Pot Limit Omaha : Stratégie post-flop (partie 1)
Le Pot Limit Omaha est autant un jeu d'instinct, où il faut avoir le courage de suivre ses convictions, qu'un jeu où il faut savoir quelles cartes ne pas jouer. Cela réclame aussi de la discipline pour savoir quand abandonner une main. Parfois, vous aimerez beaucoup votre main pré-flop et construirez un joli pot avec trois ou quatre joueurs. Mentalement, vous êtes prêt à ramasser un gros pot, mais c'est un état d'esprit dangereux à moins d'être un joueur super-agressif avec un stack dominant qui aime miser et relancer du pot, mettant au défi les petits tapis de vous affronter.
Le flop peut apporter plusieurs signaux de danger et vous devez être capable de reconnaître les plus évidents, ajuster votre réflexion et adapter les séquences de mises en conséquence. Voici quelques exemples.
Vous recevez A♠ A♦ K♠ Q♦
C'est une des meilleures mains possibles pré-flop avec une paires d'As, un double tirage couleur et beaucoup de possibilités de toucher les nuts. Vous relancez pré-flop et êtes suivi par quatre joueurs. Les textures de flop suivantes devraient vous faire réfléchir :
1. Q♠ 5♠ 5♥
2. J♦ 10♠ 10♣
3. 8♦ 7♠ 6♣
Exemple 1
Vous avez une double paire, avec les 5 au flop et un As comme kicker. Vous avez aussi un tirage pour la couleur max. La double paire est d'une valeur douteuse, mais le tirage pour la couleur max peut être complété par 9 des 45 cartes non visibles. La couleur a 36% de chances de se compléter sur le turn et la river et la plupart du temps, vous arriverez à la valoriser dans un pot avec de multiples adversaires. Toutefois, si les séquences de mises post-flop comportent des relances de la taille du pot qui forcent les autres joueurs à jeter leurs mains, vous devrez réévaluer la situation.
Mais sur ce flop précis, Q♠ 5♠ 5♥, le signe classique de danger pour une couleur est présent : il y a une paire sur le board. Vous avez quatre adversaires qui détiennent ensemble 16 cartes, soit 35% des cartes non vues. Il reste deux 5 dans les 45 cartes non visibles. Statistiquement, il y a 60% de chances qu'un joueur ait un 5. De fait, vous n'êtes pas favori, vous ne battez pas un brelan à ce moment. Vous ignorez si le joueur ayant un 5 a aussi une Dame, ce qui est improbable (car vous avez déjà une Dame) ou une paire de 5 pour un carré. Il y a 12% de chances pour que deux joueurs aient chacun un 5, augmentant les possibilités que l'un d'eux touche un full à la turn ou la river. Vous devriez alors décider de miser en admettant qu'il y a au moins un brelan de 5 en face.
La question est alors de déterminer comment les autres vont miser ou, si vous êtes le premier à parler, s'il est avisé de miser pour essayer de prendre le pot une fois de temps en temps. Etre en position est un avantage évident car cela vous permet d'abandonner le pot à moindre frais si une ou plusieurs mises sont faites avant vous. Si vous êtes le premier à parler, ou que tout le monde a checké avant vous, et que vous misez le pot, il probable que vous receviez une réponse à vos questions. Miser le pot en premier de parole peut sembler fou, mais puisque vous étiez le relanceur initial, vous avez la possibilité de représenter QQ avec cette mise. Un joueur étant confronté à cette mise peut très bien craindre un full, surtout s'il a un 5 avec un kicker médiocre. Si tout le monde passe, c'est une bonne chose. Si vous êtes suivi, cela peut laisser penser qu'il n'y a pas de full house. Par contre si quelqu'un sur-relance, c'est le signal d'alarme qui passe au rouge. Plus il y a de joueurs qui restent dans le coup sur un flop avec une paire, plus cela rend probable le fait qu'un full soit la main gagnante finale. Dans la mesure où une couleur ne sert à rien contre un full, mieux vaut attendre une meilleure opportunité.
Exemple 2
Sur un flop Jx 10x 10x, la situation est similaire, à la différence que vous avez 12 cartes sur les 45 restantes pour compléter la quinte max. Il n'y a pas de tirage couleur. C'est un bon tirage, mais vous êtes toujours exposé au risque d'un full, c'est fois à cause du 10x. Encore une fois, vous pouvez essayer de voler le pot post-flop en misant le pot ou adopter une ligne comme dans le flop ci-dessus.
Exemple 3
Le flop 8♦ 7♠ 6♣ rate totalement votre main pré-flop. Vous devez donc toucher deux cartes consécutives sur les turn et river, à moins que votre paire d'As tienne bon. Cette fois, il n'y pas de paires sur le board. Le problème est qu'un flop 987 a probablement donné un grand nombre de tirages quintes à vos adversaires. Si un joueur a suivi votre relance préflop avec une main spéculative comme JT87 ou 7765, il a touché un très bon flop. Vous allez probablement faire face à une grosse mise sur le flop et il serait avisé de jeter votre main indépendamment de votre paire d'As, car vous n'avez aucun tirage couleur.
La seconde partie de cet article abordera trois exemples de jeu post-flop en ayant joué pré-flop avec 10♦ 9♦ 8♣7♣
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