Stratégie poker : setminer ou sur-relancer avec les petites pocket pairs ?
Dans un article précédent, j'avais parlé de jouer les pocket pairs pour la setvalue, où j'avais abordé la question de jouer pour la setvalue dans les pots 3-bet (sur-relancés). Bien sûr, ce ne sera pas toujours le cas. Souvent, les pocket pairs sont jouées dans des pots avec une seule relance. Le paragraphe suivant va résumer lez différents points abordés dans cet article.
Jouer pour la setvalue demande de faire attention aux points suivants : le range de votre adversaire, son agressivité, la taille des tapis, le montant à payer pour voir le flop, l'argent dans le pot et quelques autres facteurs. L'article précédent traitait de ces facteurs qui viennent influencer votre décision. Nous avions calculé que sur le flop nous toucherons un brelan et remporterons le pot 10% du temps et perdront le pot 90% du temps. Nous avions également discuté de la règle des 5/10 dont nous avions tirés plusieurs conclusions. Dans cet article, je vais traiter de ce que je n'ai pas abordé dans le premier article.
Jouer en tant que relanceur initial
Lorsque nous sommes le relanceur initial (IR), nous n'avons pas de décisions difficile à prendre. Nous voulons jouer notre pocket pair dans un pot que nous ouvrons et, comme nous n'aimons pas limper, nous relançons. Souvent, nous prendrons le pot préflop. Si nous voyons le flop, nous pourrons toujours toucher un brelan, un full voire un carré ou manquer totalement le flop.
Si nous floppons une grosse main, nous avons le choix de checker ou de miser. Cette décision ne dépend pas seulement du board, mais aussi de l'adversaire. Demandez-vous : quel est l'éventail de mains de mon adversaire ? Avec quelles mains va-t-il payer et comment vous pouvez tirer le maximum de profits de la situation ? Imaginons que nous avons 6♠6♣. Sur un flop du type 2♠6♥10♦, il est souvent difficile de valoriser sur trois streets, car notre adversaire aura rarement touché le flop et, si c'est le cas, il ne sera pas enchanté de jouer tout son stack. Sur un flop tel que 6♥8♦9♦, vous pouvez et devez miser directement car plus de mains vont vous suivre. Ici, vous ne misez pas seulement pour valoriser mais aussi pour protection. Etre agressif vous permettra souvent d'investir votre argent en ayant la meilleure main.
Si nous manquons le flop, nous avons toujours la possibilité de faire un continuation bet. Quand faire et comment rentabiliser un continuation n'est pas le sujet de cet article. Si vous voulez en savoir plus, consultez cet article.
Jouer dans les pots relancés
Pairvalue, setvalue, bluffvalue
Examinons toutes les options que nous avons. Nous ne jouons pas toujours nos pocket pairs uniquement pour la set value, nous pouvons aussi jouer pour la valeur de la paire elle-même (pairvalue). Vous pouvez très bien suivre une relance avec 88 sur un flop J73. Votre adversaire va souvent checker la turn s'il n'a rien et vous pouvez alors réfléchir au meilleur moyen de prendre le pot. Vous avez aussi la possibilité de bluffer avec vos pocket pairs, appelons ça "bluffvalue" pour faire simple. Pour résumer, nous jouons les pocket pairs pour la setvalue, la pairvalue ou la bluffvalue, ou une combinaison de ces facteurs.
Classification des pocket pairs
Dans le tableau suivant, vous pouvez voir à quelle fréquence le flop apporte 1, 2 ou 3 cartes supérieures à notre pocket pair. Nous reviendrons sur la dernière colonne "all the rest" par la suite. J'ai créé ce tableau avec l'aide de StoxEV.
Avant tout, vous pouvez voir que les chiffres dans la colonne "All the rest" sont tous de 12%. Cela veut dire que 12% du temps, nous flopperons un brelan, un full ou un carré. Par full, je n'entends pas seulement un full avec 66 sur le flop JJ6 mais aussi avec 66 sur un flop JJJ. La valeur du full augmente d'autant que votre pocket pair est une grosse paire.
