Alec Torelli : Retrouvez la motivation pour le poker
Owasis Ahmed qui, après une année entière pasée à jouer, a perdu toute motivation pour jouer, écrit : “C'est comme si j'étais allé au bout — tout ce que je pourrai accomplir à une table de poker ne sera jamais que la redite de ce que j'ai déjà fait. Lorsque je me projette et que je pense à tout ce 'grinding' qui m'attend, je me rends compte que je n'ai plus d'envie. Serait-il temps de passer à autre chose ?”
Un gand Latte à la vanille
Un matin d'été à Laguna Beach, en Californie, je m'étais arrêté au Laguna Beach Coffee pour me détendre un peu. J'adore la sensation de la caféîne à jeûn et celle du soleil sur ma peau. Là, je pouvais avoir les deux pour 2$.
La jolie serveuse polonaise, qui connaît mes habitudes (un grand latte glacé à la vanille), était absente ce jour-là et s'était faite remplacer par Bridget, une autre très jolie fille avec des cheveux blonds lui tombant sur les épaules et des yeux verts profonds.
“Comment puis-je vous aider?” m'a-t-elle demandé en s'arrêtant à ma table. Mais avant même que je puisse répondre, elle a enchaîné : “Je vous propose la chose suivante : laissez-vous surprendre. Je vous apporte une boisson et, si vous n'aimez pas, je vous fais autre chose".
Lorsque j'ai pris une gorgée de la concoction qu'elle m'avait préparée, un mélange glacé de café, de chocolat et de framboise, je me suis instantanément retrouvé au paradis. “Mais comment avez-vous fait ça ?” lui demandai-je, interdit. “C'est un secret” a-t-elle minaudé en retour puis, plus bas : “Des fois, quand je m'ennuie, j'expérimente..."
Quand la frustration vous gagne
Ce qui trouble Owasis, c'est que jouer au poker est passé du stade de passion à celui de travail à temps plein. A une époque de sa vie, l'idée de se retrouver assis dans un casino était un concept un peu abstrait et glamour. Maintenant, c'est devenu une réalité très terre-à-terre.
Lors d'une récente conversation avec Michael Kaplin, un ami journaliste freelance, nous nous sommes parlés de nos activités respectives. Je lui ai dit que, depuis le 'Black Friday', j'étais passé au poker Live : "C'est différent, tu sais, je passe pas mal de temps sur la route pour essayer de trouver des parties intéressantes".
Et lui d'embrayer : “Ca a l'air super. J'adorerais pouvoir voyager et jouer un peu plus au poker. Là, je suis sur le point d'écrire la critique d'un nouveau restaurant. Ils veulent que je parte pour Vegas la semaine prochaine pour pouvoir le tester". “Ca a l'air génial !” lui ai-je répondu, “j'adorerais être payé pour voyager et écrire".
On a tous les deux rigolé et conclu en même temps : “L'herbe est toujours plus verte ailleurs...”
La routine crée l'ennui
Owasis confesse : “Avant, je rêvais de pouvoir disputer des sessions de 15 heures. Maintenant, ça me fait l'effet d'une peine de prison”.
Le problème n'est pas que le poker soit devenu en soi une occupation ennuyeuse, c'est que Owasis n'arrive plus à y trouver d'intérêt. Refaire la même chose tous les jours peut être usant. La solution n'est pas de tout changer mais de trouver le moyen d'épicer son quotidien.
Nous sommes gouvernés par de multiples routines. Ces dernières nous aident dans notre vie de tous les jours, nous rendent plus productifs, plus responsables, structurent nos journées et nous aident à faire ce que nous avons à faire. Le truc, c'est juste de ne pas en devenir les esclaves.
La solution : la créativité
Ce qui fait que Bridget est une serveuse à part, c'est qu'elle adore son métier. Son secret ? Elle est créative. Plutôt que de refaire toujours le même café noir, elle vend à ses clients ses dernières trouvailles.
L'ennui survient lorsqu'on arrête d'apprendre.
Et au poker, cela signifie que nos décisions deviennent machinales.
