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Kipik Poker : le jeu à la rivière (conclusion)

kipik poker chronique

La rivière est probablement le tour d’enchères le plus simple à jouer. Car c'est celui où on dispose du maximum d’informations. Les tirages sont rentrés ou sont restés dans le sabot. On est généralement en tête-à-tête. Les tours d’enchères précédents nous ont aidé à situer la range adverse (même si seulement de façon approximative).

La seule difficulté que pose la rivière, c’est la taille du pot et, par conséquent, des mises éventuelles.

Paralysie du muscle financier

Pour beaucoup de joueurs inexpérimentés, cette difficulté représente souvent un obstacle insurmontable. Si les joueurs n’ont aucun mal, le plus souvent (trop souvent ?), à sortir l’artillerie lourde flop et tournant, le montant qu’implique une mise à la rivière va souvent les décourager. La même chose vaut quand une carte « dangereuse » complète la rivière. Parfois même si la dangerosité de cette carte est purement imaginaire.

Enchérir à la rivière implique des mises conséquentes qui réveillent la partie de notre cerveau allergique au risque. Et cela entraîne énormément d’erreurs… qui ont en plus le défaut d’être très coûteuses. Une mise manquée à la rivière peut coûter plus que 500 mains jouées correctement. Une mise trop faible, ou trop forte, peut facilement coûter l’équivalent de ce que rapportent 100 ou 200 mains.

Si la rivière est un tour d’enchère simple à jouer en apparence, c’est aussi le tour où les erreurs coûtent le plus cher. De plus, il n’est plus possible de miser un peu au hasard en espérant qu’on sera payé assez souvent par des tirages pour compenser toutes les fois où notre mise nous dessert plus qu’autre chose.

Du coup, on voit très/trop souvent les joueurs se contenter de checker la rivière. Ou abandonner leur bluff. Ou se persuader que, de toute façon, si leur adversaire a payé deux fois, il paiera aussi une troisième (alors que l’augmentation des montants en jeu augmente les chances d’un bluff). Inversement, avec des mains qui ont de la valeur, ils vont souvent se contenter d’essayer d’aller à l’abattage à pas cher, quitte à laisser leur adversaire décider s’il doit check à son tour ou miser. On se demande avec quoi de pire il pourrait bien nous payer. Ou si son check n’est pas un piège. Et, souvent, avec un très gros jeu, ou le jeu max, la mise ne sera pas non plus optimale. On cherche à ne pas faire fuir pour gratter un peu plus. Ou, inversement, on mise tellement fort qu’un call est impossible…

Chacune de ces erreurs à la rivière coûte une petite fortune. Or, le plus souvent, ce n’est pas sur la rivière qu’on s’interroge le plus. On trouve sur les forums des débats interminables pour savoir s’il faut ou non faire une mise de continuation sur tel ou tel flop. Beaucoup moins pour savoir comment optimiser son jeu rivière. Alors même que la décision à prendre sur ce dernier tour d’enchères représente 10 ou 30 fois ce que coûte/rapporte notre décision au flop.

Quelques principes simples pour jouer la rivière

Si le risque est plus grand à la rivière que pour n’importe quel autre tour d’enchère, c’est aussi là que peuvent se faire les plus gros gains. Les précédentes chroniques se sont intéressées à des situations où on pouvait facilement gagner plus (ou perdre moins). Dans chacune, si notre main était importante pour définir un cadre d’action, c’était essentiellement la main de notre adversaire, son range, la situation, qui étaient décisifs pour décider de miser. Et combien.

La rivière est le moment où les enjeux sont les plus importants. Ca devrait donc être l’instant idéal pour analyser à fond la situation. Or, dans les faits, c’est l’inverse qui se produit. On ne voit probablement jamais autant d’insta checks qu’à la rivière. Ou de bet sizés à la va-vite, aussi rapide qu’incorrects.

