Psychologie du poker : L'amabilité
Il y a conseil et conseil. Il y a le conseil chaleureux et amical : "Sois gentil, sois heureux". Et il y a le conseil froidement pratique: "Chacun pour soi!" Parfois, nos tendances naturelles peuvent nous éloigner de nos objectifs naturels; Parfois, rien d'autre ne doit compter que le but à atteindre. Et cela signifie aussi vous comporter différemment de d'habitude.
Mère Theresa ou Bernard Tapie ?
Dans la plupart des situations requérant un certain nombre d'interactions avec d'autres individus, nous ne tenons pas à ruiner l'harmonie du lien social et tendons donc à nous comporter de manière plaisante et accomodante. On rencontre ainsi beaucoup de gens agréables, amicaux, prompts à aider, honnêtes et dignes de confiance.
Mais il nous arrive aussi de croiser le chemin de personnes moins agréables au quotidien, sans être nécessairement complètement anti-sociales. Ce sont des gens qui placent souvent leur intérêt personnel avant les impératifs sociaux. Il s'occupent d'abord d'eux-même et le groupe vient ensuite.
Je sais ce que vous êtes en train de vous dire. Que les gens agréables ont raison et qu'ils représentent la grande majorité d'entre nous, tandis que les autres ne sont qu'une minorité de nuisibles. Ce n'est pas si simple. Il y a des situations où nous devons penser à nous-même avant tout. D'ailleurs, le succès est souvent dû à une certaine dose d'égoïsme. Evidemment, poussé à l'extrême, cela donne des individus totalement obsédés par l'argent, la gloire et les biens matériels et le seul lieu où nous souhaitons les rencontrer est le plateau d'un 'reality show'. Alors, en fin de compte, qui est votre héros : Mère Theresa ou Bernard Tapie ?
Application au poker
Ne perdons pas de vue que rien n'est totalement noir ou blanc. Nous pouvons, et devrions probablement, modifier notre comportement en fonction des circonstances. Par exemple, si un cadre n'est pas capable de prendre ses responsabilités et d'accomplir son boulot, quoi qu'il lui en coûte, il va se faire virer.
Vous voyez le parallèle qu'on peut en tirer avec le poker ? Au poker, le but principal est de prendre tous les jetons de ses adversaires. Vous ne gagnez que s'ils perdent, fin de l'histoire. Alors, je sais bien qu'on a tous joué dans ces petites parties, avec quelques amis, où tout le monde aime bien checker jusqu'au bout pour aller voir l'abattage et d'où l'esprit de compétition est à peu près totalement absent. Mais très franchement, ça n'est pas vraiment ce qu'on peut appeler du poker.
La question, finalement, doit être la suivante: Pouvez-vous continuer à vous montrer amical, attentionné, généreux, secourable, courtois et gentil... sans perdre votre "edge" (votre avantage à la table)? Etes-vous capable d'avoir un instinct de tueur tout en conservant toutes ces qualités?
La martingale du poker : se montrer sympa tout en restant implacable
C'est vraiment une question que vous devriez-vous poser pour améliorer votre niveau de jeu. Je vais vous faire part de deux observations qui m'ont frappé au fil des ans :
Tout d'abord, si vous vous êtes sérieusement mis au poker, vous avez probablement arrêté de jouer avec vos amis. Et vous préférez désormais jouer contre des adversaires sérieux, car vous vous sentez incapable de conserver votre avantage en ne jouant que 'pour le fun'.
Seconde observation : les meilleurs joueurs de cash-game que je connais peuvent très bien se montrer avenants à la table sans que cela affecte leur jeu. En fait, ils ont même incorporé cette gentillesse à leur jeu. Vous les aimez bien et donc vous n'avez pas vraiment envie de 'partir à la guerre' contre eux. Ils sont même tellement sympas que vous ne remarquez pas l'instinct de tueur qui les anime une fois impliqués dans un coup.
Ne soyez pas le joueur qui sourit à l'adversaire qui vient de remporter le pot. Soyez celui qui ramasse les jetons... et n'oubliez pas de sourire.
Ndr : Tous nos articles psychologiques sont disponibles dans notre rubrique "psychologie du poker". N'hésitez pas à aller y jeter un coup d'oeil!