2011, l'année du Black Friday
Le 'Black Friday' est sans discussion possible l'événement N°1 du Top 10 PokerNews de 2011, peut-être même le plus important de toute l'histoire du Poker online. Flashback sur le vendredi 15 Avril 2011, qui restera dans les mémoires sous le nom de 'Black Friday'.
Ce jour-là, le ministère de la justice des Etats-Unis (U.S. Department of Justice, DOJ) a mis en œuvre une plainte contre les fondateurs de Full Tilt Poker, PokerStars et Absolute Poker, accusées de fraude bancaire, blanchiment d'argent et d'activités de jeu illégales.
Bouleversant radicalement les rapports de force entre acteurs majeurs du marché et privant des milliers de joueurs de leur source de revenus, cet événement d'une ampleur sans précédent surnommée Black Friday a eu un impact profond sur l'industrie du poker online,
Le thriller du Black Friday est loin d'être achevé et continuera de défrayer la chronique en 2012 au gré des épisodes judiciaires tandis que la saga de Full Tilt Poker devrait connaître sa conclusion. Cela dit, il est facile d'oublier ce qui s'est produit exactement ce jour-là et quelle succession d'événements a conduit à la plus grande crise de l'histoire du poker online. Rappel des faits.
15 avril 2011 : le marteau de la justice américaine s'abat sur les sites de poker
Le vendredi 15 avril 2011, à environ 14h00 (ET, heure de New York), le site d'actualité financière MarketWatch a révélé que les autorités fédérales américaines avaient lancé une mise en accusation formelle des sites de poker sus-cités. Le communiqué de presse désignait nommément onze individus : Isai Scheinberg, Raymond Bitar, Scott Tom, Brent Beckley, Nelson Burtnick, [Removed:441], Ryan Lang, Bradley Franzen, Ira Rubin, Chad Elie et John Campos. Plus de soixante-quinze comptes en banque sont alors saisis.
La plainte allègue des accusations de violation de la loi Illegal Gambling Business Act de 1955 et de la loi UIGEA Unlawful Internet Gambling Enforcement Act) de 2006, affirmant que les compagnies visées auraient utilisé des méthodes frauduleuses pour circonvenir la législation en vigueur.
"Ces accusés ont concocté une fraude criminelle élaborée, trompant alternativement plusieurs banques américaines et en corrompant d'autres de manière effective pour assurer un flot continu de milliards de dollars en profit illégaux du jeu," déclare alors le procureur fédéral (Manhattan U.S. Attorney) Preet Bharara."De plus, ainsi que nous alléguons, dans leur zèle pour contourner les lois sur le jeu, les accusés se sont engagés dans des activités massives de blanchiment d'argent et de fraude bancaire. Les firmes étrangères qui ont choisi d'opérer aux Etats-Unis ne sont pas libres de se moquer les lois qu'elles n'aiment pas simplement parce qu'elles ne peuvent supporter d'être privées de leurs profits".
Daniel Tzvetkoff : l'homme par qui tout est arrivé ?
Ces inculpations semblent sorties de nulle part, mais le journal Courier-Mail suggère que c'est un jeune entrepreneur australien du nom de Daniel Tzvetkoff qui a provoqué ce tremblement de terre dans le monde du poker online.
Tzvetkoff, un intermédiaire de paiement pour ces sites de poker, était entré en conflit avec PokerStars et Full Tilt, ces deux compagnies lui intentant des procès et lui réclamant plus de 100 millions $. En avril 2009, Tzvetkoff fut appréhendé par le FBI à Las Vegas suite à une dénonciation, et fut inculpé de blanchiment d'argent, fraude bancaire et fraude électronique. Considéré comme susceptible de quitter le territoire et privé de caution, Tzvetkoff aurait selon plusieurs sources conclu un deal avec les autorités du DOJ à l'encontre des principaux sites de poker.
Ce même 15 avril, deux des accusés, John Campos et Chad Elie sont arrêtés dans la matinée respectivement dans l'Utah et à Las Vegas au Nevada, la plupart des co-accusés étant pour leur part en dehors du territoire américain.
Réactions en chaîne des joueurs de poker
A 15h26 (ET), PokerStars bloque les joueurs de poker américains de sa plateforme en argent réel, un vent de panique s'emparant des joueurs désemparés mais conscients de la gravité des événements en cours. Bien que peu d'informations ne leur parvienne, le forum de poker américain 2+2 enregistrant 12.000 réactions sur un topic de 210 pages avec pour conséquence un crash du serveur.
C'est alors au tour des réseaux sociaux d'internet de s'enflammer, notamment Twitter et Facebook qui deviennent le principal vecteur des inquiétude des joueurs de poker, amateurs comme professionnels.
Brandon Adams (@badams78): “Bon, j'ai tout lu. Pronostic : défavorable”
Michael McDonald (@MikeMcDonald89): “Tous les quelques mois les gens pensent que le ciel est tombé sur la tête du poker online. Pour la toute première fois, je suis l'un d'entre eux. WTF”
Jason Senti (@PBJaxx): “Bien, le jour où j'envoie aux gouvernement des USA beaucoup d'argent pour compléter les taxes 2010, ils ferment ma source de revenu.”
