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Kipik Poker : 30 big blinds, une cible sur la tête

9 min à lire
Kipik

A gauche, un joueur avec 20 blindes. A droite, un joueur avec 30 blindes. Qui gagne ? A première vue, avoir 30 blindes (bb) est un avantage. Mais observons un peu comment les choses vont se passer…

A chaque tapis sa stratégie

C’est vraiment une situation intéressante que d’avoir ces 30bb. D’un côté, on s’investit peu quand on relance préflop (moins de 10% de ses jetons). Et, de l’autre, quand on ramasse sans résistance blindes et ante, on augmente son tapis de quasiment 10%. Du coup, le vol n’a même pas besoin de réussir une fois sur deux pour être rentable. Et, quand il ne passe pas, ça n’est pas la mort. On a même encore un tapis suffisant pour continuer à voler.

En stratégie du jeu, on dit dans cette situation qu’on dispose de la liberté de voler. Relancer et se coucher face à une surelance ne pose aucun problème (mathématiquement parlant).

Le joueur qui ne dispose plus que de 20bb est dans une situation nettement moins confortable. Stratégiquement, il a perdu cette liberté.

S’il relance préflop de seulement 2.5bb, il doit tout de même investir 12% de son tapis. Certes, quand personne ne paie ou surelance (3bet), son gain est nettement plus significatif. Mais, s’il ne ramasse pas les blinds sans résistance et doit renoncer à son investissement de départ, il se met dans une situation très dangereuse avec un tapis qui tombe à 17.5bb. Pas loin de la case shortstack (petit tapis).

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Sans compter les scénarios plus difficiles : quand il est surelancé préflop, il se retrouve devant un choix difficile avec 17.5bb à payer pour un pot qui fera alors environ 24bb. Quasiment une cote de 1.5:1 avec laquelle il suffit d’avoir 40% de chances de gagner contre la range de son adversaire (ses mains possibles). A moins d’avoir la pire merguez ou de faire face à une super serrure qui n’a pas joué une main depuis 2 heures, ce sera assez souvent le cas.

Et si votre adversaire vous fait la gentille de seulement payer, vous voila condamné à jouer le flop avec un tapis qui fait à peine deux fois la taille du pot. Vous n’avez pas intérêt à vous louper quand il s’agit de faire une mise de continuation (cbet) !

Au final, sachant que, en tournoi, les jetons gagnés valent moins que les jetons perdus, le joueur à 20bb est dans une situation où il ne peut (quasiment) plus voler préflop. S’il relance, il doit le faire avec une main assez forte pour faire face à un 3bet. Ou pour jouer à fond un éventuel flop.

C’est probablement la situation la moins bien comprise par les joueurs de tournois débutants (ou faibles), qui continuent à jouer un tapis de 20bb comme s’ils en avaient 50 et relancent sans trop de discernement pour coucher encore et encore quand ils se font punir. J’ai déjà écrit une chronique sur le sujet et ne vais donc pas insister trop mais il est primordial, si vous voulez réussir en tournois, de bien comprendre ce principe : à 20bb, on ne peut plus voler ; quand on rentre dans une main, c’est avec l’idée d’aller au bout !

La meilleure attaque, c’est la contre-attaque

Pour autant, n’avoir que 20bb dans son tapis n’oblige pas à subir en attendant qu’une main assez forte pour relancer et payer une surelance arrive. Certes, on a perdu en liberté. Et on ne peut plus relancer. Mais notre tapis est alors parfait pour exercer la liberté suivante : surelancer (3-bet).
Avec seulement 20bb, personne ne trouvera suspicieux que vous fassiez tapis alors que quelqu’un a relancé avant vous. Vous auriez 40bb, faire tapis ne serait pas logique. Après tout, si vous aviez vraiment un monstre en main, vous voudriez un peu d’action. Vous ne seriez pas non plus effrayé de jouer un flop.