Si vous avez un jeu énorme, interrogez-vous sur le range de votre adversaire. Sur vos images respectives. Demandez-vous si votre main est évidente où, au contraire, assez difficile à deviner. Il vaudra mieux, parfois, checker le jeu max si rien en face n’est susceptible de payer. Et, inversement, dans les bonnes conditions, n’ayez pas peur de miser beaucoup. Trop. Tout. L’important n’est pas de trouver un montant de mise qui sera le plus souvent payé. Mais celui qui vous fera gagner le plus à long terme.

Avant de bluffer, car ce sera pour vous le seul moyen de gagner la main, même exercice. L’idée, cette fois, n’est pas de faire coucher le plus souvent possible votre adversaire, mais de trouver le montant qui vous fera gagner le plus quand vous bluffez. Il sera du coup plus rentable de miser un peu moins qu’on l’imagine quitte à être payé un peu plus souvent.

Si vous avez un jeu moyen, sur un tableau faible en tirages, perdez la mauvaise habitude de vouloir checker pour limiter les dégâts et inciter l’adversaire à bluffer. La plupart du temps, vous perdrez de l’argent, notamment car votre adversaire vous bluffera moins souvent que vous l’imaginez. Tentez de réfléchir à sa range. A la portion qui vous bat. Et avec quelle portion battue il est tout de même capable de payer. Si celle-ci est suffisante, misez ! Sinon, on en revient au check mais, cette fois, c’est un check raisonné et qui s’appuie sur votre estimation que la range battue qui peut quand même payer est trop peu importante. On peut ajouter que votre plan, dans ce genre de situation, devrait alterner check-fold et check-call selon votre perception de la capacité de votre adversaire à miser plus ou moins «light» (généralement moins que plus en petites limites).

Si vous avez un jeu faible sur un tableau où aucun tirage ne rentre, vous aurez rarement intérêt à miser. Par contre, dans les bonnes conditions, vous devrez cette fois souvent payer une mise adverse en vous appuyant sur votre showdown value et la forte présomption que votre adversaire ait raté un tirage.

Que faire quand le tirage rentre ?

Reste enfin un cas intéressant à analyser : vous avez une main moyenne/forte et le tableau, riche en tirage, n’est pas bon pour votre main. Le réflexe standard sera de checker avec l’intention de payer une mise adverse. On suppose alors que notre adversaire va miser ses tirages rentrés (évidemment) mais aussi bluffer en cherchant à représenter ce tirage. Cette vision des choses est juste complètement à l’opposé de la réalité. Observez une table jouer trente minutes et notez le nombre de fois où un joueur va checker quand le tirage rentre, miser sans le tirage et miser avec le tirage (comptez aussi le nombre de fois où une relance survient et le ratio tirage rentré/bluff).

Aux petites limites, les joueurs craignent tellement les tirages (à raison, d’ailleurs, vu que la majorité des joueurs pédale leurs tirages) qu’il sera rare de trouver un adversaire qui va les bluffer (ou, en tout cas, les bluffer assez souvent pour que cette logique soit rentable).

Si vous avez une main décente et qu’un tirage rentre, misez quand même.

Le pire qui puisse vous arriver sera de voir votre adversaire relancer. Mais cette relance n’a aucun impact : que vous décidiez de check-call ou de bet-fold, vous aurez investi exactement la même somme quand vous êtes contre le tirage rentré. Par contre, vous allez gagner de l’argent toutes les fois où votre adversaire va tout de même payer avec sa main dominée (alors qu’il aurait évidemment checké). Et les fois où vous serez payé par une meilleure main qui n’aurait pas misé (peur du tirage) seront compensé par les fois où votre mise tournera votre main en bluff et fera se coucher cette main supérieure.

Si votre main est vraiment limite, optez pour un tranquille check-fold. Si les joueurs ne savent/veulent pas bluffer assez souvent les tirages rentrés, aucune raison d’aller jouer au héro avec une main médiocre.

Et c’est ainsi que se conclura cette série sur le jeu à la rivière. Prochaine étape : le flop.

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