David 'Doc' Sands : "Le poker européen est plus agressif"
David "Doc" Sands est l'un des joueurs les plus consistants sur le circuit mondial des tournois de poker. Ces six dernières années, il a amassé plus de 4,8M$ en tournois Live et online. Son résultat le plus récent est une seconde place au World Poker Tour L.A. Poker Classic qui lui a rapporté 806.000$. Juste avant de repartir une nouvelle fois en aventure sur le circuit, Sands a pris le temps de répondre à quelques questions des auditeurs du podcast de Kristy Arnett.
Le poker européen est-il plus 'soft' que l'américain ?
- "J'était à la Grande Finale de l'EPT à Monte-Carlo il y a deux ans et j'ai assisté à une confrontation à tapis au bout de quelque minutes de jeu seulement. Overpaire contre brelan je crois. Peut-être que le jeu à Monte-Carlo est différent du reste de l'Europe mais disons que le niveau ne m'a pas eu l'ai très relevé. Que penses-tu du niveau du circuit européen, est-il vraiment plus 'soft' que l'américain ?"
- Je trouve que les joueurs européens ont fait beaucoup de progrès ces dernières années, plus que nous en tout cas qui ne pouvons plus nous entrainer en ligne, et donc le niveau s'est resserré. Disons qu'en Europe, le niveau est peut-être plus hétérogène, avec beaucoup de très bons joueurs pour qui j'ai le plus grand respect mais aussi plus de mauvais joueurs que dans les tournois américains.
Et l'autre différence, tu as raison de le signaler, c'est qu'on y joue aussi un poker plus agressif qu'aux Etats-Unis. Jouer un tournoi en Europe et aux Etats-Unis, ce n'est pas du tout la même chose, ça ne s'aborde pas de la même manière. Il y a dans tout ça des joueurs très techniques mais aussi l'influence des joueurs latins, qui sont des gens fiers et qui ont horreur de se faire bluffer. Les joueurs français et italiens, notamment, sont capables de prendre plus de risques dans des 'calls' marginaux que leurs collègues américains.
Comment résister à la variance des tournois en Live ?
- "J'ai gagné ma vie pendant plusieurs années en disputant des tournois en ligne. Comme je suis américain, depuis le Black Friday ce n'est plus possible. Je suis donc passé aux tournois Live et aux buy-ins modestes ou moyens. Pour ce faire, je suis obligé de partir régulièrement en voyage. A cause de la variance dans les tournois, j'ai beaucoup de mal à continuer à gagner ma vie en jouant au poker. Comment fais-tu pour gérer la variance dans les tournois Live ?"
- C'est une très bonne question. La variance est aussi élevée en ligne qu'en Live mais, à cause notamment des coûs associés aux voyages, le Live est un peu plus compliqué. J'ai toujours été très rigoureux dans ma gestion de bankroll. J'ai eu la chance de faire quelques gros résultats assez tôt dans ma carrière. Même si j'étais déjà un très bon joueur à l'époque, je ne mesestime pas du tout le rôle de la chance dans ces résultats. Et le fait d'en être conscient m'a encouragé à mettre tout de suite de l'argent de côté.
Je me suis toujours dit que si je touchais un jour le jackpot, je n'irais pas tout claquer en trucs sans intérêt. Donc j'ai mis des noisettes de côté en attendant l'inévitable "downswing". L'important, c'est de se rappeler que quand on touche beaucoup d'argent en une seule fois, il faut absolument le considérer comme de l'argent ajouté à votre bankroll. Rien de plus. Et intégrer cette nouvelle donnée à vos techniques de gestion de bankroll.
Un autre bon moyen de se prémunir de la variance est d'ajouter quelques cash games à son programme de tournois. On peut gagner de manière beaucoup plus régulière grâce aux cash-games et vous pouvez souvent le faire très près de chez vous, ce qui occasionne moins de dépenses en voyages. Cette source de revenues régulière doit aussi servir de tampon pour atténuer la variance des tournois.
Un squeeze profitable ?
- "Dans un tournoi Live de no-limit Holdem, niveaux de 20 minutes, blindes à 100/200 mais on est à quelques secondes de passer à 150/300. Il y a quatre limpers. Est-ce qu'un type au cutoff avec 4.500 jetons peut profitablement se mettre à tapis ici avec n'importe quelles cartes, histoire de voler le coup ?
- Oui, c'est plutôt un bon spot. Personne, à ce moment du tournoi, ne va aller limper avec une main excellente. S'il est payé 25% du temps, il a quand même encore des chances de s'en sortir. Cela dit je ne suis pas trop fan de l'approche "j'y vais avec n'importe quelle main". Disons que ca me semble correcte avec le Top 60% ou 70% de ses mains.
Pour des coups aussi risqués, je préfère y aller avec des mains qui gardent une certaine équité, je préfère largement un 6-9 assortis à un 4-10 dépareillés. Tu sais, je dispute surtout des tournois qui vont durer entre quatre et six jours donc je ne me précipite pas non plus sur n'importe quelle situation potentiellement profitable. Si je vois un spot superbe mais que j'ai Dame-3 dépareillés, je préfère me coucher et attendre un spot semblable ou j'aurais Dame-9 assortis. Comme ça, si le mec me paie avec une paire de Septs, je ne serai pas derrière."
Comment mieux jouer avec un petit tapis ?
- "Je pratique surtout le cash-game et j'essaie toujours de jouer avec les tapis le plus profonds possibles. Par exemple, je vais jouer avec en 2$/5$ avec une cave de 1.000$. Les rares fois où je me retrouve 'short stack', c'est en tournoi. Et dans ces cas-là, je ne sais pas du tout me comporter. Quels conseils pourrais-tu me donner pour devenir un meilleur joueur 'short stack' ?"
- C'est intéressant parce que j'ai vécu un peu l'histoire inverse. J'ai disputé beaucoup de tournois sur internet avant de passer au poker Live. Donc j'étais habitué à toujours jouer avec 50 big blinds ou moins, du coup mon jeu 'short stack' était nickel. Par contre, j'avais pas mal de difficultés à jouer avec un gros tapis. C'est la raison pour laquelle je me suis mis aux cash-games, pour devenir meilleur avec un gros tapis.
Donc, ce joueur devrait faire exactement l'inverse : se mettre aux tournois et aux sit&go, Live ou online', y compris à petit buy-in et avec des structures turbo ou hyperturbo, et répéter inlassablement ses gammes de 'push or fold'.
L'intégralité du Podcast (en anglais) avec David 'Doc' Sands
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