Sélection de tables : technique des prédateurs (stratégie poker)
Tony est un joueur régulier en ligne et en salle qui vit en Angleterre. Il joue principalement au Texas Hold'Em et à l'Omaha (Hi-Lo également) en limit, pot limit et no limit, en parties d'argent et en tournois. Il nous explique une technique originale pour jouer sur les tables où le trafic est modeste.
Sur l'un des sites Européens où je joue, il y a souvent plusieurs limites où les tables sont vides, il est difficile de trouver une table au-delà d'un certain niveau. Cela contraste avec des sites comme PokerStars et d'autres qui attirent un nombre important de joueurs et où presque toutes les tables ont un bon trafic.
Mais même sur les plus gros sites, il n'y pas de garanties d'avoir immédiatement une table d'Omaha disponible, contrairement au Texas Hold'em. Bien que pour les joueurs de petites limites, il n'y a en général que peu de difficultés. Sur les sites de taille plus modeste, le choix est très limité en Omaha et souvent il n'y a du monde que sur les petites tables, de 0,25$/0,50$ et 0,50$/1$.
Ainsi, sur mon petit site, je recherche des opportunités de jeu. Je préfère les tables short-handed, avec 5 ou 6 joueurs maximum. Il y a un phénomène que je trouve fascinant. C'est l'existence d'un type de joueur que j'appelle "un prédateur", il s'assied à une table et attend sa proie. Il y en a toujours au moins quelques-uns sur les tables d'Omaha. J'ouvre toujours leurs tables (une fois qu'ils trouvé un client) pour voir comment ils se débrouillent. Et en général, ils s'en sortent bien.
La plupart des joueurs réguliers cherchent des tables complètes pour s'asseoir. Quand je regarde la liste, je vois souvent des tables complètes avec un ou plusieurs joueurs sur la liste d'attente. Et quand je suis le premier sur une table, il me faut attendre une éternité pour que quelqu'un me rejoigne ! Non pas que j'ai une réputation sur le site – croyez moi. Mais parce que très peu de joueurs sont à l'aise pour jouer au Omaha en tête-à-tête, ou même en short-handed.
L'exception sont les "prédateurs". Ils (ou elles – qui sait ?) s'asseyent à trois ou quatre tables vides et attendent le client. Ils ont l'habitude de choisir la plus haute limite où il y a des déjà des joueurs (disons 0,50$/1$) et peut-être une ou deux limites au-dessus (1$/2$ et 2$/4$). Ils prennent un siège et attendent qu'un animal égaré, séparé du troupeau, s'aventure sur leur territoire. Pour eux, il n'y a qu'un but : isoler la bête égarée et la dévorer !
La psychologie de ces joueurs dans ce type de scénario est fascinante. Comme dit précédemment, la grande majorité des joueurs n'aime pas s'éloigner de la foule, ils rejoignent une table complète ou bien remplie, mais ne prendront pas un siège sur une nouvelle table. Être fondu dans la masse permet d'éviter la confrontation et seulement quand ils sont armés d'une bonne main, ils ont le courage de relancer et sur-relancer. C'est comme devoir faire face à une personne agressive sans l'aide de ses amis.
Le "prédateur" sait cela, aussi il ou elle sait faire preuve de patience. Parmi les joueurs cherchant une table, il s'en trouvera un assez confiant dans son expérience ou assez brave pour décider de jouer à une limite supérieure. Il pense probablement : "Eh bien, on ne sait jamais, je peux doubler et partir rapidement" ou "Une fois que l'on sera deux joueurs, les autres verront qu'il y a une nouvelle table active et nous serons bientôt 10".
Ce que fait alors le prédateur, au tout début, est de jouer de façon serrée et patiemment, ne prenant pas de risques avec ses jetons, il jette ses cartes régulièrement. Il souhaite la bienvenue au nouveau joueurs en lui offrant gracieusement quelques pots. Il agit ainsi car s'il utilisait des tactiques intimidantes avec beaucoup de relances pré-flop, le nouveau venu s'en irait avant d'avoir eu le temps de jouer beaucoup de mains et de perdre beaucoup d'argent.
Alors le prédateur joue calmement, voyant pleins de flops. Soudain, le prédateur se retrouve avec un flop où il a des tas de tirages. Il espère de l'action de son adversaire, parfois deux, et en général, sur la turn, il fait une relance de la taille du pot. Invariablement, il est suivi et sa victime est morte.
C'est la façon typique d'agir d'un joueur que j'ai observé. Un autre est un peu différent, il ne cherche pas à attirer son adversaire. Il est agressif dès le départ et parvient à prendre l'argent sur la table car personne ne veut jouer à des limites élevées. Je trouve un tel joueur plus simple à affronter, sachant que je n'ai qu'à attendre comme l'autre prédateur et fondre sur ma proie quand j'ai une grosse main. Ce n'est pas toujours facile de faire face à de l'agressivité, mais c'est plaisant quand il passe face à ma relance du pot.
Ce que ces joueurs ont en commun, qu'ils soient passifs-agressifs ou simplement agressifs, est qu'ils savent que des joueurs vont rejoindre leur table sans avoir l'expérience du jeu short-handed en Omaha. Leur style passif, qui convient bien à une table complète, va trahir la force de leur main plus facilement et offrir une proie facile aux prédateurs qui n'auront plus qu'à planter leurs crocs.
Je me demande parfois pourquoi je n'adopte pas cette approche moi-même plus souvent !
De manière générale, quand vous cherchez une nouvelle table, faites attention aux prédateurs. Regardez ce joueur tout seul qui attend pendant longtemps que quelqu'un vienne à sa table pour jouer. Quoique le mot jouer n'est peut-être pas celui qui convient !
Regardez derrière-vous !
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