Matt Affleck sur Facebook: "Bien joué le poker online aux Etats-Unis ! J'ai bien fait d'améliorer mes skills au poker ces six derniers mois :D"
Justin Bonomo sur Facebook: "Je n'ai pas l'habitude de paniquer, mais ce truc du DoJ semble réellement mauvais pour les joueurs de poker des US =( 2+2 est tellement encombré que je n'arrive même plus à tout lire. Ca fait très peur. Quelqu'un a des infos utiles / prédictions informées / liens intéressants ?"
La situation semble alors mal engagée, et plusieurs joueurs tentent de retirer leurs fonds, découvrant que ce n'est alors pas possible. Dans le même temps, les médias du poker tentent d'obtenir des informations des sites concernés sans réussite, à part Bodog qui explique que "tout est normal pour les clients américains de Bodog".
Wynn et Stations Casinos annulent leurs accords avec PokerStars et Full Tilt
Juste avant le Black Friday, PokerStars et Full Tilt Poker venaient de signer respectivement des accords de partenariat avec les chaînes de casinos Wynn et Station Casinos, le mystère planant alors sur le devenir de ces accords au vu de la situation en cours.
A 20h30 (ET), les choses empirèrent de façon significative lorsque Alexandra Berzon, reporter au Wall Street Journal, annonça sur Twitter : "une porte parole de Fertitta a déclaré que le partenariat avec Full Tilt — annoncé en mars dernier — avait expiré.'"
Peu après, l'agence Associated Press rapporte via un tweet d'Oskar Garcia :"Wynn annule l'alliance avec PokerStars, tandis que Fertitta explique que celle avec Full Tilt dépendait de leur capacité à obtenir une licence."
Les espoirs de légalisation du poker online suscités par ces partenariats stratégiques s'évaporèrent en un instant.
Full Tilt Poker ferme à son tour, son PDG Ray Bitar réagit
A 20h52 (PDT, heure de Los Angeles), Full Tilt Poker imite PokerStars et décide de fermer l'accès à ses sites de jeux en argent réel aux joueurs des USA, publiant un communiqué explicatif : "Malheureusement, en résultat de ces action, Full Tilt Poker a décidé de suspendre le jeu en 'argent réel' aux USA jusqu'à ce que cette affaire soit résolue. Full Tilt Poker continuera à fournir des services 'peer-to-peer' de poker online en dehors des USA."
Après une journée longue et stressante, les joueurs reçoivent enfin des informations de la part de PokerStars et Full Tilt qui déclare en outre : "Mr. Bitar et Full Tilt Poker pensent que le poker online est légal — une position aussi adoptée par plusieurs des meilleurs spécialistes légaux des Etats Unis. Full Tilt Poker s'est toujours employé à préserver l'intégrité du jeu et à respecter la loi."
Ray Bitar, PDG de Full Tilt ajoute : “Je suis surpris et déçu par la décision du gouvernement de porter ces accusation. Je m'attend à l'exonération de Mr Burtnick et moi-même."
PokerStars rassure ses joueurs et délocalise son site web
Quelques heures plus tard, PokerStars publie son premier communiqué via une fenêtre d'avertissement sur son logiciel de poker : "Ainsi que vous l'avez peut être appris, nous avons suspendu les services de poker en argent réel pour les personnes basées aux USA en raison des développements légaux qui s'y déroulent. Les développement sont confinés aux USA et n'ont aucun impact sur votre capacité à utiliser nos services. Soyez assurés que vos comptes de joueurs n'ont rien à craindre. Il n'y pas de raison de s'inquiéter. Pour tous les clients en-dehors des USA, les opérations continuent normalement."
Le communiqué stipule en outre que "le site web de PokerStars a été déplacé sur www.pokerstars.eu et notre adresse email pour le support est désormais [email protected]. Nous vous présentons nos excuses pour les désagréments causés par cette interruption. Sachez que nous recevons actuellement un très grand volume d'emails, les temps de réponse s'en trouvant rallongés. Nous répondrons aux emails des joueurs dès que possible. Merci pour votre patience et compréhension dans cette affaire."
Le monde du poker sous le choc, le Black Friday continue
Alors que ce "vendredi noir" tire à sa fin, le monde du poker est K.O debout. Personne ne sait alors ce qui va se passer mais les prochains jours apporteront leurs lots de mauvaises nouvelles dont l'annulation de la très attendue Onyx Cup, la suppression des publicités PokerStars sur la page poker de la chaîne ESPN et le retrait de plusieurs shows de poker télévisés comme le PokerStars Big Game et le Million Dollar Challenge. PokerStars sera par ailleurs rapidement l'objet d'une enquête sur ses contributions politiques et activités à la demande du sénateur du Nevada Greg Brower.
Le Black Friday est une histoire unique qui est devenu le fait marquant #1 de cette année 2011, mais nous sommes encore bien loin de connaître la fin de cette histoire. A ce jour aucune des compagnies accusées par le DOJ n'a repris ses activités aux USA. Full Tilt Poker est toujours inopérante et sa licence de jeu est suspendue mais le nouveau propriétaire, le Groupe Bernard Tapie, entend reprendre les affaires le plus vite possible. Quant aux premiers procès du Black Friday, ils auront lieu courant janvier.
A suivre...
Black Friday : la journée la plus folle de l'histoire du poker online
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