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Gagner au poker : travail et passion

Alec Torelli
Alec Torelli
Jeremie B.
Jeremie B.
6 min à lire
Alec Torelli : Gagner au poker demande du travail et de la passion

Alec Torelli est un joueur de poker professionnel qui compte 1.394.679$ de gains en tournoi à son actif. Dans le nouveau billet de son blog, il explique comment le succès au poker vient du travail et de la passion du jeu, plus que la chance.

Des souvenirs personnels

Deux événements ont radicalement changé le poker : l'UIGEA et le Black Friday. Après ces deux impacts d'astéroïde sur l'industrie, seuls les plus forts ont survécu. Ce n'est donc pas une surprise si le jeu est devenu beaucoup plus difficile à battre.

Les joueurs professionnels de la vieille école ont été supplantés par une nouvelle génération de petits génies issus d'internet, ceux qui travaillent leur jeu, connaissent les chiffres et sont avides d'être les meilleurs.

La semaine dernière j'ai participé auPartyPoker Big Game à Vienne. J'ai eu la difficile tâche de jouer avec des joueurs tels queSam Trickett, Phil Laak, JP Kelly, Daniel "Jungleman" Cates et Andy Moseley. C'était la pire tablée que j'ai jamais affrontée et je me suis souvent senti dépassé. A plusieurs reprises, je hochais la tête en me disant "Ils sont juste trop bons".

En jouant des parties aussi difficiles, l'on peut apprendre beaucoup sur le jeu et sur soi-même. Voici mon point de vue et quelques conseils sur ce qu'il convient de faire.

Les problèmes : l'Ego et l'Apathie

L'Ego
Voici une statistique qu'il serait intéressant de connaître : Parmi les joueurs de poker combien pensent être gagnants et combien le sont effectivement ?

Gagner au poker : travail et passion 101

Une étude montre que sur une échelle de 1 à 10, la moyenne des gens se donne 7 pour leur capacité à conduire et leur aspect physique. Du point de vue de la survie, cela est tout à fait sensé.

La raison pour laquelle nous nous leurrons nous-mêmes c'est que cela nous aide à procréer. Plus nous avons confiance, plus grande est la chance de trouver un(e) partenaire. Dit simplement, notre inclination naturelle à sur-estimer nos capacités est inscrite dans nos gênes.

L'ego a son utilité. Au poker, il est nécessaire pour se refaire rapidement et garder confiance y compris dans les mauvaises passes. Cela nous aide à jouer sans peur et à croire en nos "reads". Mais il a aussi ses dangers. L'ego peut nous aveugler quant à nos erreurs et nous inciter à attribuer à la variance les coups mal joués. L'ego conduit à sur-estimer nos capacités et sous-estimer la concurrence, avec pour résultat une sélection médiocre des parties et de mauvaises décisions à la table.

L'Apathie
Les joueurs de poker sont notoirement fainéants. Sans quelqu'un pour nous dire quoi faire, il est facile de laisser aller. L'état d'esprit est : pourquoi travailler quand on peut jouer ? Cette mentalité coûte cher et si l'on ne fait pas attention, nos habitudes alimentaires, notre rythme de sommeil et notre équilibre général peuvent totalement basculer.

L'apathie tire le pire de nous-mêmes quand nous perdons. Il est trop facile de blâmer la malchance quand cela va mal et d'attribuer les succès au talent. On ne cherche plus à s'améliorer puisque l'on est déjà "assez bon".
Pire, beaucoup d'entre-nous sommes prisonniers du passé. On se rappelle tous cette partie où après avoir passé la nuit en boîte de nuit on se réveille et on fait de l'argent en ligne. Je parle d'expérience, n'attendez pas d'être "broke" pour ouvrir les yeux.

La raison : Des idées fausses

Pour un joueur de poker, l'argent comme le succès, ça va, ça vient. Nous n'accordons pas trop de valeur à l'un ni à l'autre et être "broke" n'est pas un gros problème quand un gros score suffit à retrouver le sommet. Avec cet état d'esprit, nous ne cherchons pas à progresser, mais restons au ralenti en attendant que la chance tourne.

Gagner au poker : travail et passion 102

Le joueur de poker nourrit son ego avec une simple victoire en tournoi. Les médias, les pairs et les fans louent le vainqueur pour son talent et sa prouesse héroïque. Il n'est pourtant jamais salué quand il perd le coin flip qui l'aurait mené en table finale.

Ce succès biaisé et parfois faussé peut nous rendre temporairement aveugle. Quand un joueur pro joue 50 tournois par an, dont peut-être 10 tournois majeurs, la variance peut durer la vie entière. Le succès en tournois est très dépendant de la chance, il faut s'y faire. Ou l'on peut choisir de jouer en cash game deepstack où les avantages sont plus importants et le long terme se réalise plus vite.

En ce qui concerne les compétences à la table, le succès en tant que joueur professionnel est disproportionné quant aux autres aspects de sa vie : gestion de bankroll, sélection de tables, faire des pauses, les habitudes de sommeil, le bien-être, l'équilibre général, la peur, savoir supporter le jeu mentalement et, le plus important, le travail. En d'autres termes, être bon au poker n'est pas aussi important que d'être un bon joueur de poker.

Enfin, nous ne devrions pas oublier les fondements de l'économie – les marchés sont extrêmement efficaces. Dès qu'il y a des millions de dollars à prendre, il y aura des gens pour se les disputer. Pire, il y aura certainement quelqu'un qui les voudra plus que nous-mêmes. Qui pourra les arrêter sinon nous-mêmes ?

La Solution: le travail et la passion

Un jour un journaliste a vu Tiger Woods frapper des balles de golf la nuit sous l'orage. Interrogé, Tiger Woods a répondu : "Tu ne sais jamais quand tu vas jouer sous la pluie". Roger Federer, avant son match de championnat à Wimbledon a été aperçu en train de regarder la finale féminine. La raison est simple : il aime de le tennis.

Beaucoup d'athlètes ont un don naturel, mais il y a une raison pour laquelle, ils sont les deux plus grands. Ce sont eux qui travaillent le plus. Il serait fou de nier la grande part de chance dans le poker, mais le plus souvent, c'est la compétence, issue d'un travail régulier, qui prévaut sur le long terme.

Il y a un moyen de travailler très efficacement sans avoir l'impression de faire ses devoirs d'écoliers. La Passion. Quand nous trouvons une activité que nous adorons pratiquer, le challenge transforme la douleur en plaisir. C'est le zèle qui nous pousse à faire les sacrifices nécessaires pour atteindre le succès. C'est l'amour du jeu, pas le résultat final qui nous anime. (Aimer chanter plutôt que vouloir devenir riche et célèbre). Sans la passion, il est impossible de donner le meilleur de soi-même.

L'on peut se forcer à travailler en s'enfermant à clé. On peut prendre un coach, étudier, regarder des vidéos. Mais tous les efforts du monde ne nous mènerons pas bien loin si l'on abandonne dès que cela devient difficile. La passion est nécessaire pour surmonter les difficultés, elle dest innée et naturelle. Trouvez la et vous n'aurez plus une seule journée de travail de votre vie.

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