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Slowplay poker : Faut-il miser moins pour gagner plus ?

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Jeremie B.
4 min à lire
Slowplay poker : Faut-il miser moins pour gagner plus ?

Le "slowplay" consiste au poker à sous-jouer une main très forte afin de mieux la valoriser en masquant sa force. Ainsi, au lieu de miser avec la meilleure main possible sur flop, il peut être préférable de checker afin d'avoir plus d'action par la suite en ayant montré une certaine faiblesse. Toutefois, l'inconvénient d'abandonner un tour d'enchères est souvent de manquer une occasion de construire le pot tout en laissant une opportunité à l'adversaire de toucher une main meilleure que la nôtre. Voici quelques conseils pour que le slowplay reste profitable.

Principes à suivre pour slowplay

Pour slowplay dans des conditions idéales, il y a quelques règles à respecter, sans quoi sous-jouer ne revient qu'à donner une carte gratuite à l'adversaire et lui offrir une opportunité de nous battre.

D'abord, il faut avoir une main très forte et qui a de grandes chances de rester la meilleure main en voyant une carte supplémentaire. Ainsi, on évitera de sous-jouer une top paire vulnérable comme A9 sur le flop 925, de nombreuses cartes supérieures au Neuf pouvant sortir turn. De même, avec 66 sur le flop 568, le slowplay n'est pas conseillé dans la mesure où le flop présente de nombreuses possibilités de tirages quintes et couleur. Cela est d'autant plus vrai, si l'on est dans un pot multiway (avec plus d'un adversaire), où les chances sont grandes qu'au moins un des opposants ait l'un des tirages.

Ensuite, la carte gratuite laissée doit lui donner assez de chances à l'adversaire de toucher une bonne main. Slowplay avec 56 sur un flop 478 sera souvent plus profitable que slowplay un brelan d'As sur le flop AK5 : la raison est que sur le premier flop, une carte gratuite peut donner une top paire à l'adversaire avec laquelle il pourra avoir envie de jouer. Sur le second flop en revanche peu de cartes peuvent améliorer la main adverse et lui donner envie d'investir davantage.

Un autre facteur à prendre en compte est la taille du pot relativement à celle des tapis effectifs. Checker le flop, fait perdre un tour d'enchères et donc une street de valorisation. Si la taille des tapis est relativement faible par rapport à celle du pot, slowplay est une bonne option car miser deux streets permet tout de même de prendre la totalité du stack adverse. En revanche, quand les tapis deviennent plus importants, le slowplay perd de son intérêt. D'abord, parce que perdre un tour d'enchère peut empêcher de construire un pot assez gros pour gagner tout le tapis adverse. Ensuite, parce que plus les tapis sont profonds, plus la cote implicite pour payer avec une main marginale est intéressante – et le risque de laisser une carte improbable donnant une meilleure main à l'adversaire peut coûter cher.

Le style de l'adversaire entre aussi en jeu. Il est généralement contre-productif de slowplay contre un joueur loose passif, qui sera enclin à payer jusqu'au bout avec une simple paire. Contre un joueur agressif, il peut être profitable de montrer de la faiblesse pour le laisser miser là où il aurait passer face à une mise. Toutefois, contre certains joueurs trop agressif, il peut être préférable de miser en premier pour le voir relancer et faire grossir le pot encore plus.

Evaluer la rentabilité du slowplay

Par exemple, après avoir relancé KK préflop, un joueur suit et nous voyons le flop 7K2. Il s'agit a priori d'une situation idéale pour slowplay. Mais, comme dans toute situation au poker, il convient d'évaluer la rentabilité de chaque option avant de décider de la meilleure.

Dans un article dédié au slowplay, Andrew Brokos donne l'exemple suivant :
"Supposons que vous ayez floppé les nuts [la meilleure main possible] et le pot est de 100$. Lorsque vous misez pour valoriser, vous décider de miser environ 80% du pot. Vous devez d'abord choisir entre miser sur trois streets ou de checker le flop puis de miser le turn et la river.

Si votre mise de 80$ sur le flop est suivi, il y aura 260$ dans le pot sur la turn. 80% de 260$ équivaut environ à 210$ qui, s'ils sont payés, donneront un pot de 670$ sur la river. Une mise river sera donc de 536$. Si votre adversaire paye, vous gagnerez un total de 826$ avec votre monstre floppé.

Si au contraire, vous checkez le flop, vous ne remporterez que les deux premières mises de 80$ et 210$, pour un total de 290$. Pour que le slowplay soit profitable, vous devez multiplier par trois les chances de voir ces deux mises suivies pour justifier de n'avoir pas construit le pot sur le flop".

Ainsi, même avec une main du type KK sur le flop 7K2, le slowplay n'est pas automatique. En plus des cartes, il faut prendre en considération les tendances adverses, la dynamique de la table et l'éventuel historique avec les joueurs impliqués. Si laisser une carte gratuite ici n'est pas un gros risque, ce n'est pas nécessairement le meilleur moyen de rentabiliser. Si certains joueurs peuvent interpréter un check au flop comme un signe de faiblesse, il en est d'autres qui payeront une mise au flop avec des paires intermédiaires comme 8x8x-10x10x.

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