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Psychologie du poker : la réflexion multi-niveaux

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Etre capable de réfléchir à plusieurs niveaux est un concept que tout joueur de poker sérieux se doit de maîtriser. Lorsque vous jouez au No Limit Hold'em avec un tapis profond, votre succès en dépend grandement. Les meilleurs joueurs d'échec du monde arrivent à se mettre dans la tête de leurs adversaires et à anticiper jusqu'à six coups à l'avance. Au poker aussi, ce genre d'aptitude peut avoir un gros impact. Essayez de rentrer dans la tête de vos adversaires et de baser vos décisions sur ce qu'ils doivent être en train de se dire.

La réflexion multi-niveaux

De son nom anglais "Multiple level thinking" (MLT), la réflexion à plusieurs niveaux est une technique fondamentale pour parvenir à lire les mains de vos adversaires. A quoi pense-t-il ? Que pense-t-il que je pense ? Etc... Comme le nom le suggère, le MLT est composé de plusieurs niveaux, dont nous discuterons les principaux dans cet article.

Niveau 0: Quelle main j'ai ?

C'est le niveau que tout joueur de poker intègre immédiatement. Savoir quelle main vous possédez, quelles sont celles qui vous battent et celles que vous battez.

Exemple: Si vous avez 56} sur un tableau 784JJ. Vous venez de flopper une quinte hauteur Huit. Vous battez toutes les paires, les double-paires ou les brelans de Valets. Vous perdez contre le quintes supérieures (T9), les couleurs, les fulls, les carrés et les quintes flush.

Niveau 1: Quelle main a mon adversaire?

La plupart des joueurs prennent aussi cette information en compte, et heureusement ! Il mise gros, donc il a sûrement une grosse main, ou il checke le turn, ça veut sûrement dire que sa main est faible. En analysant les actions de vos adversaires, vous tentez d'établir son éventail de mains possibles. Ainsi, vous saurez si vous avez plus de chances de remporter ou de perdre le coup.

Exemple: Vous êtes en train de jouer une partie online, à une table de cash game "Full Ring", et un joueur super-serré relance à 4 big blinds en milieu de parole pré-flop. Comme vous avez PokerOffice ou Poker Tracker installé sur votre ordinateur, vous constatez que ce joueur ne relance que 3% de ses mains pré-flop. Ca veut dire qu'il détient l'une des mains suivantes: JJ+, AQs+, AKo. Vous avez analysé ses actions et maintenant vous avez une idée un peu plus claire du rapport des forces en présence.

Niveau 2: Quelle main mon adversaire pense-t-il que je détiens ?

Là, ça devient déjà un peu plus compliqué. Espérons déjà que votre adversaire aussi est un joueur réfléchi. Il est assis juste là, de l'autre côté de la table, et il est en train de réfléchir aux mains que vous pouvez bien détenir. Faites bien attention. Ce que vous êtes en train de faire a moins d'importance que ce que votre adversaire pense que vous êtes en train de faire. Réfléchissez à vos actions, à la manière dont votre adversaire pourrait les interpréter et à ses réactions les plus probables.

Exemple: Vous êtes un joueur serré-agressif (TAG)et vous n'êtes pas du genre à relancer les pots sans avoir une main solide. Disons que ça fait à peu près 30 minutes que vous êtes assis à la même table de neuf joueurs, une NLHE avec des blindes 0,50$/1$. Vous avez eu un 'run' de cartes, avec deux fois AK, deux fois QQ, une fois les As et quelques JJ et AQ pour faire bonne mesure. Vous avez remporté pas mal de pots pré-flop après avoir relancé mais également post-flop, après avoir effectué une grosse mise au flop. Bref, vous n'avez pas encore vu un seul abattage. Bien sûr, vous n'avez rien changé à votre éventail de mains de départ, vous relancez vos mains fortes et jetez vos poubelles. Mais les autres qui vous voient pour la première fois n'en savent rien. Quand ils vous regardent, ce qu'ils voient, c'est un maniaque qui relance à tout va et continue de miser agressivement au flop et au turn. Ils n'ont vu aucune de vos mains et n'ont aucune raison de vous voir autrement que comme un flambeur qui aurait abusé du Red Bull. C'est alors qu'on vous distribue KQ en fin de parole et que tout le monde se couche jusqu'à vous. Vous relancez à quatre dollars. Les derniers joueurs se couchent sauf le big blind (qui s'est montré assez solide jusqu'à présent). Au contraire, il sur-relance à 12$. En temps normal, vous devriez sagement coucher KQ ici, contre une grosse sur-relance. Mais que pensez-vous que votre adversaire est en train de se dire? Il vous a vu relancer une main sur deux depuis 30 minutes et il est peu probable qu'il accorde beaucoup de respect à votre relance initiale. Il est fatigué de vous voir jouer agressivement et a décidé de vous donner une bonne leçon: "Et que je ne te reprenne plus à voler mes blindes!". En temps normal, on pourrait s'attendre à ce que l'autre joueur détienne quelque chose comme AK ou QQ+, contre lesquelles vous seriez un complet outsider. Mais vu les circonstances, je vous conseillerais plutôt de payer la sur-relance. Il est tout à fait capable de vous sur-relancer avec des mains comme ATo, QJs, 22 ou même 57s. Son éventail de mains est beaucoup plus large maintenant, car vous savez qu'il est en train de penser que vous essayer de lui voler un pot de plus. Et contre son éventail revu à la hausse, votre KQs se porte plutôt bien.

