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Revue de session, prise de notes et repérage des "leaks" au poker

Jeremie B.
Jeremie B.
6 min à lire
Revue de session, prise de notes et repérage des "leak" au poker

Les logiciels d'aides à la décision (trackers) sont très utiles pour les statistiques qu'ils affichent aux tables en cours de session. Ils sont aussi très pratiques pour faire des revues de sessions et prendre des notes sur les différents adversaires a posteriori.

Au delà de savoir combien on a gagné/perdu sur cette session particulière ou de voir à quel point on "bad run sous l'EV", revoir les sessions permet de mettre en évidence les failles ("leaks") dans notre jeu ou celui des adversaires.

La revue après une session unique

Lors d'une revue de session, il convient d'utiliser pendant la revue de session des logiciels comme PokerStove et Flopzilla afin d'évaluer l'équité des situations rencontrées. A chaque historique de main étudié, l'on se posera les questions suivantes :

1. Quelle range pouvez-vous attribuer à l'adversaire à chaque phase de la main (préflop, flop, turn, river, après un 3-bet, un check-raise, etc ...)
2. Quelles différence entre la range que vous lui aviez attribué durant la partie et sa main réelle ? Quelle est votre équité contre cette range ?
3. Quel était votre plan au début de la main ? L'avez-vous suivi ? L'avez-vous modifié après avoir réévalué la situation ?
4. Quelles erreurs remarquez-vous ? (manque de valorisation, sur-estimation de la cote implicite, mauvaise évaluation de la fold equity, etc …)

D'abord nous commençons par examiner les mains qui ont été marquées en cours de session pour être revues plus tard. Cela peut-être une main "étrange", que vous n'êtes pas certain d'avoir bien joué ou une main jouée contre un adversaire qui vous pose plus de difficultés que les autres. Cela permet d'examiner les différentes situations rencontrées objectivement, après la bataille, ce qui n'est pas le cas dans le feu de l'action, en particulier pour les joueurs qui multitablent beaucoup. Evidemment, on laissera de côtés les confrontations du style AA vs KK all-in preflop et les 4 outers qui rentrent river alors qu'on était all-in sur le flop, cela n'ayant que peu d'intérêt.

Ensuite, les trackers proposent différents filtres grâce auxquels nous pouvons étudier des situations spécifiques. D'abord, il est important d'examiner les mains où les plus gros pots se sont joués en se posant les questions énumérées ci-dessus. Il est évident qu'un joueur, pour être gagnant, devra remporter la plupart des gros pots qu'il joue.

Les revues de session sur les gros échantillons

En plus de faire une revue de session unique, un tracker permet de stocker un grand nombre de mains et de faire des revues sur de gros échantillons. Il faudra se livrer à ce type de revue de session régulièrement, selon le volumes de mains jouées et sur des périodes suffisamment courtes pour avoir un sens (un joueur peut changer de style à six mois d’intervalle). Une fois par mois peut être une bonne moyenne pour un joueur régulier ou une fois par semaine pour un gros multitableur.

On peut ainsi regarder les mains avec lesquelles on est censé gagner de l'argent. Il est naturel d'être perdant avec 7x2x que l'on va toujours passer préflop y compris dans les blinds. En revanche, si vous êtes perdant avec AxKx sur un échantillon de 10.000 mains, c'est qu'il y a un problème avec cette main. Ainsi, toutes les petites paires, les mains du type AxJx, AX, QxJx et les connecteurs assortis devraient être des mains gagnantes sur le long terme. Si ce n'est pas le cas, regardez quelles sont les situations où elles vous coûtent/rapportent de l'argent et modifiez votre jeu en conséquence.

Il en est de même pour le jeu selon la position. Un joueur doit jouer moins de mains en début de parole car les risques qu'il rencontre une meilleure main plus le désavantage de jouer hors de position postflop rendent beaucoup de mains non-rentables en début de parole. Normalement, un joueur doit jouer plus de mains en position, et avoir un gain moyen (PTBB/100 en cash game, soit un big bet ou deux big blinds pour 100 mains) plus élevé en position tardive. Si ce n'est pas les cas (vous êtes perdant en début de parole et/ou en fin de parole), utilisez les filtres pour voir quelles mains vous coûtent dans les position perdantes.

Dans les blinds, il est difficile d'être gagnant puisqu'il s'agit de mises forcées avec n'importe quelles mains et généralement hors de position post-flop. En cash game, sur une table de 6 joueurs, l'on va payer 17 fois la big blind pour jouer 100 mains (environ). En passant toujours sur sa big blind, cela représente un perte de 8,5PTBB/100. Si vous perdez plus que cela en jouant de big blind, c'est que passer toutes vos mains serait plus profitable que la manière dont vous les jouer !

Toutes les situations (pots non-relancés préflop, les pots 3-bet préflop, les continuation bets, les tirages, les situations en position ou hors de position, vols de blinds, bluffs et semi-bluffs, etc …) peuvent être isolées grâce aux différents filtres. Tout joueur peut ainsi savoir en détails où il gagne/perd le plus d'argent et ainsi repérer ses plus grandes failles.

Prendre des notes sur les adversaires

Un tracker n'enregistre pas seulement nos propres données mais aussi celles des adversaires. Avec un nombre de mains suffisamment élevé (plusieurs centaines au moins), l'on peut tirer diverses informations. Contrairement à une note prise ponctuellement en cours de partie (où un joueur peut-être en tilt, fatigué, tester des moves, etc...), cela permet de repérer des tendances générales qui se répètent chez un joueur.

La première chose à faire est de filtrer les joueurs contre qui vous gagnez/perdez le plus d'argent. Chez les joueurs à qui vous prenez le plus, notez leur points faibles (surjouer une top paire, payer des tirages hors cotes, jouer en hors de position, etc …) et exploitez-les davantage. Avec les joueurs contre qui vous perdez le plus, analysez les mains et les situations récurrentes qui vous coûtent de l'argent.

Il est également intéressant d'étudier de près (comme s'il s'agissait de vos propres statistiques) les plus gros gagnants de votre limites, les joueur réguliers que vous croisez à chaque session et ceux qui vous donnent du fil à retordre lorsque vous les affrontez. Est-il tigh ou loose, passif ou agressif ? Est-il exagérément agressif au flop pour abandonner les streets suivante ou a-t-il une agression équilibrée ? A-t-il des pourcentages de continuation bet, de 3-bets/4-bets/5-bet, de vol de blinds cohérents ? Réalise-t-il la plupart de ses gains en gagnant au showdown ou en faisant passer ses adversaires avant ? Comment joue-t-il ses mains (petites paires, overpair, top paires, tendances au slowplay, utilisation de la texture du board, etc ...). Prendre des notes sur un adversaires n'est pas seulement noter ses points faibles mais aussi ses points forts.

Toutes ces notes seront ensuite précieuses lorsqu'il s'agira de prendre une décision délicate en cours de partie, à condition que celles-ci soient claires, concises et datées (le style d'un joueur évolue au cours du temps).

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