Je choisi la classification suivante pour les pocket pairs : les petites paires de 22 à 77, les paires intermédiaires de 88 à JJ et les grosses paires de QQ à AA. Cette classification est fondée sur mon expérience aux tables. Jouer 88, par exemple, est à mi-chemin entre les petites paires et les intermédiaires, comme JJ est à mi-chemin entre les intermédiaires et les grosses paires. La valeur de ces paires dépend beaucoup du joueur contre qui vous les jouer. Plus d'informations sur cette classification par la suite.
Mais cette classification ne se fonde pas seulement sur l'expérience, elle s'appuie aussi sur les math. Vous pouvez voir en jaune les situations qui vont se produire le plus souvent sur le flop pour chaque pocket pair. Avec les paires de 22 à 77, vous verrez souvent 2 ou 3 overcards, ce qui rend difficile de jouer pour la pairvalue. Avec les paires entre 88 et JJ, vous n'aurez le plus souvent qu'une seule overcard sur le flop, ainsi ces mains peuvent être jouer pour la pairvalue et dans certains cas pour la setvalue. Les paires entre QQ et AA verront rarement une carte supérieures sortir sur le flop, c'est pourquoi ces mains peuvent être jouées pour la pairvalue.
De manière générale, on peut dire :
- 22-77 sont principalement jouées pour la setvalue, parfois pour la pairvalue
- 88-JJ sont jouées pour la pair- et/ou la setvalue, en fonction de la situation
- QQ-AA sont jouées pour la pairvalue, parfois pour la setvalue.
Le problème des petites pocket pairs
Le gros problème des petites pocket pairs est l'éventail de mains adverses et l'effet que cet éventail de mains a sur notre cote implicite. Imaginons que vous receviez 55 au bouton. Un joueur serré agressif au cut-off relance de 4 big blinds. Beaucoup de joueurs vont payer ici, mais pouvons-nous vraiment faire cela ? Ce sera souvent difficile de jouer pour la pairvalue car notre paire sera rarement bonne avec plusieurs overcards au flop. 71% du temps, nous verrons 2 ou 3 cartes supérieures et notre main ne vaudra rien à moins d'avoir toucher un brelan. Si nous touchons un brelan, nous serons rarement payés parce que l'adversaire a un éventail de mains très large. Afin de ne pas jouer cette main de manière EV-, nous devons regarder de plus près nos différentes options.
Nos options après la relance adverse est de fold, de call ou de raise. Fold est, comme toujours, EV=0. Un call est EV-, comment est-ce possible ? D'abord notre adversaire à une range très large. Sur le flop, il y aura 2 ou 3 overcards environ 70% du temps et nous devrons presque toujours passer face à un continuation bet. Si nous floppons un brelan, nous devrons avoir la chance que notre adversaire ait aussi floppé une main suffisamment forte pour vouloir investir davantage d'argent dans le pot. Cela arrivera-t-il souvent ? Bien sûr, non.
Suivre la relance avec 55 est donc EV-. La seule option restant est de 3-bet. Le 3-bet est en fait un bluff car nous ne serons jamais suivi par une moins bonne main mais nous pouvons en faire passer de meilleures. Nous savons que l'adversaire relance avec un grand nombre de mains parmi lesquelles beaucoup devront passer face à un 3-bet. Nous savons aussi que, s'il call, nous serons derrière une grande majorité du temps. 3-bet avec 55 n'est donc rien de plus qu'un bluff, mais un bluff EV+, tant que nous ne le faisons pas trop souvent. Si nous le faisions trop souvent, nous nous retrouverions engagés dans des pots que nous ne pourrions gagner qu'avec un bluff post-flop ou en touchant un brelan. Ou, pire, nous pourrions faire face à un 4-bet pré-flop, auquel cas nous aurions perdu 10 à 15% de notre stack pré-flop avec notre pocket pair (en admettant que l'on joue avec 100 big blinds).
La solution avec une pocket pair de 5 est donc évidente : 3bet > fold > call mais seulement si nous varions assez notre jeu entre les fold et les 3-bet pour rendre ce move EV+.
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