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Stratégie poker Hold'em : les 'blockers' et la lecture des mains

Carlos Welch
Carlos Welch
Jeremie B.
Jeremie B.
5 min à lire

Le poker est un jeu d'informations incomplètes. Aussi, il faut utiliser les informations dont on dispose, y compris les cartes visibles, pour aider à déduire les informations qui ne sont pas immédiatement disponibles, à savoir les cartes adverses.

Lorsque vous utilisez vos propres cartes (et celles du board) pour déterminer les cartes possibles dans les mains de vos adversaires, l'on parle de 'blocker'. Cet anglicisme désigne le fait que certaines cartes visibles permettent d'éliminer de l'éventail des mains possibles chez l'adversaire (hand range) certaines combinaisons mains.

Voici cinq exemple de la manière dont les blockers peuvent être utilisés afin de cerner l'éventail de mains adverse.

Le brelan max bloque les top paires

Supposons un flop AxXxXx au moment où nous avons AxAx en main. Dans cette configuration, j'aime slowplay s'il n'y a pas de tirages. En effet, j'ai déjà deux As en main et un troisième est sur la table. Il est assez improbable que mon adversaire ait le quatrième et dernier As du paquet en main. Aussi, si je mise directement pour valoriser mon brelan max, il est peu probable que je sois payé.

Mais si le flop est riche en tirages pour la suite et/ou la couleur, alors je vais miser pour valoriser au maximum mon brelan sur toutes les mains qui peuvent avoir touché un tirage.

Avoir AxKx au lieu d'AxAx dans cette situation, laisse deux As dans le paquet, donc davantage de possibilités pour l'adversaire d'en avoir un.

Les grosses cartes bloquent les grosses pocket paires

Supposons que je relance AxKx et un adversaire me 3-bet. Il est plus probable que je 4-bet all-in avec AxKx qu'avec QxQx. Avec As-Roi, je possède un As et un Roi qui sont des blockers pour les paires d'As et de Rois servis.

Il y a six façons possibles de recevoir une paire d'As préflop avec quatre As dans le paquet. En retirant un As du paquet (celui qui est dans nos mains), il n'y a plus que trois paires d'As servies possibles. Avec QxQx, je ne bloque aucune combinaison de paires d'As ou de Rois servies (12 possibilités au total). Avec AxKx en mains, il n'y a plus que six paires d'As et de Rois possibles.

Donc, quand j'ai AxKx, il est beaucoup plus improbable que mon adversaire me domine que quand j'ai QxQx. Pour cette raison, je préfère jouer AxKx de manière plus agressive dans ce spot.

Les doubles paires bloquent les brelans

Avec une double top paire sur le flop Kx10x5x sans tirage couleur, j'aurai tendance à jouer ma main de manière directe et agressive car je bloque plusieurs des mains que j'ai le plus à craindre : les brelans floppés. Sur les neuf combinaisons de mains ayant pu floppé un brelan, je bloque quatre de ces combinaisons.

Ici, je jouerai ma main de la même manière si j'avais le brelan max. Je peux envisager de slowplay sur un board sans tirage, parce que ma double top paire bloque aussi des combinaisons pour la top paire chez l'adversaire. Mais je miserais les boards avec des tirages pour valoriser.

Les paires servies bloquent les quintes

Si nous avons 10x10x sur un board du type 9x8x2x7x3x, je ne croirai pas l'adversaire s'il essaye de représenter la suite. Il lui faut impérativement un Dix et j'en ai déjà deux en mains. Aussi, 10x10x est une meilleure main pour prendre l'adversaire en bluff qu'une main comme Ax9x. Sur ce board, je payerais jusqu'au showdown contre un joueur qui polarise ses ranges.

Au contraire, si le board était 9x8xQx7xAx, je pourrais utiliser mes blockers pour bluffer moi-même. Les Dix n'ont pas beaucoup de chances de gagner au showdown, mais mes Dix bloquent des combinaisons pour les nuts [la meilleure main possible]. Je sais que Jx10x est improbable chez mon adversaire, j'ai donc plus de chance de réussir mon bluff.

Les grosses cartes bloquent les possibilités de tirages couleurs

Enfin, supposons avoir AX sur un board KJ2. Si un petit pique vient sur la turn et que mon adversaire mise pour représenter la couleur, je sais qu'il ne l'a probablement pas. J'ai l'A comme blocker. Cela élimine toutes les possibilités de couleur max (de A2 à AK). Avec en plus le K et le J sur le board, cela élimine encore des mains potentielles (KQ, QJ, J10, etc …). La plupart des joueurs vont éviter de jouer des cartes avec de gros écarts comme Q2 ou 104 dans la plupart des situations. Et s'ils jouent de petits connecteurs assortis comme 65, ils auront probablement tendance à ne pas les jouer trop agressivement.

Sur ce board, les seules combinaisons que je m'attends à voir jouer agressivement sont Q10, Q9, et 109. Cela ne représente qu'une petite partie des mains possibles au départ du coup. Ainsi, je sais qu'il est très compliqué pour l'adversaire de se retrouver avec un tirage couleur avec lequel il se sentira confiant.

A l'inverse, si une carte autre qu'un pique vient sur la turn et que l'adversaire mise la river, il est moins probable qu'il ait un tirage couleur raté. Aussi, chercher à surprendre l'adversaire en bluff est moins profitable, je lui donnerai davantage de crédit et opterai pour un fold.

Les joueurs de petites limites comme moi sont parfois étonnés de voir des joueurs professionnels comme Daniel Negreanu paraître capables de lire dans les pensées de leurs adversaires et deviner précisément leurs cartes. Utiliser les blockers, en conjonction de l'analyse des différentes actions à la table, est le moyen par lequel ces joueurs talentueux parviennent à mettre les pièces du puzzle ensemble et réduire l'éventail de mains quelques possibilités.

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