Stratégie cash game : les bons spots pour 3-bet préflop
Cet article aborde le thème du 3-bet préflop en no limit Holdem en cash game, c'est-à-dire le fait de sur-relancer alors qu'un joueur a déja ouvert les enchères. Cette première partie s'intéresse aux statistiques et aux facteurs à prendre en compte pour 3-bet préflop.
Dans ce cadre, nous assumons que vous avez l'option de sur-relancer préflop, que le pot n'a pas été limpé auparavant. Si un joueur a ouvert les enchères et qu'un ou plusieurs autres ont déjà suivi, nous appellerons cela un squeeze. Nous aborderons aussi les statistiques à utiliser, la taille des 3-bets, les cas où vous manquez d'information, la position, etc …
Les statistiques à observer
Lorsqu'une opportunité de 3-bet survient, il y a certains éléments à prendre en compte, avant même de regarder quelles sont nos cartes. Avant tout, il faut se pencher sur les statistiques disponibles. Quelles sont-elles ?
Le PFR (pourcentage de relance préflop) est un indicateur important pour déterminer la range de l'adversaire. Attention de relativiser ce chiffre en fonction de la position depuis laquelle le joueur en question relance. Deux joueurs avec le même PFR moyen peuvent très bien avoir des ranges différentes pour une même position. Un joueur 20/18 peut ouvrir 18% des mains UTG et 21% au bouton ou 10% UTG et 60% au bouton. C'est un facteur essentiel pour la suite de la prise de décision.
Si vous envisagez de 3-bet un joueur, connaître son « fold to 3bet percentage » (pourcentage de fold face à un 3-bet) est du plus grand intérêt. Encore une fois, la position est déterminante : un joueur n'aura pas la même réaction face à un 3-bet fait en position est un 3-bet fait depuis les blinds. Si un joueur tend à passer plus souvent lorsqu'il est hors de position, il faut en profiter.
Dans le tableau ci-dessous, un joueur 22/28 fold face à un 3-bet 29% du temps en moyenne. Au cut-off, il fold 77% du temps face à un 3-bet en position (au bouton) et fold 67% du temps face à un 3-bet des blinds (hors de position post-flop).
Il convient de prêter attention à la combinaison des pourcentages de fold face à un 3-bet et du PFR. Cela peut résulter en des ranges très différentes. Un joueur avec un PFR de 25% et un fold au 3-bet de 65% a une range bien plus large qu'un joueur qui a un PFR de 18% et 65% de fold face à 3-bet. Le premier a une range de 8,8% (77 +, ATs +, KJs +, + AJo, KQo) tandis que le second a une range de 6,3% (99 +, AJs +, KQs, AQo + et huit combinaisons de KQo).
La réaction face à un 3-bet est forcément l'une des suivantes : folld, call ou raise (4-bet). Vous devez donc avoir une idée du pourcentage de 4-betet de la range qui correspond – cela exclus l'éventualité d'un cold 4-bet. La range de 4-bet est le PFR total multiplié par le pourcentage de 4-bet total. Notez que cela n'est pas corrigé en fonction de la position et peut donc résulter en un chiffre biaisé. C'est toutefois une information importante pour décider de 3-bet ou pas en estimant la réaction probable de l'adversaire.
Le «Fold to cbet» (pourcentage de fold face à un continuation bet), si possible en filtrant les pots 3-bet préflop, vous permettra de savoir à quelle fréquence votre adversaire fold post-flop. Plus un joueur a tendance à passer facilement contre un continuation bet, plus vous pouvez élargir votre éventail de 3-bet préflop.
Le« raise cbet % » (pourcentage de relance d'un continuation bet), autant que possible dans les pots 3-bet, permet d'avoir une estimation de l'agressivité post-flop de votre adversaire. Afin d'en avoir une interprétation valide, il convient de mettre ce chiffre en relation avec sa range.
Le taux de « donkbet » indique la tendance d'un joueur à reprendre l'initiative post-flop. Les donkbets ans les pots 3-bets préflop sont plutôt rares mais certains joueurs en sont fans.
Enfin, le « WtSD » (went to showdown, pourcentage de fois où un joueur mène sa main jusqu'au showdown) et le W$SD (won dollars at showdown, pourcentage de fois où un joueur a la main gagnante à l'abattage) vous indiqueront si un joueur a tendance passer trop souvent post-flop. Un joueur avec un WTSD élevé et un W$SD faible signifie qu'il aime payer post-flop avec la main perdante, vous pouvez donc valoriser vos mains plus facilement.
Image à la table et dynamique du jeu
Lorsqu'une opportunité de 3-bet se présente, en plus des statistiques mentionnées, il faut tenir compte de votre image à la table et de la dynamique du jeu. Un bon joueur va ajuster ses ranges pour ouvrir le pot, passer ou 4-bet selon votre image.