Avec 20, tout le monde sait bien que, de toute façon, vous n’avez finalement pas beaucoup de choix : si vous jouez une main, c’est pour votre tapis. Ni plus, ni moins. Même quand vous surelancez petit, vous êtes de toute façon totalement impliqué dans la main au flop sans autre action possible que de miser ce qui vous reste vu que ce sera en général moins que ce qu’il y a déjà dans le pot. Dans ces conditions, autant le faire préflop même avec vos meilleures mains plutôt que de voir une paire inférieure se coucher sur un flop effrayant, ou un AJ abandonner car il n’a pas touché…

Vous pouvez aussi surelancer sans faire tapis. Si un joueur ouvre à 2.5bb et que vous décidez de surelancer à 6.5 ou 7bb, même le plus mauvais joueur au monde est bien conscient que, après avoir mis plus du tiers de vos jetons en jeu, le reste est aussi virtuellement engagé. Vous ne vous coucherez pas s’il fait tapis en réponse. Et, au flop, vous n’aurez d’autre choix que d’envoyer.

En réalité, ce que je dis est faux... Les plus mauvais joueurs ne s’en rendront pas systématiquement compte et vous aurez souvent la surprise de voir votre adversaire vous revenir dessus avec des mains plus que marginales.

La menace suffit

Même si vous n’avez plus beaucoup de jetons, disposer d’un tapis de 20bb est suffisant pour menacer directement le tapis de la plupart de vos adversaires.

Evidemment, vous risquez gros quand vous surelancez (pas seulement 20bb, c’est votre tournoi qui est en jeu). Mais la récompense quand votre adversaire décide d’abandonner en vaut largement le risque. Si vous ramassez une relance à 2.5bb plus les ante et les blindes, c’est environ 5bb que vous ajoutez à votre tapis. Autrement dit, une augmentation de 25%... et la liberté, avec désormais 25bb, de pouvoir voler (si raise-fold est mathématiquement une erreur avec 20bb, c’est tout à fait acceptable avec 25). Sans compter que, parfois, vous serez payé et doublerez, soit que vous ayez finalement la meilleure main soit que la chance intervienne en votre faveur.

Bien choisir sa cible

Le problème de cette stratégie est, bien évidemment, qu’elle n’est pas systématiquement applicable. On ne peut pas constater qu’on dispose de 20bb et se dire « OK, prochain qui relance, je lui envoie la boîte ». En fait, vous pouvez. Mais vous avez tout intérêt à mieux choisir votre cible.

Evitez d’abord de vous attaquer aux petits tapis. Si un joueur sérieux, qui dispose de 20bb ou moins, relance avant vous, évitez-le. S’il comprend un peu le poker, il n’a pas relancé dans l’intention de se coucher. Et même s’il ne comprend pas tout, il sera souvent dans un état d’esprit où il vous paiera juste pour avoir une chance de doubler.

De même, s’il y a un ou plusieurs très petits tapis derrière vous, qui sont désespérément en recherche d’une situation pour doubler, évitez de surelancer sans une bonne main. Entre la relance initiale, votre surelance, les blindes et ante, ils vont souvent sauter sur cette occasion de tripler leur capital en profitant de la forte probabilité que vous n’ayez pas un monstre et que votre tapis fasse fuir le relanceur initial (votre relance leur sert en fait de protection pour jouer un tête-à-tête dans de bonnes conditions).

Evitez aussi de vous en prendre aux gros tapis. Si le joueur qui relance est assis derrière une montagne de jetons, l’issue la plus probable est qu’il vous paiera. Un mauvais joueur s’en moquera et comptera sur la chance. Un bon joueur sait très bien que vous êtes derrière lui, avec un tapis parfait pour surelancer, et aura donc déjà anticipé votre action.

Evidemment, je ne parle pas ici de mains fortes, comme 1010 ou AQ, qui méritent légitimement une surelance. Dans ces conditions, peu importe que le petit tapis veuille tenter sa chance avec A8 ou QJs. Ou que le gros stack vous paie avec 33 ou J9s.

