A la découverte de Maria Ho
Superbe interview de Maria Ho réalisée par Lee Davy pour CalvinAyre en marge des WSOP. La manager des Los Angeles parle de l'influence du poker sur sa trajectoire, de son rapport à son image ou encore de la difficulté d'avoir des parents qui comprennent ses choix de vie. 28 minutes disponibles en audio pour mieux découvrir une des meilleures ambassadrice du jeu.
"Nous avons tous des défauts [...] Je suis humaine et parfois je prends des décisions qui ne représentent pas mes valeurs mais avec l'âge j'apprends le pardon. Je suis dure avec moi même [...] Je suis en recherche", explique Maria Ho quand on l'interroge sur son futur. "J'aime le fait de ne pas savoir exactement et de ne pas avoir un chemin tout tracé", ajoute-t-elle.
"Je n'ai pas encore fait tout ce que je veux faire dans le poker donc je ne suis pas encore partie mais je vois plus pour mon futur. Je suis passionnée par tellement de chose", explique la manager des Los Angeles Sunset qui aborde aussi bien la religion que la manière dont elle s'habille dans cet entretien.
Tout compte pour changer la perception du poker
"Je mentirais si je disais que je ne ressens pas un peu de pression [sur le fait d'être bien habillée et d'être jolie au quotidien] Il y a cette photo de Clonie Gowen et ces commentaires sur 2+2 [...] c'est juste une mauvaise image de quelqu'un qui a une mauvaise journée et nus avons tous des mauvais jours. Mais je n'ai pas envie de devenir la prochaine. Donc même si cela m'importe de moins en moins avec le temps c'est toujours dans un coin de ma tête si je suis honnête", indique Maria Ho, très consciente qu'elle a une image à entretenir.
"C'est une fierté de pouvoir jouer sur la manière dont les gens hors du poker voient ce jeu comme une industrie. C'est important pour nous de donner le meilleur de différentes façons. Etre présentable fait partie de cela. Le poker est stigmatisé, les gens se demandent si c'est une carrière, comment est-il possible d'aller au travail en ayant l'air de ne pas se laver ou avec le même t-shirt depuis des lustres ? Je veux changer cette perception, cela peut paraître superficiel mais tout compte pour changer la perception du poker", explique la Californienne
"Cela représente aussi mes valeurs personnelles : santé, bien-être, développement personnel. C'est donc important pour moi de prendre soin de mon apparence et cela ne va pas à l'encontre de mes autres qualités", ajoute la joueuse aux 2 millions de dollars de gains.
Maria Ho passe ensuite un long moment à parler de ses parents et de son rapport à la religion. "Je pense que la spiritualité est un voyage personnel [...] La religion ce n'est plus pour moi", indique-t-elle. "Mes parents ne regardent pas d'un bon oeil le poker mais ils sont très compréhensifs en ce qui concerne mon développement personnel et le chemin que j'accomplis au niveau spirituel", poursuit la joueuse avant de confirmer que ses parents lui ont bien proposé de multiplier par 5 ses gains de poker pour qu'elle arrête de jouer.
"C'est toujours dur car quelque soit votre culture vous voulez que vos parents soient fiers et vous cherchez leur approbation. J'ai grandi dans une famille où ils imposaient vraiment ce qu'ils voulaient pour vous donc c'est dur quand vous choisissez un métier qu'ils ne respectent pas. C'est dur quand vos parents essayent de vous acheter et pensent que cela va marcher. On peut penser qu'il y a une différence entre ne pas accepter et ne pas approuver", révèle Maria Ho.
Le poker n'est pas juste un jeu de stratégie où les gens ne partagent jamais la moindre information
"Ma personnalité n'est pas de tout accepter. Ce n'est pas ma vie. Des gens vont succomber à ce genre de pression cela m'a donné envie de me battre. En fait, ils ont nourri le feu du succès donc je devrais les remercier", ajoute Maria la rebelle. "Plus j'ai grandi et plus j'ai pensé à moi et par moi-même. Il faut définir une ligne entre ce qui me rend heureuse et ce qui les rend heureux. J'ai finalement réalisé que le chemin qu'ils avaient tracé pour moi, je n'avais pas à le suivre", termine celle qui ne se voit pas que comme une joueuse de poker.
"Quand j'ai débuté mon esprit était complétement sur le jeu et mon désir d'être la meilleure. Mais au cours des années j'ai toujours voulu être plus qu'une joueuse et faire grandir le poker. Il y a tellement de gens intelligents dans le poker, des gens qui n'utilisent pas cette énergie pour autre chose. J'ai envie de faire le contraire et je pense que cela a renforcé mon jeu aussi. Le poker n'est pas juste un jeu de stratégie où les gens ne partagent jamais la moindre information", indique Maria Ho qui est ensuite interrogée sur son rapport aux autres.
"Je suis plus à l'aise dans tout ce qui n'est pas du poker mais je passe la plupart de mon temps dans cet univers, c'est une dynamique intéressante [...] Plus je passe du temps dans le poker et moins je suis sociable dans les cercles hors du poker. Le poker me fait sentir comme une étrangère. Quand je suis dans une pièce avec des médecins ou des avocats, je suis déconnectée. Nous avons une liberté extraordinaire en tant que pros du jeu mais c'est très compliqué de mettre cela en perspective et de trouver des points communs avec des gens hors de cette vie. Au final je pense être très sociable mais je pense que le poker m'a fait le devenir un peu moins", développe la joueuse.
"C'est plutôt marrant, les joueurs ne font que parler de poker et quand je suis hors du poker et que l'on découvre que je suis une joueuse on ne me parle que de ça. A ce moment là, vous ne pouvez pas avoir une connexion à un niveau plus profond", ajoute Maria Ho.
devenir une meilleure version de moi même
Quand Lee Davy lui demande quel est son rapport à la solitude, Maria Ho n'élude pas. "Je pense que l'on peut dire cela. Le poker est un jeu de solitaires. C'est toi contre l'adversaire et c'est très intérieur. Dans les moments sérieux au poker, personne ne parle et c'est une vie de solitaire d'aller d'un endroit à un autre sans stabilité", répond la joueuse avant de finir sur une note plus joyeuse.
"La vibration, l'énergie c'est ce qui m'intéresse. Je crois en ce genre de choses. Il y a quelques personnes dans ma vie avec qui je me suis sentie très proche d'entrée de jeu. J'essaye d'entretenir cette énergie", termine la joueuse avant d'aborder des sujets comme la philanthropie et le fait d'être volontaire pour plusieurs oeuvres de charité. Un moyen comme un autre de s'améliorer.
"Je n'ai jamais été heureuse avec le status quo car je pense que je peux changer ce que je n'aime pas en moi même. C'est bon de sentir que l'on peut évoluer, c'est très important pour moi et je dois encore beaucoup grandir. Mais j'ai déjà traversé beaucoup et je connais les étapes du process pour devenir une meilleure version de moi même", termine l'Américaine.