Plutôt que de se dire : "Je suis supposé miser au flop parce que c'est le move standard", demandez-vous : “Pourquoi ?” Par définition, un move standard est un move auquel s'attendent vos adversaires. Et donc, ne serait-il pas intéressant de faire l'exact inverse ?
Il est très facile de devenir créatif dans un jeu ou aucune main ne ressemble à la suivante.
Récemment, je me suis mis à juste payer avec de grosses mains dans des pots avec plusieurs joueurs. Je me disais : “Tout le monde relancerait, donc je vais juste payer”. Le résultat, c'est que personne ne me voit sur ces mains-là et que je prends mes adversaires par surprise.
Je suis toujours en train de me tester en me retrouvant volontairement dans des situations qui me forcent à réfléchir au jeu et à trouver des solutions auxquelles je n'avais jamais pensé.
Se trouver un modèle
Trouvez quelqu'un qui bosse dans le même secteur que vous et qui s'épanouit dans ce qu'il fait. Invitez-le à dîner et laissez-le vous inspirer. Comment son approche de son métier lui permet-il de continuer à le trouver inspirant ?
Le mois dernier, j'ai passé autant de temps que possible avec mon bon ami Michael “Play2Kill” Touritz, un joueur de poker aussi doué que fûté et qui possède une passion inégalée pour le jeu. Il n'est pas du tout surprenant qu'il fasse toujours partie des gagnants à la table. Lorsque sa journée idéale consiste à jouer au poker une dizaine d'heures d'affilée, ça aide.
J'ai eu de la chance de pouvoir l'observer jouer plusieurs heures, pas seulement parce qu'il m'a permis d'affermir encore ma connaissance du jeu mais aussi parce qu'il a remis en question ce que je prenais pour acquis. “Si les gens se contentent de payer vos relances avec des mains profitables contre vous, quel intérêt de relancer en premier lieu ?” Avec des diversions de ce genre, le poker peut prendre une nouvelle dimension.
Changer de perspective
Je me plaignais à mon amie d'avoir à jouer autant au poker lorsqu'elle m'a arrêté en levant la main : “Tu n'es pas obligé de jouer", m'a-t-elle corrigé, “Tu veux jouer”. Suivant la manière dont nous l'abordons, une même activité peut apporter beaucoup de peine ou, à l'inverse, beaucoup de joie. “Il faut que je fasse de l'exercice aujourd'hui parce que j'ai pris du poids” et “je vais aller profiter de la piscine” sont deux propositions qui amènent au même résultat mais dénotent une attitude très différente.
Un tuyau rapide : faites la liste de 10 choses que vous appréciez le plus dans votre travail, lisez-les quand vous vous réveillez et amenez-la au boulot avec vous.
Voici ma liste perso : flexibilité, fun, universalité, lucrativité, stimulation, capacité à influencer les autres, possibilité de voyager, de rencontrer des gens intéressants et l'image cool du joueur de poker. C'est une liste qui évolue en permanence.
Le maillon faible
Un autre exercice que je trouve très utile s'appelle “le maillon faible”. Chaque semaine, je choisis un aspect de mon jeu que j'ai décidé d'améliorer. Ca peut être n'importe quoi. Cette semaine, mon but était de “clarifier mon esprit avant chaque prise de décision”. Pour m'entrainer, je vais prendre une profonde inspiration et contracter mon estomac avant chaque action.
Avoir un truc sur lequel me concentrer me donne le coup de boost dont j'ai besoin pour jouer. Mon jeu est devenu moins mécanique, plus précis, parce que je sais dans quelle direction je dois aller et aussi que mon métier n'est pas de faire de l'argent. L'argent est plutôt la résultante naturelle d'un travail bien fait.
Ceux qui grimpent la pyramide du succès en atteignent le sommet à cause du second niveau — Ils sont bons. Ils sont bons à cause du niveau intermédiaire— ils travaillent dur. Et ils travaillent dur parce que - et c'est la chose la plus importante, ils n'oublient jamais la base, la structure et la fondation de tout le reste. La passion.
Si j'aime autant ce que je fais c'est avant tout parce que j'adore le poker. Gardez cet amour intact et le reste suivra naturellement. L'herbe est verte partout. Y compris devant chez soi. Faites juste attention à ne pas trop marcher sur la pelouse...
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