il ait réussi à jouer jusqu'à la river avec 4-5. C'est sûr, le poker sur internet est vraiment de la triche! »
Le récit de ce genre de « bad beat » à propos d'un tournoi en ligne ou en casino ne doit certainement pas vous être inconnu. Un coup malchanceux direz-vous, mais avant d'entamer toute complainte pour notre joueur à la paire d'As craqué, faut-il encore être certain d'avoir collecté toutes les données de cette histoire. Notre joueur n'aurait-il pas commis un péché mortel : n'a-t-il pas donné des cartes pas chères ou gratuites ?
Donner une
free card
, évoque généralement la situation dans laquelle, bien que vous vous trouviez devant dans le coup, vous manquez tout de même de miser ou relancer. Il arrive souvent que la nature même de votre main, rende ce genre de situation inévitable, vous pouvez en effet vous retrouver avec une main marginale. Cependant, quand bien même s'agirait-il de ce genre de mains, en donnant une carte gratuite,vous avez en réalité commis une erreur de stratégie.
Dans un vocable plus technique, vous concédez à votre adversaire une carte pas chère, votre mise est suffisamment faible pour que l'autre joueur ait les bonnes cotes pour un tirage.
Pourquoi est-ce un coup mortel pour le joueur?
Fondamentalement, vous pouvez voir une main de poker comme un simple tour d'enchères entre vous et vos adversaires. Tout comme vous pouvez appréhender ce jeu en vous interrogeant sur le point de savoir quelles mises accepter, et corrélativement, comment soumettre à son adversaire des mises qui sont en votre faveur et ne peuvent pas en même temps lui profiter?
La théorie est la suivante :
Si vous faites une mise qui n'offre pas à votre adversaire les cotes pour suivre, vous gagnez. Soit il se couche et vous prenez le pot, soit il suit sans avoir les bonnes cotes pour le faire.
Dans quelles conditions les joueurs donnent-ils des cartes gratuites, et comment réussir à contourner cette situation?
- L'erreur classique est celle du joueur qui tire sur le flop une très grosse main, mais ne mise pas correctement. Il existe certes des hypothèses dans lesquelles le « slowplay » fonctionne à merveille. Votre adversaire peut en effet miser et se piéger tout seul, ou encore parfois la main que vous floppez est si grosse que vous pouvez vous permettre de donner une carte gratuite sans risque. Toutefois, il convient généralement d'étudier comment cette main doit être misée, sachant que vous vous efforcez en même temps de la protèger de tout tirage possible sur lequel votre adversaire pourrait se placer, ainsi que du danger de ne pas savoir ce que ce dernier attend comme tirage.
- Gardez donc à l'esprit, que même si vous floppez une grosse main comme un brelan, il y a toujours un nombre de tirages sur le flop susceptible de vous faire succomber. Si vous floppez un brelan d'As sur un tableau A-8-7 avec deux piques, alors toute main avec deux piques ou J-10, J-9, 10-9, 9-6, 9-5, 6-5, 6-4 ou 5-4 peuvent (à une carte gratuite près)vous achevez au tirage.
- La règle la plus appropriée ici, est de s'abstenir de faire usage du « slowplay » avec une main où il y a deux cartes de la même couleur sur le tableau car cette action présente trop de danger.
- S'il est en effet toujours frustrant de flopper une grosse main et de ne pouvoir ramasser qu'un petit pot, faute d'avoir misé cher, par crainte de voir votre adversaire bénéficier ensuite d'un bon tirage. N'oublions pas que le but originel consistant à mettre de l'argent dans le pot, est tout de même atteint, aussi petit soit le pot. Force est de constater que, choisir de miser gros dès le début vous donnera la chance de gagner un gros pot, c'est pourquoi, sur le long terme, cette attitude est plus enrichissante. Prendre le risque de perdre contre son adversaire, certes, mais tout en escomptant rentabiliser son jeu!
- Penchons-nous à nouveau sur l'exemple abordé plus haut, dans lequel nous floppons un brelan d'As sur un tableau A-J-2. Notre adversaire dispose de 4-5 pour un tirage suite par le ventre. Dans cette situation, il n'y a vraisemblablement aucun intérêt de faire de faibles mises contre la main de l'autre joueur, dans la mesure où celui-ci n'a rien de plus qu'un tirage. L'attitude à adopter ici est alors celle de faire une mise assez importante pour qu'il ne puisse pas suivre avec son tirage.
- Un autre cas souvent rencontré par les joueurs mérite également d'être envisagé, procédant toujours de la même intention d'éviter de donner une carte gratuite à votre adversaire, vous êtes devant, mais détenez cette fois-ci une main marginale. Le joueur expert se distinguera ici, car il sera capable de pressentir et empêcher alors tout adversaire d'avoir une chance de reprendre la tête dans le pot.
- Une technique existe pourtant, celle-ci consiste à combiner le fait de faire une grosse mise pour faire fuir votre adversaire avec une main de tirage et pour le bluffer sur les quelques mains qui pourraient vous battre. Par exemple: vous avez A-K avec un tableau Q-9-2. Une grosse mise vous assurera le pot si votre adversaire a une main plus faible que la votre mais cela peut aussi l'amener à jeter sa petite paire ou une paire sur le tableau.
Comment à l'inverse obtenir une carte gratuite?
Retournons la situation et donnons-nous la main de tirage, nous sommes désormais intéressés par une carte gratuite ou pas chère. Rappelons en ce sens une technique utilisée par quelques joueurs:
- Si vous êtes au bouton (dernier à parler ou miser), doté d'une main avec un bon tirage, relancer donc la mise de votre adversaire au flop. Idéalement, il passera, mais s'il suit et check sur le turn, vous pouvez parler derrière et vous assurer alors une carte gratuite.
- Bien entendu il s'agit d'un jeu très risqué. Si votre adversaire vous sur-relance au flop, vous avez récolté l'effet inverse et rendu les mises très chères pour votre tirage. Il est préférable de réaliser ce coup lorsque vous sentez que la main de votre adversaire est assez faible pour être jetée ou assez marginale pour qu'il ralentisse sa façon de jouer le pot.
Astuce
Il y a une « technique » commune que vous pouvez rencontrer en jouant en live, si vos adversaires espèrent une carte gratuite. Ils tiennent leurs jetons quand c'est à vous de jouer pour vous empêcher de miser. Observez ce « tell » chez vos adversaires et lisez notre article sur La psychologie des Chip Tricks, pour ne pas être tenté d'en faire de même!
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