Downswing : Comment prévoir et gérer une série de pertes au poker
Un "downswing", qui pourrait se traduire en français par un "mouvement vers le bas", est le terme utilisé au poker pour désigner une série de résultats inférieurs aux résultats que peut espérer un joueur. Sur une certaine période, un joueur gagnant va gagner moins (voire perdre), un joueur "breakeven" (à l'équilibre) va perdre et un joueur perdant va perdre encore plus vite. Tous les joueurs rencontrent un jour ou l'autre une mauvaise passe ("bad run") qu'il faut savoir anticiper et à laquelle il convient de réagir correctement pour éviter de faire banqueroute.
Mathématique d'un downswing
Quelle est la probabilité de rencontrer un downswing ? Celle-ci dépend de la variance. Plus un joueur a un winrate (taux de gain en big blinds pour 100 mains en cash game ou retour sur investissement en tournoi) faible - et donc une variance élevée, plus la probabilité qu'il rencontre un downswing est élevée. Sur les hautes limites, où même les meilleurs joueurs ont des winrates relativement peu élevés, les swings peuvent être très violents, à la hausse comme à la baisse.
Dans Poker Mindset de Ian Taylor et Matthew Hilger, on peut lire une citation de Craig Hartman en exergue du chapitre sur le downswing : "A longue tout le monde finira par avoir une série plus mauvaise qu'il croyait possible. La différence entre un gagnant et un perdant est que ce dernier pensera ne pas le mériter".
Plus on a un gros volume de jeu, plus la probabilité de rencontrer un événement rare augmente. Si vous êtes un joueur régulier, même avec un très bon winrate, il est très probable que vous rencontriez un downswing tôt ou tard. On pourrait presque dire que la probabilité de rencontrer un downswing est de 100%. Autant donc s'y préparer pour le gérer au mieux. Un logiciel tel que Variance Simulator peut vous donner une idée de ce à quoi vous devez vous attendre.
Downswing et bankroll
La meilleure protection contre un downswing est d'abord une bonne gestion de bankroll. La gestion de bankroll sert à éviter d'être "broke" (perdre tout son capital) suite à une mauvaise série. Il faut noter que quelle que soit la gestion de bankroll adoptée, le risque n'est jamais nul. De manière très générale, une bonne gestion de bankroll accepte un risque de ruine compris entre 2 et 4%. Un outil comme Poker Bankroll Simulator permet d'optimiser sa gestion.
Les stratégies de gestion de bankroll varient selon le type de jeu (cash game, tournoi multitable ou sit'n'go) et les variantes jouées (Hold'em ou Omaha). Il convient de jouer avec un certain nombre de buy-ins pour pouvoir encaisser des pertes et continuer de jouer à la même limite. Par exemple vous jouez avec 25 buy-ins de 100 big blinds en NL100 et décidez de redescendre en NL50 dès que vous retombez à 20 buy-ins. Pour perdre cinq buy-in de NL100, il aura suffit de perdre 500 big blinds de cette limite. En revanche, une fois redescendu en NL50, il faudra regagner 1.000 big blinds avant d'avoir remonter votre bankroll au niveau initial.
Si vous décidez de jouer avec 50 buy-ins à une limite et de redescendre lorsque vous êtes retombé à 30, cela vous laisse une plus grande marge pour reconstruire votre bankroll plus rapidement - un downswing de 20 buy-ins étant moins fréquent qu'une perte de cinq buy-ins.
Psychologie d'un dowswing
Le downswing n'est pas qu'une affaire de probabilité et de gestion. Il comporte souvent une grande part de psychologie, pour deux raisons principales : le tilt et le dénie.
Le tilt est une raison simple à comprendre. Lorsqu'un joueur subit une mauvaise série, il peut se mettre à jouer de façon émotionnelle plutôt que rationnelle, prenant alors des décisions qui ne sont pas optimales il aggrave ainsi ses pertes. Selon sa solidité psychologique, l'aversion au risque et le montant des sommes mises en jeu, un joueur peut entrer en tilt plus ou moins facilement. Eviter de tilter ou savoir quitter la table lorsque l'on est en tilt est déjà une bonne façon de ne pas aggraver un downswing.
Le dénie est plus délicat car plus difficile à reconnaître et donc à corriger. Un joueur peut simplement ne pas se rendre compte qu'il est en tilt. Son ego peut l'empêcher d'admettre que sa bankroll s'est réduite à un point où il devrait redescendre de limite. Il est aussi possible de ne pas réaliser qu'une partie importe des pertes ne sont pas dues à la malchance (même si elle existe) mais aussi à la manière de jouer. Certains joueurs peuvent refuser d'admettre qu'ils surjouent des mains marginales ou qu'ils ont un style de jeu qui les conduit à ne jouer des gros pots que contre les mains qui les battent.
Cela peut arriver en particulier chez les joueurs qui sont ou ont été de gros gagnants. "Aussitôt que vous pensez votre bankroll en sécurité, remettez-vous en question. Aussitôt que vous pensez être un gagnant régulier, remettez-vous en question. Il a été dit très souvent que l'humilité est la clé du succès au poker, et c'est vrai" écrivait Andrew "BalugaWhale" Seidman en 2006 alors qu'il venait de perdre sa bankroll en NL25.
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