Stratégie Omaha (XV) – Leçons payantes pour le Pot Limit
J'ai beaucoup parlé des bases de l'Omaha, des caractéristiques de ses mains et de ce que vous devriez penser en jouant tout particulièrement en « limit ». J'ai présenté le « pot limit » et la manière de moins voir les flops avec des mains marginales avec la possibilité que cela vous coûte votre tapis entier pour une main mal jouée.
Toutefois, en Omaha « pot limit », il y un cas où l'on peut, dans une situation adequat, sur-relancer le pot simplement pour agresser vos adversaires sur leurs mains marginales. Vous devez aussi vous rappeler qu'en Omaha, vous pouvez souvent être le favori après le flop en ayant une main avec de nombreux tirages (mais sans avoir aucune main de faite) contre un joueur qui a le max à ce stade. Dans ce cas, vous devez prendre votre courage à deux mains et sur-relancer pour réduire le nombre de joueurs et battre ceux qui restent. Après le flop, vous pourriez avoir entre 15 et 21 « outs » possibles à partir de deux cartes ce qui est une situation favorable pour vous contre un seul joueur et peut être même deux joueurs.
Pour l'instant, je jouerai une partie de Omaha en « pot limit » online. Je ferai comme je l'ai fait pour les exemples en « limit » et je jouerai à une table à faible enjeu. Cette fois, je jouerai sur Poker Stars et sur une table en « pot limit » à 0,25/0,50$. Ces tables autorisent un tapis maximum de 50$. Je ne vais pas publier les mains que je jette avant le flop cette fois-ci mais vous pouvez me croire quand je vous dit que beaucoup des mains que je reçois sont jetées. A la place, je parlerai de mes mains qui se développent et je verrai ce que je peux glaner du jeu.
Les leçons peuvent couter cher
Il y a une table entière à ce moment à ce niveau et je suis donc le premier sur la liste d'attente. Cela me donnera une chance de voir comment sont les joueurs. Ayant observé quelques mains, il y a clairement certains joueurs qui aiment suivre et un ou deux qui font des relances minimales, ce que je n'aime pas faire dans ce jeu. Soit vous relancez pour réduire le champ soit vous ne relancez pas du tout. Une relance minimale attirera toujours des « limpers » et cela pourrait être une de leurs mains médiocres qui vous bat au flop.
Finalement je suis à la table dans la partie et les cartes sont distribuées.
Main 1:
La première main intéressante a lieu sans moi mais je vais la raconter pour les « limpers ». J'ai 8♦ 3♦ 8♥ 7♠. C'est une faible main de départ avec une paire moyenne et sans support, mais les joueurs se glissent, « limp », souvent avec toute paire. Je me couche et le flop est 4 8 J. Ce type de main engloutirait immédiatement un joueur pour miser le brelan. En pratique, un joueur relance et un autre sur-relance. Je me demande alors si le sur-relanceur a JJxx avec une mise si importante sur un flop moyen. Finalement, la rivière est un J qui m'aurait fait un full aux 8 par les Valets. Il aurait été tentant de miser car les deux Valets du tableau rendent peu probable le fait que le sur-relanceur ait les deux autres Valets. Pourtant, le sur-relanceur les a et fait le carré !
Leçon à retenir :
Il est souvent dangereux de voir le flop avec une paire moyenne. Les brelans moyens sont faibles en Omaha. Jeter toujours les mains poubelles avant le flop. Vous économiserez une fortune.
Main 2 :
A la petite blind, j'ai Q♥ 9♦ T♣ A♣. Cela offre un potentiel de couleur max et une suite bien que cette dernière nécessite qu'une combinaison K + J ou J + 8 apparaisse au tableau. Nous avons besoin d'un bon flop. Il donne 9♠ 5♣ 2♣ m'offrant le tirage couleur max et la top paire sur un flop moyen. Cela signifie que je devrais pouvoir voir la carte suivante pour pas cher sauf si un joueur a fait un brelan (mais pour les 9, il y a peu de chances puisque j'en ai un). Je suis le premier à parler donc je relance du pot à 3,35$. Cela m'importe peu de gagner le coup de suite étant donné que je n'ai pas les « odds » pour la couleur. Cela ne met pas les « limpers » hors circuit et je reçois trois suiveurs ce qui remplit bien le pot. Le tournant est une Q♣ – parfait ! Cela me donne aussi les deux top paires me donnant quatre cartes possibles pour faire un full sur la rivière. Avec le max déjà en main, je veux seulement éviter un 9, 5 ou 2 sur la fin pour que le pot soit garanti. Le plus important est alors de garder les joueurs dans la coup. Je décide de miser un tiers du pot, 5$. J'obtiens un suiveur. La rivière est un 6 rouge donc j'ai le max. Je dois maintenant bien mesurer comment obtenir au maximum sans faire fuir mon adversaire. Je suspecte qu'il a aussi une couleur car il n'a pas eu peur de ma mise au tournant (ou peut être a-t-il 99 ou QQ). Il est possible qu'il pense que je n'ai pas l'As car ma mise sur le tournant était assez petite. Je décide de miser 20$. Il suit et je prends le pot de 63$.
