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Kipik Poker : brelan, slowplay ou pas ?

5 min à lire
Kipik Poker : brelan, slowplay ou pas ?

Aujourd’hui, j’aimerais m’attaquer à une erreur extrêmement courante liée à notre mauvaise perception des choses : slowplayer (sous-jouer, jouer passivement) un brelan floppé.

Ou, plus précisément, à : quel brelan vaut-il mieux slowplayer ? Brelan de Rois ou brelan de Six ?

Evaluer les mains : au secours, PokerStove !

Instinctivement, notre cerveau nous incite à slowplayer le petit brelan, invisible. Et à jouer fortement notre monstre qu’est le brelan de Rois. Et c’est ce que beaucoup de joueurs vont faire… naturellement.

L’erreur ici est de ne pas comprendre l’effet qu’a notre main sur la range de notre adversaire. Heureusement, PokerStove va nous aider (s’il y a un logiciel de poker a avoir, c’est bien PokerStove, je ne le répèterai jamais assez).

Je vais donc prendre deux cas de figure. Dans le premier, nous avons KK. Dans le second, 66. Le flop vient K68. Et l’adversaire est le même, un peu large, qui va nous payer préflop avec une range assez ouverte.

Commençons par définir une range de call large pour vilain :

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Rien d’extraordinaire. Vilain joue tout ce qui est un peu «joli». Nous devons maintenant enlever nos cartes de ses combinaisons possibles. Si nous avons 66, vilain ne peut pas avoir A6 ni 65. L’effet est en apparence négligeable puisque, une fois enlevées ces combinaisons bloquées, vilain nous paie avec :

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Soit juste 1% de mains en moins. Négligeable.

Que se passe-t-il si nous avons KK ? Cette fois, l’effet est nettement plus net. Notre main élimine 50% de chaque KX. La même chose est vraie pour les 6X, la différence se fait sur le nombre de Rois et de 6 dans la range adverse. Et ce nombre est évidemment plus important pour les KX que pour les 6X.

Une fois les K et K éliminés, la range de call de notre adversaire est nettement différente :

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Quand on a 66, vilain joue 26.6% de ses mains. Quand on a KK, il n’en joue plus que 24.1%. Rien que préflop, avoir KK implique que le même adversaire, qui va nous payer avec les mêmes mains, va en réalité nous payer 10% du temps en moins par rapport aux fois où nous aurons 66.

Nous voyons un flop !

Vient maintenant le flop K68. Même adversaire, même flop, même main : un brelan (top set avec KK, bottom set avec 66). De la même façon que notre main influence préflop sur la range de notre adversaire, elle va aussi avoir une influence au flop.

Si notre adversaire est une bonne calling station qui nous paie très large au flop, avec n’importe quelle paire ou tirage même ventrale, ses ranges de call sont :

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Si nous avons 66, notre adversaire va donc payer avec 2.6% de mains en plus, soit quasiment une fois sur quatre de plus (22%).

S’il nous paie avec un peu moins de largesse (il évite les bottom pair et ventrales) :

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La différence est cette fois de 2.9% de mains en plus. Soit quasiment 30% du temps en plus quand on a 66 par rapport à KK.

Dernier scénario : vilain ne nous donne de l’action qu’avec top paire ou mieux et tirages quintes par les deux bouts :

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Un adversaire serré ne nous donnera d’action que 5.5% du temps quand on a KK sur K68. Mais il nous donnera plus de 50% du temps en plus de l’action si on a le plus petit brelan.

L’impact de notre main sur la range adverse

En résumé : on trouvera rarement de l’action quand on touche un brelan. Dans le meilleur des cas, et hors tirage couleur, on trouvera de l’action environ 15% du temps seulement contre un joueur très large. Dans de mauvaises conditions, avec le gros brelan et contre un joueur serré, ce pourcentage va tomber à moins de 6%.

Globalement, c’est donc une assez mauvaise idée de slowplayer ses brelans. Si on trouve rarement de l’action, on doit en effet compenser en prenant autant que possible quand on touche un set.

Là où la logique trouve sa limite, c’est justement quand on touche le brelan max. On voit bien qu’un Brelan de Rois max détruit totalement la range de notre adversaire. On trouvera de l’action rarement plus de 10% du temps (toujours hors tirage couleur) et la plupart des mains qui nous en donneront sont des tirages (on sera à moins de 3% sur un flop K82 contre un joueur serré postflop). La situation est évidemment encore pire avec une paire d’As qui trouve son brelan au flop…

De fait, il ne sera quasiment jamais possible de jouer très agressivement un (gros) brelan max. Notre main est tellement énorme qu’elle réduit la range adverse à quasiment rien. Si on a la chance de tomber sur un setup (une bonne rencontre comme brelan de Rois contre brelan de 8), il n’est pas non plus très important de se demander comment les jetons iront au milieu; ils y finiront de toutes façons.

Malheureusement, mis à part ces situations de rêve, notre main élimine quasiment toute possibilité que notre adversaire ait au moins top paire. Et vouloir jouer agressivement ne servira le plus souvent qu’à inciter notre adversaire à faire le bon choix : coucher une paire inférieure (8X ou JJ) ou abandonner son tirage quinte.

C’est donc quand on a un gros brelan qu’on doit envisager de slowplayer, de laisser du mou à notre adversaire.

A l’inverse, avec un petit brelan, il sera nettement plus intéressant de mettre la pression, en particulier sur toutes les top paires que les joueurs ont tellement de mal à lâcher. Certes, on ne trouvera pas souvent de l’action, mais il est important, avec un petit brelan, de prendre le maximum quand on en trouve.

Oubliez l’idée que votre petit brelan est invisible. Un brelan est toujours improbable, c’est sa force. Envisagez plutôt le problème sous l’angle des hand ranges : votre gros brelan détruit tellement la range adverse qu’il sera très difficile de trouver de l’action. A l’inverse, un petit brelan laisse la range adverse relativement ouverte et peut donc se jouer plus agressivement.

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