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Psychologie du poker : L'implosion

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Psychologie du poker : L'implosion 0001

La semaine dernière, j'ai écrit un article sur les vertus de l'entraînement, en expliquant notamment que 'répéter' les décisions difficiles à la table les rendait progressivement moins difficiles et que cela réduisait également les chances de se trahir en laissant transpirer des indices physiques.

L'un de mes anciens professeurs de psychologie m'a suggéré d'explorer l'autre "facette" de ce phénomène, une technique thérapeutique dénommée l'implosion.

L'implosion, une forme particulière d'entraînement

L'implosion est le processus par lequel on s'imagine et on revit des situations éprouvantes, génératrice de stress et d'anxiété. La thérapie consiste à s'exposer à de nombreuses reprises au même stimulus négatif mais dans un environnement moins anxiogène. La théorie à l'origine de cette technique professe que le stimulus négatif, à force de répétition, finira par perdre de son pouvoir anxiogène.

Ceci est tout à fait comparable à ce que j'avais suggéré dans mon article sur les vertus de l'entraînement, lorsque je recommandais de jouer beaucoup de mains marginales à de basses limites, afin de diminuer l'anxiété que génèrent les décisions difficiles. Nous savons tous qu'il peut être difficile de partir à tapis avec top-paire/top-kicker, mais moins difficile quand même pour un dollar que pour mille.

Et il existe un autre moyen d'utiliser la technique de l'implosion, toujours dans l'optique d'être moins déstabilisé par les décisions de poker compliquées: il ne s'agit plus cette fois "d'imaginer" des situations génératrices d'anxiété, mais de les reproduire concrètement.

L'implosion : mise en pratique

Supposons que votre problème soit d'envoyer un troisième 'barrel' en pur bluff à la rivière, après un "continuation bet" et un second barrel au turn. La théorie de l'implosion vous propose de le faire suffisamment souvent afin de réduire à zéro le stress ainsi généré. Ca me rappelle d'ailleurs une technique d'apprentissage que l'on m'a apprise il y a plus d'une dizaine d'années et, à l'époque déjà, la matière enseignée s'appelait poker.

Mon premier prof de poker était un joueur de cash-game "low-limit", élevé au Stud et aux variantes fermées. Il a ensuite appris tout seul le Texas Hold'em, sur les premiers sites de poker online. Je ne sais même pas si l'on peut vraiment parler de "sites" de poker, les parties en question étaient en mode texte uniquement. Mais je m'égare. John, mon professeur, avait bien du mal à envoyer ce fameux troisième barrel. Il m'a expliqué qu'il avait eu le même genre de problèmes lorsqu'il s'était agi de maîtriser les "continuation bets" au flop (une première mise en bluff, lorsqu'on n'a pas touché le flop). Une fois ce move intégré, il avait du surmonter sa peur de gaspiller encore plus de jetons sur le turn (le second barrel) puis celle d'envoyer un troisième barrel à la rivière, sans l'ombre d'une combinaison en main et alors que toutes les cartes étaient déjà distribuées. Voici la solution qu'a trouvée John, un parfait exemple de désensibilisation par "implosion".

John jouait donc sur Internet, en "low limit" et il avait décidé de se mettre en danger en envoyant trois missiles à chaque fois que la situation le permettait. Sans "read" particulier sur ses adversaires et sans même avoir de main à potentiel. Il enverrait ses trois missiles aussi longtemps qu'il le faudrait, jusqu'à être totalement désensibilisé, jusqu'à ne plus ressentir d'anxiété particulière et ne plus livrer aucun "tell" physique.

Il faut payer pour apprendre

C'est vrai que son taux de gain en a souffert mais, comme il le dit aujourd'hui encore, "je payais pour apprendre". Et l'avantage du "low stakes", c'est que le prix reste toujours modéré. En misant trois tours d'enchères successifs à chaque fois, sans se poser de questions, sa peur de bluffer a fini par s'évaporer complètement; L'étape suivante consista simplement à monter de limite et à mettre en application son nouveau style intrépide aux tables 'live'.

Que vous préfériez baptiser cette méthode d'entraînement répétition ou implosion importe peu. Ce qui compte, en revanche, c'est de savoir si vous êtes capable de vous plier à cette discipline jusqu'à ce que ce genre de décisions ne génère plus aucun stress. Lorsqu'on joue au poker, il faut savoir laisser ses émotions à la porte et jouer son "A game" sans se laisser influencer par la peur. Savoir ainsi se couper de ses émotions demande un véritable entraînement car personne ne naît avec ce genre de qualité.

Ndr : Tous nos articles psychologiques sont disponibles dans notre rubrique "psychologie du poker". N'hésitez pas à aller y jeter un coup d'oeil!

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