Poker et musique : 'The Gambler', de Kenny Rogers
"On a warm summer's evening, on a train bound for nowhere..."
C'est ainsi que commence la plus célèbre chanson dédiée au poker de toute la culture populaire américaine. En 1978 la star de la country Kenny Rogers, qui avait déjà enregistré plus de 15 albums à l'époque, dont pas mal de tubes, sort The Gambler et connaît un succès foudroyant. Pendant des mois, tout le monde fredonne cet air qui raconte la rencontre entre un jeune homme et un vieux "gambler" dans un train, ainsi que les précieux conseils de vie que l'aîné dispense à son cadet.
Finalement, cette chanson deviendra la signature du chanteur à la barbe grise et lui restera indissolublement associée. Pour tous les lecteurs pas forcément très au fait de la country américaine, voici donc une vidéo de the gambler par Kenny Rogers, suivie des paroles de la chanson (en anglais) :
Paroles de "The Gambler" :
On a warm summers evenin on a train bound for nowhere,
I met up with the gambler; we were both too tired to sleep.
So we took turns a starin out the window at the darkness
til boredom overtook us, and he began to speak.
He said, son, Ive made a life out of readin peoples faces,
And knowin what their cards were by the way they held their eyes.
So if you dont mind my sayin, I can see youre out of aces.
For a taste of your whiskey Ill give you some advice.
So I handed him my bottle and he drank down my last swallow.
Then he bummed a cigarette and asked me for a light.
And the night got deathly quiet, and his face lost all expression.
Said, if youre gonna play the game, boy, ya gotta learn to play it right.
You got to know when to hold em, know when to fold em,
Know when to walk away and know when to run.
You never count your money when youre sittin at the table.
Therell be time enough for countin when the dealins done.
Now evry gambler knows that the secret to survivin
Is knowin what to throw away and knowing what to keep.
cause evry hands a winner and evry hands a loser,
And the best that you can hope for is to die in your sleep.
So when hed finished speakin, he turned back towards the window,
Crushed out his cigarette and faded off to sleep.
And somewhere in the darkness the gambler, he broke even.
But in his final words I found an ace that I could keep.
You got to know when to hold em, know when to fold em,
Know when to walk away and know when to run.
You never count your money when youre sittin at the table.
Therell be time enough for countin when the dealins done.
You got to know when to hold em, know when to fold em,
Know when to walk away and know when to run.
You never count you r money when youre sittin at the table.
Therell be time enough for countin when the dealins done.
[B]Un texte de vieux sage écrit par un gamin
Rogers n'a pas écrit [I]The Gambler[/I]. Son auteur s'appelle Don Schlitz et, contrairement au vieux sage du poker qu'il met en scène, Don avait à peine plus de 20 ans lorsqu'il a écrit cette chanson.
Né à Durham, en Caroline du Nord en 1952, Schlitz déménage à Nashville en 1973 pour poursuivre une carrière d'auteur-compositeur. Il prend un boulot de nuit à la Vanderbilt University et passe ses journées à écrire des chansons et à faire le tour des studios de Nashville. C'est durant l'été 1976 qu'un nouvel air sur sa guitare et une idée de chanson consacrée aux cartes s'assemblent dans sa tête pour accoucher de [I]The Gambler[/I].
Finalement, la chanson sera présentée à Larry Butler, un producteur fameux. Reconnaissant le potentiel de la chanson, Butler l'apporte à Rogers et à Johnny Cash, dont les nouveaux albums sont en cours de production. Rogers et Cash enregistreront la chanson à quelques jours d'intervalle mais la version de Rogers, disponible un mois avant celle de Cash, s'imposera comme la version définitive.