Niveau 3: Quelle main mon adversaire pense-t-il que je pense qu'il détient?

OK, il va sans doute que vous relisiez deux fois le paragraphe qui suit mais ne vous effrayez pas : ça a l'air plus compliqué que ça ne l'est vraiment. Vos adversaires sont en train de faire la même chose que vous. Eux aussi réfléchissent à la manière dont vous percevez leurs actions et à l'éventail de mains sur lequel vous les placez. Le troisième niveau de réflexion traite des conclusions que tirent vos adversaires de la manière dont, à leur avis, vous interprétez leurs actions.

Exemple: Vous avez un tapis relativement profond mais l'un des gros stacks du tournoi est assis à votre table. Un autre joueur est assis en milieu de parole avec un petit tapis. C'est un bon joueur, rusé, qui est déjà parti plusieurs fois à tapis sans jamais être payé. Il a besoin de prendre des jetons rapidement, sans quoi les blindes et les antes auront tôt fait de dévorer le peu de jetons qui lui reste. Les blindes sont à 400/800 et il possède un tapis de 7.400. Tout le monde se couche jusqu'à lui. Et le voilà qui relance à 1.600. C'est étrange, il relance à peine alors que d'habitude, il part à tapis. En plus de ça, il est "short-stack", ce qui devrait normalement l'inciter à faire tapis avec toutes ses mains fortes. On en tire rapidement la conclusion qu'il veut rentabiliser AA ou KK et cherche de l'action à tout prix. Vous êtes donc sur le point de coucher 88 mais, attendez une seconde. Votre adversaire n'est pas un idiot. Le fait qu'il relance à 2 big blind est quand même très étrange. Vous savez que c'est un bon joueur et lui, de son côté, sait que vous réfléchissez toujours soigneusement à la moindre de vos actions. C'est donc qu'il veut nous faire croire qu'il a AA ou KK. C'est pour ça qu'il fait une relance minimale, il joue la comédie et veut vous faire croire qu'il cherche désespérément à ce que quelqu'un le paie. Il est en train de réfléchir au second niveau: "Si j'effectue une relance minimum, mes adversaires vont croire que j'ai un monstre et coucher leurs mains. Je vais pouvoir voler les blindes". Mais vous, vous êtes en train de réfléchir au troisième niveau : "Mon adversaire espère m'induire à penser qu'il a un monstre et me faire ainsi coucher ma main. Il essaie de voler le pot avec une relance minimum". Une fois de plus, vous réfléchissez un cran plus loin que votre adversaire et vous le sur-relancez donc à tapis. Après vous avoir lancé un regard de chien battu, il envoie sa main à la défausse.

Et ainsi de suite...

Le 4ème niveau serait quelque chose comme: "Quelle main mon adversaire croit-il que je pense qu'il pense que je possède". On pourrait continuer comme ça très longtemps, avec un niveau 5, puis un niveau 6, etc... La chose importante à retenir est ceci : tout niveau consiste à comprendre ce que votre adversaire est en train de penser au niveau n-1. Réfléchir au niveau 3, par exemple, revient à comprendre ce que votre adversaire est en train de penser au niveau 2. C'est cette manière de réfléchir qui fait la différence entre les meilleurs joueurs et les autres.

Quel niveau de réflexion dois-je privilégier?

Dans la plupart des cas, réfléchir au premier niveau suffit amplement. C'est vrai des petits pots, des décisions de routine que vous faites automatiquement. Vous connaissez votre main et vous avez une bonne idée de genre de mains que votre adversaire est susceptible de détenir. La plupart du temps, on ne vous en demandera pas plus. Réfléchir aux plus petits niveaux est donc suffisant dans les petits pots ou quand vous jouez contre des adversaires qui réfléchissent très peu. Parfois, vous avez le jeu max et et un joueur part à tapis contre vous. Ou bien, il vous reste 5 big blinds et le croupier vous tend AK avec un sourire. Dans ce genre de situations, le niveau de réflexion 0 est bien suffisant. Beaucoup d'autres décisions sont faites au Niveau 1. Disons que vous détenez 99 au bouton et que le joueur UTG vient de relancer le pot. En premier lieu, vous vérifiez votre main, mais votre décision dépendra en définitive de ce que vous pensez que votre adversaire possède. C'est de la réflexion de niveau 1.