La dynamique du jeu est plus difficile à interpréter. Parfois, vous aurez envie de jouer plus agressivement et d'élargir votre jeu en espérant une réaction chez votre adversaire. Mais si celui-ci joue 22 autres tables en même temps, il y a peu de chances qu'il s'ajuste à votre changement de rythme.
Les joueurs qui doivent encore agir
Avant de 3-bet, il est aussi important de savoir qui reste à parler après vous. Si vous avez deux joueurs serrés après vous, il y a moins de chances qu'ils viennent interférer que s'il s'agit d'un bon joueur agressif ou d'un fish.
Quand un fish doit encore parler après vous, déterminez le type de fish dont il s'agit. Tous les fishes ne se valent pas. Un fish 30/10 est différent d'un fish 60/5. Préférez-vous juste suivre pour le garder dans le coup ou payera-t-il pour voir un flop même si vous faites un 3-bet ? Avez-vous une main à jouer dans u pot multiway ou préférez-vous n'affronter qu'un seul adversaire ?
Si les joueurs restant à parler sont agressifs, 3-bet peut les dissuader d'agresser ce pot. Ou, vous pouvez préférer fold plutôt que 3-bet pour faire grossir la dead money dans le pot. Parfois, il peut être intéressant de slowplay une premium pour les laisser attaquer en premier lieu.
La taille des stacks et la taille du 3-bet
La taille de votre mise quand vous faites un 3-bet dépend de plusieurs facteurs. D'abord, il faut prendre en compte le stack effectif. Cela suppose de tenir compte de la taille de votre tapis, de celui du joueur que vous voulez 3-bet et des joueurs qui doivent encore parler. Y a-t-il un shortstack ? Dans ce cas, que ferez-vous s'il envoie all-in ? Selon la profondeur, vous pourrez choisir de faire un petit 3-bet ou un 3-bet plus gros. Avec un plus gros tapis, le jeu post-flop devient plus important et un petit 3-bet ne suffira peut-être pas à chasser votre adversaire préflop. Un gros 3-bet peut alors avoir plus defold equity. L'inverse est vrai pour les petits stacks. Plus un joueur a un petit tapis, plus un 3-bet de moindre taille aura le même effet et ne laissera au shortstack que le choix de fold ou de mettre all-in.
Hors de position il est préférable de 3-bet un peu plus gros. Jouer en position post-flop est un gros avantage, aussi relancer plus gros permet de dissuader davantage vos opposants de profiter de cet avantage. Plus le ratio stack-to-pot (taille du stack divisée par la taille du pot) réduit, plus l'avantage post-flop diminue.
Le montant de la première relance adverse aura un effet décisif sur le montant de votre 3-bet. SI votre adversaire ouvre à 2,5 big blinds (bb), vous ferez un 3-bet de 7,5bb en position et de 9bb hors de position. S'il a ouvert à 4bb, vous ferez un 3-bet de 11 ou 12bb en position et 13 ou 14bb hors de position. C'est un facteur crucial.
Si votre 3-bet est un squeeze (si un joueur a ouvert le pot et qu'un autre a suivi), vous devrez faire un 3-bet plus important. D'abord parce qu'il y a plus d'argent à prendre dans le pot et parce que vous n'avez pas forcément envie d'être payé par les deux joueurs déjà dans le pot.
Contre un joueur vraiment mauvais, il est possible de 3-bet un peu moins fort avec les mains les plus marginales. Par exemple, pour isoler un fish, vous pouvez relancer à 8bb avec K♠J♠ et 11bb et avec AxAx. Dans l'absolu, c'est très exploitable mais le fish ne le remarquera pas.
Le 3-bet en ayant peu d'informations
Bien sûr, vous n'aurez pas toujours à disposition beaucoup de stats et d'informations sur tous vos adversaires. Même en n'ayant joué qu'une dizaine de mains, l'on peut apprendre des choses sur un joueur. S'est-il assis avec un stack complet ? Joue-t-il sur plusieurs tables ? Quelles sont ses stats sur différents sites de datamining ? Est-ce un joueur connu sur cette salle ? Tous ces éléments peuvent vous aider à définir un profil de joueur.
Souvent le meilleur moyen de faire connaissance avec un joueur est de l'agresser. Un fold contre sa première mise ne vous apprendra rien, jouer un pot 3-bet vous apprendra quelque-chose sur lui.
Ce premier article d'une série sur le 3bet préflop n'aborde pas la question des cartes que vous avez en main. Ce sera l'objet du second article qui étudiera les range de manière précise.
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