Sans un de ces « monstres », par contre, une énorme part de vos profits vient de toutes les fois où le relanceur initial va se coucher. Toutes ces issues « faciles » où vous augmentez sans risque votre tapis de 25%. Le meilleur moyen que ça se produise est d’éviter comme la peste les petits et les gros tapis. Pour vous concentrer sur les tapis moyens.
Le chasseur et la proie

Et c’est là que la confrontation tapis de 30bb contre tapis de 20bb tourne à l’avantage du plus petit. Leurs deux stratégies (voler à 30bb, surelancer à 20) s’emboîtent parfaitement alors que la menace que représentent les 20bb à payer est au maximum de son efficacité sur le joueur à 30. Personne n’a envie de prendre de gros risques avec 30bb quand on a encore la possibilité de juste ramasser blindes et ante avec une petite relance. Le joueur avec 30bb n’a pas vraiment besoin de doubler. Et même si 20bb en plus ferait un bien énorme à son tapis, retomber à 10bb quand il perd est un handicap bien trop lourd pour la suite de son tournoi.

Rappelez-vous : les jetons gagnés valent moins que les jetons perdus. C’est vrai pour le joueur à 20bb qui a perdu la liberté de « voler ». Et ça l’est aussi pour le joueur à 30bb qui fait face à une surelance. Si le joueur à 30bb est actuellement dans une bonne posture, le joueur à 20bb dispose d’assez de jetons pour lui infliger des dommages considérables et mettre son tournoi en péril. Son bon état de santé (30bb) lui interdit de prendre trop de risques et de se laisser aller à « gamble ». Il dispose d’un autre côté d’assez de ressources pour ne pas se sentir « impliqué » par une simple relance et préférer préserver sa propre liberté de voler.

M’accorderez-vous cette danse ?

Entre ces deux joueurs va donc se créer une dynamique très particulière. Le tapis à 30bb peut en théorie se permettre de relancer assez largement préflop. Mais ne le peut pas réellement, dans les faits, à cause de ce joueur à 20bb derrière lui qui dispose du tapis parfait pour le punir d’être un peu trop agressif. Le joueur à 20bb, de son côté, est censé surelancer très largement sur le joueur à 30bb mais pourra le faire d’autant moins que sa « cible » comprend la dynamique.

Tout cela, bien évidemment, sur un plan purement théorique. Ou, en tout cas, d’autant plus qu’on est en présence de joueurs compétents. Chacun doit jouer en fonction de l’autre, de sa propre liberté et de celle dont dispose son adversaire, en sachant qu’il se fera punir dès qu’il surestimera, ou sous-estimera, l’agressivité de l’autre, dès qu’il abusera un peu trop de sa propre liberté. Et, finalement, c’est le joueur à 20bb qui va donner le tempo. C’est son agressivité qui va déterminer à quel point le joueur à 30bb peut exercer sa liberté de voler.

Par contre, dans cette situation 20bb vs 30bb, si un des joueurs est techniquement plus faible, il permet alors à l’autre d’exercer pleinement sa liberté… et même d’en abuser.

Si le joueur à 20bb ne comprend pas la dynamique que les deux tapis créent, le joueur à 30bb aura une totale liberté, n’ayant pas à craindre que son plus dangereux adversaire comprenne le pouvoir que lui confèrent ses 20bb, et pourra relancer préflop jusqu’à plus soif.

Dans la situation inverse, vous devez concentrer toute votre attention sur le joueur à 30bb. Parce que, tôt ou tard, vous allez lui sauter dessus. Vous n’avez peut-être que 20bb et ne semblez pas en situation de force. Mais, en fait, si un joueur possédant un tapis moyen commence à prendre un peu trop de liberté, à faire comme si vous n’existiez pas, vous disposez d’une capacité énorme à le punir.

En ne tenant pas compte de votre situation, en ne comprenant pas la menace que vous représentez, il joue en fait votre jeu. A vous d’en profiter.

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