3 clés pour progresser au poker
En lisant le livre de Mario Livio intitulé, Les erreurs géniales : de Darwin à Einstein — Les colossales erreurs par de grands scientifiques ayant modifié notre compréhension de la vie et de l'univers, Robert Wooley s'est interrogé sur les raisons qui nous empêchent d'apprendre de nos erreurs.
En introduction, Livio écrit "Nous blâmons souvent le mauvais sort au lieu de prendre en compte nos erreurs. C'est la raison essentielle pour laquelle nous apprenons rarement de nos erreurs."
Si vous consacrez ne serait-ce que cinq minutes à appliquer cette maxime au monde du poker, vous constaterez que chaque joueur de poker est susceptible d'être concerné par cette vérité universelle.
Reconnaître ses erreurs de manière objective est la première étape pour comprendre ce qui ne fonctionne pas dans notre approche du jeu.
Étape 1: faire le bon diagnostic
Le problème est que chaque joueur de poker, comme tous les humains, a tendance à trouver plus facile de blâmer l'autre plutôt que de s'engager dans une réelle et profonde introspection visant à déterminer ses propres responsabilités.
Voici trois exemples parmi les plus répandus !
- un de vos amis vous appelle pour vous se lamenter du bad beat qui l'a éjecté de son dernier tournoi, mais il ne vous dit pas un mot des nombreuses décisions qui l'ont amené à se retrouver short stack, et donc susceptible d'être éliminé par le premier mauvais coup.
- Un joueur à votre table devient fou quand un type saoul paie son bluff avec une main rocambolesque telle que bottom paire. "Comment pouvez-vous me payer avec ça ?" hurle-t-il. Vous remarquez qu'il ne s'accuse pas de ne pas avoir compris qu'il était suicidaire de bluffer un tel joueur.
- Vous restez à votre table jusqu'à perdre l'intégralité de votre tapis sur un coin-flip. Vous gémissez "je ne gagne jamais un flip" sans vous demander pourquoi vous avez attendu aussi longtemps pour engager tout votre argent dans un spot qui ne soit pas meilleur qu'un 50/50.
Votre médecin a peu de chances de vous sauver d'une appendicite s'il diagnostique une indigestion et vous prescrit une simple diète. Dans le même esprit, vous n'améliorerez jamais les faiblesses de votre jeu si vous faites le mauvais diagnostic en accusant la malchance ou les décisions stupides de vos adversaires. Après tout, vous ne pouvez changer les cartes ou la manière de jouer de vos rivaux , la seule chose que pouvez changer c'est votre propre manière de jouer.
Étape 2: Trouver la bonne correction
Faire le bon diagnostic peut être facile si l'on est lucide, mais trouver la bonne méthode pour y remédier n'est pas toujours aisé.
Woolley avait l'habitude de jouer à Vegas avec un joueur qui faisait de très grosses relances préflop lorsqu'il avait les as - et exclusivement ceux-ci - dans une table à 50$ aux blinds 1/2$. Excepté lorsqu'il était payé par les rois, il déclenchait une cascade de folds. Content de prendre les 3$ de blinds, parfois agrémenté d'un dollar ou deux venant de limpers, il montrait ses as et lançait "si vous voulez les craquer, il faudra payer cher."
Il avait expliqué les raisons de ce move étrange : il était fatigué de perdre de gros pots avec les as et avait décidé de privilégier le vieil adage "il vaut mieux gagner un petit pot que perdre un gros."
L'ennui bien sur est que la manière dont il corrigeait ce problème l'empêchait de tirer profit de la plus belle main du poker. Sa solution était efficace pour le protéger des accidents, mais ce n'est pas le but avec une telle main. L'objectif est de maximiser le profit à long terme avec les rares premiums touchés. La solution choisie par ce joueur était évidemment totalement contre-productive.
Bien, mais si vous avez fait le bon diagnostic et appliqué la bonne méthode, qu'elle peut être la troisième étape ?
3. Obtenir une autre opinion
Il peut être imprudent d'estimer que vous avez correctement analysé le problème et solutionné celui-ci de manière optimale. Il est souvent préférable de demander conseil à des tiers.
Daniel Kahneman, lauréat d'un Prix Nobel en économie, avait coutume de dire "je ne suis pas très optimiste sur la capacité des gens à changer leur façon de penser, mais je suis très optimiste sur leur capacité à détecter les erreurs des autres." Le bon vieux concept de la paille dans notre oeil et de la poutre dans celui du voisin...
Rédigeant des articles sur le poker depuis des années, Robert Woolley a eu de nombreuses occasions de décrire en détail comment il avait joué une main, livrant de brillantes analyses sur ce qu'il avait fait de bien - ou de mal - avant de se retrouver confronté à des commentaires de ses lecteurs mettant en avant omission ou erreur d'interprétation.
Demandez à des proches dont vous respectez la compétence et la sincérité en matière de poker ! Cherchez à savoir s'ils ont des choses à ajouter à vos propres conclusions. Ecoutez scrupuleusement leurs conseils, surtout s'ils vous touchent, car les plus importantes vérités sur nos erreurs sont souvent blessantes (tout au moins pour notre ego). Un chirurgien n'ôte pas l'appendice sans inciser en profondeur.
Les avancées géniales décrites par Livio dans son livre sont survenues quand les erreurs initiales ont été corrigées, par le scientifique lui-même ou d'autres, les corrections ont alors permis une avancée importante et "géniale" pour reprendre le titre.
Vos erreurs dans le poker peuvent - aussi - vous conduire à améliorer votre talent et vos gains, si vous analysez correctement le problème et appliquez le bon remède, de préférence avec le concours de conseillers avisés pour être certain de ne pas s'orienter dans une mauvaise direction. Ces étapes sont simples, mais jamais faciles à mettre en place.
Robert Woolley a vécu sept ans à Las Vegas et rédigé de nombreuses chroniques sur son expérience dans son blog “Poker Grump”.