Schlitz précise souvent que cette chanson est le produit de son imagination plutôt que de sa propre expérience qui, à l'époque, était assez limitée !: "A ce moment de ma vie" dit-il,"je n'avais même encore jamais pris un train". Il prétend aussi que la chanson a été en partie inspirée par des conseils que son père lui aurait donnés mais qu'au final "c'est plutôt une combinaison entre la personnalité de Kenny, une mélodie entêtante et la volonté de ne respecter aucun code musical de l'époque (pas d'histoire d'amour, pas fait pour danser, une intro trop longue avant d'en arriver au premier refrain...)."
Encore aujourd'hui, on pose souvent des questions à Schlitz à propos de [I]The Gambler[/I]. "Un jour, après le spectacle" se rappelle Schlitz, "un homme est venu me voir et m'a dit : 'alors comme ça...c'est toi qui as écrit [I]The Gambler[/I]?' J'ai souri et hoché la tête. Alors il a ajouté : 'Je t'avais imaginé pus vieux…'. 'Ouais Moi aussi'" a répondu Schlitz.
[B]Quelques importantes leçons de poker[/B]
Alors que la tessiture de baryton de Rogers conviendrait sans doute mieux au personnage du vieux joueur de poker, [I]The Gambler[/I] est raconté du point de vue d'un jeune homme qui rencontre le "gambler" dans un train un soir où tous les "deux étaient trop fatigués pour dormir". Les joueurs de poker reconnaissent instinctivement la pertinence des conseils du vieux "gambler", qui soulignent certains éléments du jeu qui échappent fréquemment aux joueurs novices. Il commence en notant l'importance des "tels" physiques et apprend au jeune homme "qu'il a gagné sa vie en lisant les visages des gens / et en sachant quelles cartes ils avaient à la manière dont ils soutenaient son regard." De fait, c'est ce talent qui permet au "gambler" de repérer que le jeune homme est dans une mauvaise passe ("Je peux voir que tu es à court d'As").
Revigoré par la dernière rasade de whiskey du jeune homme, le "gambler" se lance dans le refrain qui, pour les joueurs de poker, contient au moins deux autres importantes vérités — savoir quand quitter la partie est un qualité cruciale pour tous ceux qui veulent gagner de l'argent au jeu ("Tu dois savoir quand jouer et quand te coucher") et éviter de considérer les jetons en jeu comme du vrai argent tant que la partie est en cours ("ne compte jamais ton argent tant que tu es assis à la table / Tu auras assez de temps pour ça lorsque la partie sera finie").
Finalement, le dernier "conseil de survie" du "gambler" combine l'importance d'une bonne sélection de mains ("savoir quelles cartes jeter et lesquelles garder") et du contexte, qui affecte la manière dont on doit jouer une main donnée ("chaque main est gagnante et chaque main est perdante"). Après quoi, il écrase sa cigarette et s'endort.
[B]Kenny Rogers et Don Schlitz honorés pour "The Gambler"[/B]
Rogers a continué à enregistrer des disques, a interprété plus de 70 tubes au cours de sa carrière (country et pop confondus), dont le dernier en 2006. En 1979, Rogers a gagné un Grammy décerné par la "Country Music Association" pour [I]The Gambler[/I] (Meilleure performance vocale masculine de l'année).
En 1979 toujours, Don Schlitz a reçu un CMA Grammy pour [I]The Gambler[/I] (chanson de l'année) et un autre de la "National Academy of Recording Arts and Sciences" (chanson country de l'année). C'est ainsi qu'a commencé pour Schlitz une longue et prolifique carrière de parolier, qui l'a conduit à écrire 24 singles classés #1 dans le pays pour des artistes comme Randy Travis, Reba McEntire, Tanya Tucker, Lee Greenwood, the Judds et beaucoup d'autres. En 1993, Schlitz a rejoint le "Nashville Songwriters Hall of Fame".
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- [URL="/news/2008/10/poker-cinema-critique-kid-cincinnnati.htm"]Le poker au cinéma : un accueil critique pour 'Le Kid de Cincinnati'[/URL]
- [URL="/news/2008/5/deal-film-poker-cinema-grand-21.htm"]Le poker au cinéma - Pourquoi Hollywood n'y arrive pas?[/URL]
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