Leçon à retenir :
Du point de vue du suiveur à la fin, c'est le vieil adage en Omaha, « Toujours se méfier du max ». S'il avait eu la couleur au Roi, le fait de suivre aurait été compréhensible car il aurait pu croire que j'essayais de voler le pot. De mon point de vue, ayant obtenu mon tirage au tournant, c'était simple. Avec une couleur, vous devez vous méfier des paires au tableau. Si une paire était arrivée à la fin, j'aurais du me méfier du max !
Main 3 :
En position tardive j'ai A♦ J♠ 8♣ A♣. Deux As est une main traditionnelle pour relancer et c'est souvent ce qu'un joueur a s'il sur-relance le pot. Vous ne voulez pas être face à beaucoup de joueurs quand le flop arrive donc ce n'est pas une main de « limping » sauf si vous êtes en position précoce et sûrs qu'un joueur relancera avant vous et que vous pourrez alors le sur-relancer. Dans ce cas, un joueur a relancé à 3$ et je décide de sur-relancer le pot à 8$. Le relanceur a 40$ disponibles au total et j'ai l'impression que ce sera mon engagement dans ce pot. Il finit par suivre, suggérant une main plus faible ou uniquement de bons tirages. Le flop est T♣ 9♦ 9♠, pas le meilleur avec une paire. Cependant, l'avantage de relancer pré-flop est de réduire la possibilité pour un joueur d'attraper un tel brelan. Il serait assez malchanceux pour moi si ce suiveur avait un des 9 restants ou une paire de 10. Il fait parole ce qui me semble être un bon signe plutôt qu'un « slow-play ». Je décide que j'aimerais prendre le pot dans ce coup et je mise le pot de 16$. J'ai aussi J 8 pour un tirage suite par les deux bouts. Cependant mon adversaire sur-relance de la plupart de son tapis donc il se retrouve pratiquement à tapis. Ce n'est pas du tout un bon signe mais j'ai un dilemme parce que mes pertes potentielles sont limitées à 18$ de plus. Je présume qu'il a un brelan et non un full donc j'ai 11 « outs » pour une suite ou mieux. Je pense devoir le suivre. Le tournant est un troisième 9 ! Désormais j'ai un full aux 9 par les As. La rivière est un 8. Il montre QQ9x pour le carré.
Leçon à retenir :
Dans ce cas, Le « check-raise » sur le flop montrait un brelan ou mieux. Deux choses ont empêché ce qui aurait du être un facile « lay-down ». Premièrement, le maximum que je pouvais perdre était 18$ plutôt que les 100$, et plus, si on avait de gros tapis. Cela m'a donne un meilleur profil de risque par rapport à la récompense possible. Deuxièmement, j'ai aussi 8 « outs » pour la suite. Une Dame pour une suite aurait fait un full pour l'adversaire (sans le troisième 9) mais je n'étais pas censé le savoir. C'est cependant trop facile de jouer des As jusqu'à la fin simplement par surévaluation après le flop.
Conclusion
On ne peut pas nier le fait que le Omaha en « pot limit » est un jeu instable avec de gros pots contestés par des joueurs qui veulent aller à tapis avec ce qu'ils pensent être 50% de chances de gagner le pot. C'est la bonne action bien entendu. A partir du moment où vos mises importantes sont légèrement en votre faveur, vous gagnerez dans l'ensemble. Le cercle virtuel que vous recherchez à créer est de construire un large tapis de jetons avec lequel vous pouvez commencer à intimider de plus petits tapis hors de leur tirages. A ce moment là l'avantage tourne encore plus en votre faveur.
Les mains ci-dessus ne représente qu'un petit exemple de comment des décisions significatives peuvent affecter la taille de votre tapis. Si vous pouvez minimiser les pertes quand les « odds » semblent être contre vous mais maximiser les gains quand ces mêmes cotes sont en votre faveur, vous construirez de gros tapis plus souvent.