Parfois, la situation est un peu plus compliquée. Surtout quand on joue en No Limit "Deep Stack", avec des tapis de départ très profonds. Dans ce genre de parties, les joueurs ont souvent tendance à faire des moves au flop, au turn et même à la rivière. Dans tous les cas, rappelez-vous bien que le niveau de réflexion pertinent est situé un cran au-dessus de celui de votre adversaire. S'il réfléchit seulement au niveau 0, il n'y aucun intérêt à essayer de réfléchir au niveau 2. Votre adversaire base uniquement ses actions sur la force de ses mains, pas sur vos cartes. Alors pourquoi diable iriez-vous vous demander ce qu'il pense que vous détenez? Tant que vous serez capable de réfléchir un cran au-dessus de votre adversaire, vous ne pourrez pas perdre au poker. Mais faits bien attention! Si vous réfléchissez au niveau 2 en pensant que votre adversaire essaie de vous bluffer et qu'il vous retourne le jeu max, vous devriez vous demander s'il n'était pas en train de réfléchir un cran au-dessus de vous. Vous pensez au niveau 2 qu'il bluffe et lui est en train de penser au niveau 3, en vous incitant à penser qu'il bluffe.

C'est vraiment une guerre psychologique, et c'est ce qui fait du No Limit à tapis profond un jeu aussi excitant. Rassurez-vous, vous ne serez jamais obligé de réfléchir constamment au niveau 3. Contentez-vous de réfléchir un cran au-dessus de vos adversaires et vous bénéficierez d'un gros avantage aux tables.

Exemple: La bataille de bluffs Ivey contre Jackson

Le clip YouTube ci-dessous a immortalisé une grosse guerre d'intox psychologique entre Phil Ivey et Paul Jackson. Ivey possède environ quatre fois plus de jetons que son adversaire. Ivey relance pré-flop avec Q8 et Jackson paie avec 65. Le flop donne 7JJ. Les deux joueurs ont complètement raté le flop et c'est en fait ce qui va mettre le feu aux poudres.

Ivey mise au flop, une mise-sonde standard, pour voir si Jackson a quelque chose ou pas. Ivey est en train de réfléchir au niveau 1: "Mon adversaire n'a probablement rien, donc je vais miser". Jackson entreprend alors de relancer parce qu'il réfléchit au niveau 2 : "Ivey mise parce qu'il sait que je n'ai rien. Je vais donc le relancer parce que je sais qu'il est capable de faire ça avec n'importe quelle main". Il réfléchit un cran au-dessus d'Ivey et relance donc sa mise.

Maintenant, c'est au tour d'Ivey de parler. Il sur-relance. Il est passé au niveau 3 de réflexion: "Jackson sait que je sais qu'il n'a rien, et c'est pour cette seule et unique raison qu'il a relancé ma mise". Mais voilà que Jackson sur-sur-relance! Jackson est passé au niveau 4: "Ivey sait que je sais qu'il sait que je n'ai rien".

Ivey aura néanmoins le dernier mot dans ce coup. Il se cale au niveau de réflexion encore supérieur et part à tapis. Dans cette épreuve de force, Ivey vient de détruire psychologiquement Jackson. Je pense personnellement que si Ivey est allé investir tout son stack dans cette situation, c'est parce qu'il a trouvé la sur-sur-relance de Jackson hautement suspicieuse. Lorsque que quelqu'un mise, que vous relancez et qu'il sur-relance derrière, vous n'allez pas faire de sur-sur relance, vous allez vous mettre directement à tapis (surtout lorsque votre tapis restant est aussi petit que celui de Jackson). Si Jackson était parti à tapis après la sur-relance d'Ivey, il aurait eu une bonne chance de s'emparer du pot. Ivey aurait eu du mal à caller avec hauteur Dame. Quoi qu'il en soit, c'est une magnifique bataille de blindes entre deux très grands joueurs de poker.

Conclusion

Comme vous pouvez le constater, le MLT crée parfois des situations cocasses dans les parties de poker "deep stack". Pour gagner ces parties, il est crucial d'avoir toujours un coup d'avance sur ses adversaires. Essayez de bien comprendre leurs processus de décision, et de baser dessus vos propres décisions.

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