Psychologie du Poker – Le syndrome du Titanic
Je présume que cet article devrait s'appeler « Teddy et le syndrome du Titanic » mais n'entrons pas tout de suite dans l'histoire... Teddy est un ami joueur de poker.
La semaine dernière, il m'a demandé si j'avais entendu parler du syndrome du Titanic. Cela ressemble à cela : dans les affaires, en particulier les start-up industrielles, on a tendance à adopter des stratégies de management largement acceptées à certains moments de leur développement. L'une des plus grandes techniques actuelles de management est appelée « la gestion du changement ». Cela signifie que pour qu'une affaire florissante, elle doit rester à la page et être capable d'évoluer avec le temps. D'où la notion de « gestion du changement ». Cela semble assez simple, et lorsque c'est bien appliqué, cela fonctionne assez bien.
Cependant, les nouvelles affaires qui marchent bien pensent souvent qu'elles sont invulnérables. Toutefois, la véritable gestion du changement pour elles intervient lorsqu'un vrai problème sérieux survient. Ils touchent un iceberg et l'affaire se retrouve au fond de l'eau.
Voilà le syndrome du Titanic : l'incapacité de voir les icebergs à l'horizon. Et par la suite, une mauvaise gestion lorsque vous avez vraiment touché l'iceberg.
Teddy pensait que son jeu au poker allait mal. Mais un autre joueur lui avait dit qu'il avait tort. Il devait sa mauvaise passe au fameux "syndrome du Titanic". Teddy n'avait pas compris pourquoi, nous nous sommes donc assis pour analyser son jeu.
Teddy sortit le calepin sur lequel il gère son budget. Il me montra ses résultats sur les trois derniers mois. Il était sûr qu'en l'espace de cinq semaines, les chiffres étaient passés de 80% gagnant à 90% perdant. J'ai tiré une ligne au moment où le grand changement a eu lieu, et une autre ligne correpondant au momoent où Teddy était passé de tables 5/10$ Limit Hold'em à des 1/2$ No-Limit.
Ces deux lignes étaient placées à moins d'une semaine d'écart. J'ai demandé à Teddy la raison pour laquelle il avait changé de type de parties. Après quelques onomatopées et une série d'arguments sans queues ni têtes, il a fini par me répondre : « Mais même lorsque je suis revenu aux parties en limit, je me faisais atomiser. » C'était vrai, Teddy perdait désormais aux deux jeux.
Je connaît la manière de jouer de Teddy, du moins je sais comment il joue en limit : il joue toujours dans l'une des salles de jeu sur le « Strip » à Las Vegas. Il joue le jour, et il rencontre donc de nombreux rocs qui se font plaisir. Teddy varie son jeu, voit un nombre raisonnable de flops et pose toujours la mise qu'il faut.
Mais les tables de No Limit ne sont pas remplie des mêmes rocs qu'en limit et j'ai remarqué que les sessions de Teddy avaient désormais plutôt lieu en soirée, même tard dans la nuit, avec des parties différentes et des joueurs différents.
C'est ici que commence le naufrage de Teddy.
Il a réalisé qu'il ne jouait pas une stratégie optimale pour le jeu en No-Limit, il a donc commencé à essayer d'autres tactiques.
Etant donné qu'il était dans une mauvaise série de pertes, ces nouvelles tactiques de jeu ne valaient que pour une session. Il changeait sans cesse de stratégie.
Teddy était impliqué dans la gestion d'un changement important dans son jeu, sans avoir pu identifier le problème. Pire encore, il avait cassé son son jeu en limit; il perdait désormais dans ces parties là aussi ! Il y avait alors deux navires Titanic sous le nez de Teddy.
Alors, qu'ai-je dit à Teddy?
« Teddy, mon ami, as-tu pensé à te mettre au « Loto sportif » ? »
Pour rire ! Juste une mauvaise blague…
« Teddy, mon ami, retourne jouer en limit, mais uniquement après t'être souvenu de ta stratégie gagnante, tu t'y tiendras religieusement. Une fois que tu commenceras de nouveau à gagner, alors, tu pourras jouer en No Limit. Mais je te suggère de le faire online, avec des petits enjeux, jusqu'à ce que tu survoles ce jeu. Mon meilleur conseil est celui-ci : si tu ne peux pas gérer deux stratégies de jeux en parallèle, alors ne joue qu'en limit. »
La dernière fois que j'ai vu Teddy, il était assis à une table de limit à 5/10$ avec un gros tapis, et un grand sourire, mais j'ai décelé son regard furtif vers pour les tables no limit.